La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
jungle de l'Amérique centrale, pendant laquelle il avait également étudié un paysage aux jumelles à infrarouges. Il cherchait alors avec angoisse à repérer les troupes ennemies qui les poursuivaient et les avaient encerclés, lui et ses copains...
La patrouille de Jack Twist-vingt Rangers suren-traînés dirigés par le lieutenant Rafe Eikhorn, lui-
même secondé par Jack-avait franchi illégalement la frontière et parcouru vingt-cinq kilomètres en territoire ennemi sans se faire surprendre. Leur présence aurait constitué un acte de guerre; c'est pourquoi ils étaient camouflés et ne portaient ni insignes ni quoi que ce soit qui p˚t permettre de les identifier.
Leur objectif était un sale petit camp de ´ rééducation ª, cyniquement baptisé Ínstitut de la Fraternité ª, o˘ un millier d'Indiens Mosquitos avaient été
emprisonnés par l'Armée populaire. Deux semaines auparavant, de courageux prêtres catholiques avaient incité plusieurs autres centaines d'Indiens à s'enfuir dans la jungle et à quitter le pays avant d'être eux aussi emprisonnés. Les prêtres avaient fait savoir que les Indiens de l'institut seraient massacrés et leurs cadavres jetés à la fosse commune si personne ne les sauvait avant la fin du mois.
Les Mosquitos étaient un peuple fier, riche d'une culture qu'il refusait de sacrifier à la philosophie anti-ethnique et collectiviste des nouveaux dirigeants du pays. La fidélité traditionnelle des Indiens à leurs traditions ne pouvait qu'entraîner leur perte, le régime en place n'hésitant pas à faire appel aux unités d'extermination pour renforcer sa position.
Cela n'était malheureusement pas suffisant pour envoyer vingt Rangers camouflés à la rescousse des Mosquitos. Tous les régimes dictatoriaux de droite et de gauche massacrent régulièrement leurs opposants dans toutes les parties du monde et les Etats-Unis ne font rien pour empêcher ces meurtres légaux. Mais dans le cas présent, onze autres personnes se trouvaient mêlées aux Indiens de l'Institut et c'était pour les libérer que l'opération avait été déclenchée.
Ces onze individus étaient d'anciens révolutionnaires qui venaient de se battre contre le dictateur de droite aujourd'hui renversé, mais qui avaient refusé
de se taire quand leur révolution avait été trahie par des totalitaires de gauche. Sans aucun doute, ces onze hommes détenaient des informations de grande valeur. Leur libération était plus importante que la vie d'un millier d'Indiens-pour Washington, tout au moins.
La section de Jack arriva aux abords de l'institut de la Fraternité, à la lisière de la jungle. C'était un camp de concentration tout ce qu'il y a de plus classique, avec barbelés et miradors. Deux b‚timents se dressaient à l'extérieur du camp-une structure de béton de deux étages d'o˘ le gouvernement administrait le district et un baraquement en piteux état abritant une soixantaine de soldats.
Peu après minuit, la section de Rangers s'établit sur ses positions et lança une attaque à la roquette sur le baraquement et la structure en béton. Le pilonnage initial fut suivi de combats rapprochés. Une demi-heure après le dernier coup de feu, les Indiens et les autres prisonniers formèrent une colonne et se dirigèrent vers la frontière, à vingt-cinq kilomètres de là.
Deux Rangers avaient été tués, trois autres blessés.
En tant que commandant de la section, Rafe Eikhorn conduisit l'exode et assura la sécurité sur les flancs de la colonne- Jack resta derrière avec trois hommes pour veiller à ce que tous les prisonniers sortent en bon ordre. Il avait aussi pour mission de récupérer tout document ayant trait à la torture aux interrogatoires et à l'assassinat des Indiens des districts ruraux.
quand les quatre hommes quittèrent l'institut, ils se trouvaient à plus de trois kilomètres du dernier des Mosquitos.
Jack et ses compagnons ne traînèrent pas, mais ils ne firent jamais la jonction avec leur section. Ils se trouvaient encore à des kilomètres de la frontière du Honduras quand, à l'aube des hélicoptères de l'armée survolèrent les arbres et débarquèrent des soldats partout o˘ il y avait une clairière. Les Rangers de Rafe Eikhorn et les Indiens étaient sains et saufs, mais Jack et ses hommes furent faits prisonniers et transportés vers un camp semblable à l'Institut de la Fraternité.
Semblable mais pire, puisqu'il n'avait aucune existence officielle.
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