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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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reprenant la parole. Pierre m'avait parlé
d'un gars qui travaille avec lui et qui venait de signer un bail avec le
gouvernement pour louer un terrain dans le Nord. C'est juste des terres de la
Couronne que le ministère des Terres et Forêts a divisé en lots. Ça coûte
trente piastres par année pour en louer un.
     
    Tu t'engages à
mettre sur ton lot pour une valeur de cinq cents piastres la première année. La
deuxième année, tu dois avoir une construction d'au moins trois mille piastres
dessus. Au bout de deux ans, le gouvernement te vend le lot pour six cents
piastres, si tu le veux. À ça, on doit ajouter vingt piastres pour l'arpentage
et autant pour le notaire.
     
    C'est pas la fin
du monde, comme vous pouvez le voir.
     
    — Je me suis
informé, intervint Pierre. Il restait encore un paquet de beaux terrains au
bord du lac Blanc. J'en ai parlé avec Denise. On a pensé que ça ferait du bien
aux enfants de respirer un peu de bon air de temps en temps.
     
    59
    Ça fait qu'on a
décidé d'aller voir et d'en prendre un si on trouvait ce qu'on voulait. J'en ai
parlé à Gilles et il a voulu venir avec nous autres au cas où ça ferait son
affaire. Lui, il est chanceux. Avec ses deux mois de vacances, il a tout le
temps qu'il lui faut pour bâtir.
     
    — On est allés
hier, reprit Gilles, enthousiaste. C'est vrai qu'il reste encore pas mal de
neige, mais ce qu'on a vu était pas mal. On a décidé de prendre deux beaux
lots. On va aller régler ça demain.
     
    — C'est pas plus
difficile que ça? demanda Laurette, incrédule.
     
    — Oui, mais
attendez, madame Morin, lui dit son gendre. Il faut défricher d'abord. Et ça,
ce sera pas facile.
     
    Il y a aussi des
méchants quartiers de roc sur nos terrains.
     
    Il va falloir les
faire enlever. C'est sûr qu'il y a ben de l'ouvrage à faire avant de pouvoir
bâtir dessus quelque chose qui va avoir du bon sens.
     
    — Moi, ça
m'intéresserait peut-être une affaire comme ça, fit Richard en déposant ses
ustensiles.
     
    — Whow! Richard
Morin, s'interposa Jocelyne. Moi, la campagne, ça m'intéresse pas pantoute.
Aller me faire manger par les maringouins et les mouches noires à coeur de
jour... Non, merci. Pas pour moi! En plus, tu parles pour rien dire. Quand
est-ce que t'aurais le temps de défricher et de bâtir quelque chose là? T'as
juste tes dimanches libres et t'oublies qu'on a un autre projet...
     
    Sous le regard
curieux des membres de la famille, le jeune homme fit un signe de dénégation à
sa femme pour l'inciter à se taire.
     
    — Est-ce qu'on peut
savoir ce qui se prépare? lui demanda son père.
     
    — Il y a encore
rien de fait, p'pa, se contenta de dire Richard, évasif. Peut-être que dans une
semaine ou deux, je pourrai en dire plus.
     
    60
    Personne
n'insista. Carole se leva pour servir à chacun une portion de gâteau au
chocolat pendant que sa soeur Denise versait du thé dans les tasses.
     
    — Et vous,
beau-père, vous êtes pas tenté? demanda Pierre Crevier à Gérard, pour relancer
la conversation qui languissait.
     
    — Es-tu malade,
toi? s'interposa Laurette. Comment voudrais-tu qu'on aille aussi loin. On n'a
même pas de char. En plus, mon mari connaît rien à la construction.
     
    — Voyons, m'man,
dit Richard. P'pa est pas trop vieux pour apprendre à conduire.
     
    — Et pour la
construction, je suis pas ben meilleur que lui, reprit Gilles. Je compte sur
Pierre pour me dire comment faire.
     
    — En tout cas,
monsieur Morin, si jamais vous changez d'idée, il y a encore des lots pas mal
beaux si je me fie à ce qu'on a vu, Gilles et moi, hier.
     
    — Je pense pas
que ce soit pour moi, répondit Gérard avec un regret apparent.
     
    — Pour moi non
plus, dit Richard. On se contentera d'aller vous voir quand vous aurez bâti.
     
    Après le lavage
de la vaisselle, Gilles se retira dans sa chambre sous le prétexte de préparer
ses cours du lendemain et Carole l'imita en disant qu'elle allait endormir la
petite Sophie qui avait du mal à garder les yeux ouverts. Au même moment, la
musique indiquant le début de l'émission l’Heure du concert se fit entendre.
L'animateur, Henri Bergeron, apparut à l'écran pour annoncer de sa voix chaude
que Radio-
    Canada allait
présenter la Cinquième Symphonie de Beethoven interprétée par l'Orchestre
symphonique de Boston.
     
    — Bon. Alain,
éteins-moi cette télévision-là avant que leur musique plate nous endorme et va
demander à ton oncle

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