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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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marcha
jusqu'à la rue Logan. En approchant de l'appartement habité par les Cyr, elle
chercha des yeux l'Oldsmobile rouge d'André. Elle ne la vit pas.
     
    — Ça veut rien
dire, se dit-elle. Elle est peut-être encore une fois au garage.
     
    Tout de même un
peu inquiète, elle se décida à aller sonner à la porte du frère de son
amoureux. Lorraine Cyr vint lui ouvrir et parut un peu surprise de la découvrir
sur le pas de sa porte.
     
    — Bonsoir,
Lorraine. Je suis juste arrêtée une minute pour dire deux mots à André,
s'excusa-t-elle d'une voix mal assurée.
     
    171
    La grande femme
eut encore l'air plus étonnée en l'entendant.
     
    — Comment ça?
André t'a rien dit? lui demandât-
    elle.
     
    — Qu'est-ce qu'il
aurait dû me dire? — Entre. Reste pas dehors. Viens t'asseoir une minute.
     
    En proie à un
sombre pressentiment, Carole monta l'escalier et entra dans l'appartement bien
tenu des Cyr.
     
    Elle suivit son
hôtesse dans le salon.
     
    — Ça tombe ben.
Je suis toute seule à soir, l'informa la belle-soeur de son amoureux. Ronald
est parti aider un de ses chums. Assis-toi.
     
    — Qu'est-ce
qu'André aurait dû me dire? demanda Carole d'une voix blanche en prenant place
sur le divan.
     
    — Il t'a pas dit
qu'il s'était trouvé de l'ouvrage à Québec? En entendant ces mots, le coeur de
Carole eut un raté et elle se sentit pâlir.
     
    — J'aurais dû
m'en douter! s'exclama Lorraine dont les traits taillés à coups de serpe
s'étaient durcis. Le maudit menteur! Avant de partir avec ses cliques et ses
claques, il nous a dit qu'il t'en avait parlé et que tu l'avais encouragé à y
aller.
     
    — Je l'ai vu
vendredi soir et il m'a jamais dit ça, avoua Carole, la voix à peine audible.
Tout ce qu'il m'a dit, c'est qu'il allait vous conduire, toi et Ronald, chez de
la parenté, à Contrecoeur.
     
    — C'était pas
vrai pantoute. Il est parti samedi matin en nous promettant de nous payer sa
pension en retard de deux mois avec sa première paye. Je le connais, le beau-
    frère! Les poules
vont avoir des dents quand on va revoir la couleur de cet argent-là. J'espère
que tu lui en as pas prêté, au moins.
     
    172
    — Ben non, mentit
Carole.
     
    — Pour moi, ma
fille, c'est pas demain la veille que tu vas lui revoir la face dans le coin.
Il doit de l'argent à tout le monde, même à nous autres.
     
    Carole se mit à
pleurer doucement, ce qui eut l'air d'émouvoir Lorraine Cyr.
     
    — Braille pas
pour cet énergumène-là, lui conseillât-
    elle. Je me suis
toujours demandé ce que tu pouvais ben lui trouver. Il est venu au monde avec
un poil dans la main.
     
    Plus puant que
lui, ça existe pas. C'est un menteur et un hypocrite et t'aurais jamais été
capable de le changer. Il a beau être mon beau-frère, je peux pas le sentir.
     
    — Oublie-le.
C'est ce que t'as de mieux à faire. Trouve-
    toi un gars
fiable.
     
    — Est-ce que tu
sais où il reste à Québec? Est-ce qu'il t'a laissé un numéro de téléphone?
finit par lui demander Carole.
     
    — Même pas. Il
paraît qu'il a trouvé un chum qui va lui louer une chambre. Il est supposé nous
appeler pour nous donner son adresse et son numéro de téléphone. Mais j'aime
autant te dire que je serais ben surprise qu'il le fasse.
     
    Il prendra pas la
chance qu'on le relance pour nous faire rembourser. Tant mieux pour lui s'il a
trouvé une autre poire pour le faire vivre. Que le diable l'emporte!
     
    — Bon. Ben, je
pense que je vais m'en retourner, dit Carole en se levant.
     
    Lorraine Cyr
l'imita et la raccompagna jusqu'à la porte.
     
    — Tu m'as pas dit
ce que tu voulais lui dire, fit-elle remarquer à sa visiteuse. S'il appelle,
veux-tu que je lui fasse le message? — Non, merci, Lorraine. T'es ben fine,
mais ça peut attendre.
     
    J73
    La jeune fille
salua la belle-soeur d'André Cyr et quitta l'appartement. En posant le pied sur
le trottoir, elle se sentit tout étourdie. Elle se mit à marcher en direction
de la rue Fullum comme une automate, incapable de penser clairement à ce
qu'elle venait d'apprendre. Le père de l'enfant qu'elle portait avait disparu
sans laisser d'adresse.
     
    Tous les beaux
scénarios échafaudés depuis vingt-quatre heures venaient de s'écrouler
lamentablement. Elle se retrouvait seule pour faire face à une réalité d'autant
plus angoissante qu'elle ne savait pas vers qui se tourner.
     
    Le soleil
commençait à se coucher quand elle se retrouva dans la petite rue

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