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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Gérard.
     
    Quelques minutes
plus tard, Jean-Louis vint demander à son père s'il lui prêtait sa voiture pour
la soirée. Ce dernier accepta en manifestant tout de même une certaine
réticence.
     
    — Inquiétez-vous
pas, p'pa, voulut le rassurer son fils.
     
    Je vais aller le
remplir de gas en revenant.
     
    — C'est pas ça,
mais le char est frais lavé, lui expliqua-
    t-il.
     
    — Je vais vous le
laver demain soir en revenant de la banque.
     
    Gérard lui tendit
les clés et alla se planter devant la fenêtre de sa chambre à coucher pour voir
de quelle manière son fils démarrait sa Chevrolet, même s'il savait qu'il
conduisait avec une prudence extrême et beaucoup mieux que lui.
     
    — Avoir su qu'il
s'en servirait presque aussi souvent que moi, je lui en aurais fait payer la
moitié, dit-il en revenant dans la cuisine où sa femme avait commencé à
fabriquer sa provision hebdomadaire de cigarettes.
     
    Ce soir-là,
Carole attendit inutilement l'appel téléphonique d'André. La soirée passa sans
que le téléphone sonne une seule fois. Elle tenta bien de le joindre à deux ou
trois reprises, mais personne ne répondait chez Ronald Cyr. La jeune fille se
mit au lit un peu après dix heures, malheureuse et le coeur lourd
d'appréhension.
     
    Les deux journées
suivantes passèrent avec une lenteur exaspérante. Carole ne parvint à cacher
ses nausées à sa mère qu'en se levant une heure plus tôt que d'habitude, ce qui
lui permettait de lui faire croire qu'elle avait déjà déjeuné au moment où
Laurette faisait son apparition dans la cuisine.
     
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    — Veux-tu ben me
dire pourquoi tu te lèves aussi de bonne heure? finit par lui demander sa mère,
intriguée.
     
    — Parce que je
m'endors plus, mentit la jeune fille. Le soir, je suis rendue que je m'endors
en me couchant, même s'il est pas encore dix heures.
     
    — Bonyeu! Quand
tu vas avoir mon âge, tu vas ben te coucher avant l'heure du souper, lui fit
remarquer sa mère.
    Ce que Carole ne
disait pas, c'est que depuis sa visite chez le médecin, elle occupait tous ses
moments libres à prier pour que son test de grossesse soit négatif. Même si
elle n'avait promis une neuvaine à la Vierge que dans ce cas, elle avait pris
de l'avance pour montrer sa bonne volonté à tenir parole.
     
    Le mardi
après-midi arriva enfin. Elle téléphona à sa mère de son bureau pour l'informer
qu'elle ne rentrerait que vers neuf heures parce que son patron lui avait
demandé de faire des heures supplémentaires. Un autre mensonge.
     
    A cinq heures,
fébrile, elle quitta son travail et marcha jusqu'à la rue Saint-Denis dans
l'intention de monter dans l'autobus qui allait la déposer devant le bureau du
docteur Leduc. À aucun moment, elle ne songea à aller souper, même si elle
n'avait rien mangé de la journée. Elle était trop torturée par la peur pour
être en mesure d'avaler quoi que ce soit.
     
    Elle arriva sur
le boulevard Saint-Joseph avec plus d'une heure d'avance. Elle décida alors de
marcher à l'extérieur durant au moins une demi-heure avant d'entrer s'asseoir
dans la salle d'attente du médecin. Cependant, moins d'une dizaine de minutes
plus tard, fatiguée, elle se résigna à entrer. Elle se sentait trop faible pour
continuer plus longtemps à marcher.
     
    Après s'être
présentée à la réceptionniste, elle prit place sur une chaise dans la salle
d'attente déserte et s'empara d'une revue dont elle feuilleta nerveusement les
pages,
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    incapable de se
concentrer suffisamment pour lire. Elle poursuivait en silence la récitation de
ses Ave avec l'espoir que la Vierge allait avoir pitié d'elle. Il lui semblait
que les aiguilles de l'horloge murale étaient immobiles tant elles avançaient
lentement. En quelques minutes, quatre patients firent leur entrée dans la
pièce après s'être arrêtés à tour de rôle au bureau de la réceptionniste pour
signaler leur arrivée.
     
    — Mademoiselle
Morin, vous pouvez entrer, dit soudain cette dernière en lui indiquant la porte
du bureau du praticien.
     
    Les jambes un peu
tremblantes, Carole se leva et se dirigea vers la porte indiquée. Elle l'ouvrit
pour découvrir Edmond Leduc, assis derrière son bureau et penché sur un
dossier.
     
    — Assoyez-vous,
mademoiselle, lui dit-il en relevant ses lunettes sur son front.
     
    Carole prit place
devant lui, le souffle court, cherchant à déchiffrer le résultat de son test
sur le visage de l'homme assis devant elle.

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