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La Gloire Et Les Périls

La Gloire Et Les Périls

Titel: La Gloire Et Les Périls Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Majesté vous en a touché un mot. Une dangereuse
querelle s’est élevée entre le duc d’Angoulême d’une part, et d’autre part
Schomberg et Bassompierre. En voici la raison. Le duc exige la prééminence sur
eux, primo parce qu’il fut le premier à commander céans, étant nommé
lieutenant-général de l’armée de La Rochelle, secundo parce qu’il porte
les armes depuis quarante ans, tertio parce qu’il est prince du sang et
le dernier Valois vivant. Comte, que pensez-vous de ces arguments ?
    — Qu’ils ne furent valables que jusqu’à l’advenue du
roi. Que veut le roi, la loi le veut.
    — Bien dit, Comte ! dit Richelieu. Toutefois,
Schomberg et Bassompierre renâclent et le roi ne veut pas trancher. Ce serait,
en effet, s’aliéner l’un ou l’autre des trois protagonistes. Or, il veut les
garder tous les trois. Il désire donc un accommodement et il a pensé à vous
pour le moyenner.
    — Monseigneur, dis-je aussitôt, je le ferai puisque le
roi l’ordonne, mais ce ne sera point tâche aisée. Et d’autant que, sur les
trois illustres personnages dont vous avez parlé, deux ont dépassé la
cinquantaine et le troisième va l’atteindre. Que suis-je à leurs yeux sinon un
béjaune sans expérience et qui ne sait pas la guerre !
    — Vous n’êtes pas sans la connaître, Comte, ayant été
au feu à Sablanceaux et dans la citadelle de Saint-Martin. En outre, vous-même
et votre père ne faillez pas avoir des liens avec les personnages que j’ai
dits. Le marquis de Siorac a fort bien connu et conseillé le duc d’Angoulême
alors qu’il n’était encore que le Grand Prieur. Schomberg, de son côté, vous
sait le plus grand gré de l’avoir aidé à se relever de sa disgrâce. Et quant à
Bassompierre, ami de longue date de Monsieur votre père, il est fort proche de
vous, ayant épousé en secret votre demi-sœur, la princesse de Conti.
    — Hélas ! Monseigneur, ce rapprochement-là n’a
fait que nous éloigner.
    — Toutefois, c’est Bassompierre qui, à ma connaissance,
vous a averti de l’embûche où vous alliez tomber à Fleury en Bière.
    C’était vrai et d’où le cardinal le tenait, Dieu seul aurait
pu le dire, car je n’en avais touché mot qu’à mon père et à lui seul.
    — Mais, dis-je, Bassompierre eut l’air bien penaud de
me sauver la vie. On eût dit qu’il regrettait d’avoir à trahir son camp.
    — Il est donc à penser, dit Richelieu, que demeure en
lui, malgré son épouse, un reste d’amitié pour vous.
    — Je l’espère.
    — Je l’espère aussi ! dit Richelieu en se levant,
et je souhaite de tout cœur que vous succédiez en cette mission. Elle est de
grande conséquence, car si cette zizanie s’aggrave entre les chefs de notre
armée, nous ne pourrons jamais venir à bout de La Rochelle.
     
    *
    * *
     
    De toutes les missions que j’avais reçues jusque-là, y
compris mon truchement entre Toiras et Buckingham, celle-ci était sans aucun
doute la plus délicate. Car, dans l’île de Ré, il ne s’était agi que d’empêcher
Toiras d’en dire trop, et d’endormir Buckingham dans l’illusion d’une guerre en
dentelles. L’affaire, meshui, étant donné le rang, la hauteur et les ambitions
des trois protagonistes, me parut à première vue tant escalabreuse que je
doutais fort de mener mon entreprise à bien.
    Cependant, ce ne fut que l’humeur d’un moment, et comme je
m’en remettais, qui me vint visiter, ayant fait tout le longuissime voyage de
Paris à La Rochelle malgré son âge ? Mon père, le marquis de Siorac, et
son immutable ami, le chevalier de La Surie. Ne sachant où je gîtais, La Surie,
toujours bien avisé, chercha et trouva le gîte du nonce et là, comme il s’y
attendait, il encontra Fogacer qui, comme le cardinal, mais à une moindre
échelle, savait toujours tout sur tous, et le conduisit tout droit au château
de Brézolles, où je ne lui avais pourtant jamais dit que je demeurais. Du
diantre si je sais pourquoi ces soutanes sont toujours si bien
renseignées ! À moins que nous devions y voir un mystérieux effet de la
grâce divine…
    Quant à Madame de Brézolles, dès qu’elle eut vu mon père,
elle fut dans le ravissement de sa grande allure, de ses cheveux de neige, de
ses manières courtoises, de sa juvénile vivacité d’esprit et de langage, et
aussi de l’admiration qu’il ne laissa pas de lui témoigner, dès qu’il eut jeté
l’œil sur elle.
    Elle l’invita incontinent à

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