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La grande déesse

La grande déesse

Titel: La grande déesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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avec des Slaves musulmans fortement implantés là depuis la domination ottomane. Là, pas de sanctuaire préchrétien, ni de statue miraculeusement découverte, mais une « apparition » qui, pour ne pas avoir été reconnue officiellement par l’Église romaine, n’en pose pas moins certaines questions difficiles à résoudre, et cela d’autant plus que l’apparition de la Vierge Marie est en quelque sorte permanente, à des moments bien précis. C’est en 1981 que tout a commencé : des enfants ont aperçu sur la montagne une forme féminine en qui ils ont reconnu la Vierge et qui leur a délivré des messages. La teneur de ces messages, comme toujours dans ces cas-là, est très prosaïque. Cependant, le phénomène, répercuté sur le plan médiatique – et financier ! –, reste inexpliqué et peut prêter à de multiples interprétations, toutes aussi insatisfaisantes pour la raison, mais toutes aussi respectables les unes que les autres. Peut-être faut-il comprendre ces « apparitions » de Medjugorje comme un cri désespéré de la Mère de tous les peuples en faveur de la paix universelle. C’est, à l’heure actuelle, la seule réflexion qu’on puisse faire à ce sujet.
    De l’autre côté de l’Adriatique, l’Italie est évidemment le point de concentration le plus dense de tous les cultes de l’Antiquité, et par conséquent, puisque la société romaine a été l’une des plus tolérantes qui fût sur le plan religieux, une riche mosaïque des dévotions à la Déesse des Commencements. De plus, le sud de la péninsule et la Sicile portent la marque d’une très forte hellénisation, puisqu’ils constituaient ce qu’on a coutume d’appeler la grande Grèce. On ne sera donc pas étonné d’y découvrir les divinités féminines méditerranéennes sous leur aspect grec. Ainsi en est-il à Agrigente, primitivement Akragas, en Sicile, où se dressent encore les ruines de trois sanctuaires dédiés à Déméter, ce qui peut paraître assez surprenant mais qui s’explique par la fécondité d’un sol volcanique constamment agité par les douleurs de l’enfantement d’une antique déesse Terre. La Sicile est couverte de sanctuaires féminins  : à Gela, ce sont les temples de Déméter, encore elle, et d’Athéna, sous son aspect de sagesse divine ; toujours en Sicile, à Sélinonte, c’est le sanctuaire de Déméter malaphoros , « porteuse de fruit », expression qui peut être comprise non seulement comme expliquant le caractère fécond de la déesse, mais également comme une allusion à l’aventure de sa fille Korè mangeant la grenade des Enfers, épisode symbolique qui a pour équivalent celui de la Genèse concernant la pomme de l’arbre de la Connaissance. Mais le danger rôde, et dans ce même temple de Déméter se trouve une figuration d’Hécate, la reine de la nuit, maîtresse des cauchemars et des sortilèges. Quant à Syracuse, elle présente une curieuse superposition : la cathédrale catholique actuelle est bâtie sur les fondations d’un ancien temple dédié à Athéna. Ici encore, tout commentaire est inutile.
    Cette grande Grèce italienne remonte vers le nord, et l’on sait d’ailleurs que les Grecs se sont d’abord installés dans le centre de la péninsule avant de redescendre vers le sud et de marquer de façon indélébile le paysage des Pouilles et de la Sicile. Le voisinage de Naples est à la fois grec et latin, et en fait beaucoup plus grec que romain. Le site de Baïa est particulièrement riche, puisqu’on y découvre les vestiges d’un temple de Diane (celle-ci étant très proche de l’Artémis d’Éphèse), une grotte de la Sibylle, cette divine prophétesse-prêtresse qui peut introduire les humains dans l’autre monde et qui révèle ainsi son rôle régénérateur, et un enclos consacré à Hécate, la pâle déesse des triforia , là où il est possible de conclure un pacte avec les puissances infernales. Mais il ne faudrait pas non plus oublier, à Paestum, les temples d’Athéna et d’Héra, deux aspects complémentaires de cette déesse initiatrice qui règne dans une demi-obscurité près des flancs du Vésuve, d’où surgit le feu de la terre, à la fois destructeur et fécondant. Quant à Pompéi, ville engloutie sous la cendre du Vésuve, elle avait comme centres religieux le temple d’une Isis maternelle et dévouée ainsi qu’un temple dédié à une Vénus quelque peu dévergondée dont le sanctuaire était

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