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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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 siècle
avant Jésus-Christ [29] indiquait à ce propos quelques recettes dont les chimistes apprécient aujourd’hui
encore la qualité. En respectant à la lettre ces directives, ces derniers sont
parvenus à isoler une toxine fort nocive connue sous le nom d’abrine. De même,
un texte daté de la dynastie chinoise des Sung décrivait des projectiles
dégageant des fumées toxiques. Les Chinois perfectionnèrent la méthode en
réalisant des bombes particulièrement efficaces qui provoquaient une forte
irritation des bronches.
    Dès l’Antiquité, des procédés pouvant s’apparenter à des
armes chimiques furent également employés lors des conflits armés. Au cours de
la guerre de la ligue Amphictyonique contre la cité de Crissa près de Delphes,
Pausanias relate, au VII e  siècle avant Jésus-Christ, l’empoisonnement
des eaux du Pleistos avec des racines d’ellébore. Ses effets purgatifs
obligèrent les défenseurs à abandonner leurs postes, ce qui permit la prise de
la ville [30] .
Thucydide décrit la façon dont, au cours de la guerre du Péloponnèse, les
guerriers de Sparte tentèrent en 429 avant Jésus-Christ de soumettre
Platée, une cité de Béotie où s’étaient retranchés les Perses, au moyen de
fumées sulfureuses. Un orage soudain ruina cette tentative qui fut néanmoins
renouvelée avec succès cinq années plus tard lors du siège de Delium (423-424) [31] .
De même, Polybe [32] rapporte le siège d’Ambracie en 187, une petite colonie de Corinthe établie en
Épire, par le général romain Marcus Flavius. Les derniers défenseurs de la
place, acculés dans un passage souterrain, furent soumis à l’aide de fumées
toxiques.
    Les traités militaires grecs et romains fourmillent de
récits relatant les effets de fumées irritantes ou toxiques lors de conflits
armés [33] .
Plutarque [34] affirme dans une de ses biographies que, au cours d’une bataille livrée aux
Espagnols, le général romain Quintus Sertorius provoqua, en faisant galoper des
chevaux sur une traînée de cendres spécialement préparée à cet effet, un nuage
artificiel de poussière qui fit tousser et suffoquer l’ennemi et paralysa ainsi
sa résistance. Force est cependant de constater que l’usage de substances
nocives, et particulièrement de poisons, lors de conflits armés était
unanimement condamné par les juristes grecs et romains, qui jugeaient cette
pratique contraire au ius gentium [35] .
Cicéron rapporte ainsi la réaction du consul Gaius Luscinnus Fabricius et du
Sénat lorsqu’un déserteur leur proposa d’empoisonner son ancien maître, ennemi
juré de Rome, Pyrrhus : « Le Sénat et le consul (…) le livrèrent à
Pyrrhus. Ainsi même pour un ennemi puissant et qui entreprenait la guerre de sa
propre initiative, ils n’approuvèrent pas un meurtre criminel. » [36] Cette prohibition peut paraître absurde, mais se révèle d’autant plus significative
à l’aune de la violence et de la cruauté dont faisaient souvent preuve les
belligérants au cours des nombreux faits d’armes qui émaillèrent l’Histoire
antique.
    Le Moyen Âge vit également fleurir un certain nombre de
tentatives similaires. L’historien écossais du XVII e Buchanan
attribue ainsi l’échec d’une tentative danoise d’invasion de l’Écosse au XI e  siècle
à l’emploi de gaz hypnotiques par les défenseurs [37] . En 1275, Hassan
Abramah, écrivain militaire arabe, préconise l’emploi de vapeurs toxiques, obtenues
par la combustion d’une pâte arsenicale. De nombreux traités militaires du
Moyen Âge et de la Renaissance évoquaient l’utilisation de l’arme chimique. Le
recours à des fumées toxiques lors des sièges de places fortes est détaillé par
Léonard de Vinci [38] au XV e  siècle, ainsi que par l’artilleur polonais Siemienowitz [39] au XVII e . Ces nuées étaient produites par d’immenses brasiers érigés
et allumés devant les fortifications ou par les projectiles de l’artillerie.
Siemienowitz remarque même dans son ouvrage, près de trois siècles avant les
chimistes de la Grande Guerre, que « les fumées toxiques ne produisent pas
l’effet attendu lorsque le nuage de gaz est dissipé par le vent, et que le
brouillard et la pluie favorisent » [40] les hostilités
chimiques. Si les gaz employés dans l’Antiquité et au Moyen Âge sont surtout
des fumées de soufre et de poix, le XVI e  siècle voit l’apparition
des vapeurs d’arsenic. En 1575, le

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