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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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munitions chimiques.
    D’une manière générale, et particulièrement dans le domaine
de l’artillerie chimique, la période qui s’étendit de la fin de l’année 1915 au
printemps 1918 fut marquée par une nette domination allemande. Cette
position était confortée non seulement par la richesse de la « palette »
chimique offerte aux artilleurs allemands mais également par la subtilité et la
pertinence des tactiques élaborées par Bruchmüller et ses compagnons d’armes.
Les derniers mois du conflit virent les Alliés combler une partie de leur
retard.
L’arme chimique et la mobilité retrouvée
    Lors des dix derniers mois du conflit, les capacités de
production chimique allemandes atteignirent un niveau qui permit de satisfaire
largement les besoins des forces armées. En France, sauf pour le gaz moutarde,
cela fut également le cas. La Grande-Bretagne, quant à elle, fut confrontée à
des problèmes de pénurie jusqu’aux dernières semaines de la guerre [633] .
Cependant, la situation chimique alliée connut une améhoration certaine. Dans
ces conditions, l’utilisation de l’arme chimique devint véritablement
systématique. Néanmoins, d’un point de vue tactique, l’arme chimique ne fut pas
plus décisive entre mars et novembre 1918 qu’elle ne l’avait été depuis
avril 1915. Elle permit certes un certain nombre de succès locaux (mont
Kemmel, Chemin des Dames, Armentières) mais pas de véritable révolution
tactique.
    Le passage d’une guerre chimique statique à une guerre
chimique mobile fut bien évidemment le fait des offensives allemandes du printemps 1918.
L’illustration de cette conversion fut l’abandon presque total des émissions de
gaz à partir de cylindres pressurisés. De fait, la préparation de telles
opérations sur un front mouvant devenait virtuellement impossible. Cela se
révélait difficile en raison du temps nécessaire à la préparation logistique de
telles attaques. Les Britanniques, qui préparaient un lâcher à l’ampleur
inégalée, durent abandonner leur ambitieux projet [634] . Quant aux
Allemands, ils renoncèrent définitivement à cette technique et, au cours de l’année
1918, aucun lâcher allemand ne fut réalisé.
    Les nouvelles conditions de la guerre étaient particulièrement
favorables à la guerre chimique. Les possibilités offertes par l’arme chimique,
déjà entrevues au cours de la guerre de tranchées (contre-batteries,
interdiction de points stratégiques par contamination chimique, attrition)
permirent à la guerre chimique d’entrer dans une nouvelle ère. De manière plus
éclatante encore, l’artillerie devint tout naturellement, dans ces conditions
nouvelles, le vecteur le plus approprié pour mener la guerre chimique. On
assista ainsi à un raffinement croissant des doctrines d’emploi des munitions
chimiques. Au cours des douze jours qui précédèrent l’offensive allemande de la
Somme (Michael) en mars 1918, près d’un demi-million de projectiles
chimiques furent tirés par les batteries allemandes ; 2 millions
furent utilisés lors de la bataille elle-même [635] . De savantes
combinaisons d’obus de types différents furent employées, et pour la première
fois des attaques intégrées atteignirent les objectifs fixés : enfoncer
significativement le front ennemi. Les positions ennemies étaient ainsi
bombardées pendant de longues heures de manière à neutraliser les premières
lignes mais aussi les dispositifs défensifs de deuxième et troisième lignes.
Plus subtilement encore, les flancs des secteurs attaqués subirent des
bombardements massifs et prolongés à l’ypérite pour provoquer de lourdes pertes
de manière à éviter que ces troupes ne viennent renforcer les zones bousculées
par la poussée allemande et empêcher qu’elles ne constituent la base de
lancement d’une contre-attaque [636] . De même, des positions
qui étaient susceptibles de devenir des points d’appui défensifs lors de la
retraite des Alliés subirent le même traitement. Cette tactique permit aux
forces allemandes de faire reculer les forces britanniques de plus de 70 km
sur un front de 100 km entre Arras et Noyon. Cette bataille est
considérée, à juste titre, comme l’exemple le plus subtil et le plus abouti de
l’utilisation de l’arme chimique en situation offensive.
    Au mois de septembre 1917, Georg Bruchmüller avait
expérimenté près de Jakobstadt en Pologne une technique baptisée Feuerwalze

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