La grande guerre chimique : 1914-1918
sein du
ministère de la Guerre qui serait chargée de la guerre chimique. Dans un
premier temps, le 22 juillet 1915, la DMCG passa sous l’autorité du
sous-secrétariat d’État à l’Artillerie conformément aux vœux de son
responsable, M. Albert Thomas. Le 20 juillet, sur proposition du GQG,
le colonel Ozil fut nommé à la tête de cette direction. Le 18 août,
la DMCG acquit le rang de Direction générale. Sa structure interne, qui restera
inchangée jusqu’à la fin du conflit, reprenait largement celle des organismes
créés au cours du mois de juin [291] : un département
chargé des recherches et du développement, un deuxième des aspects industriels,
un dernier des questions logistiques (Établissement central de la DMCG dirigé
par M. Papon). Le premier département (Inspection des études et
expériences chimiques ou IEEC) fut confié au colonel Perret, assisté pour
les aspects scientifiques par M. Charles Moureu (pour les aspects
offensifs) et d’un médecin, le P r Charles Achard (pour les
aspects défensifs). Le département industriel (Section technique et
industrielle de la DMCG), chargé « d’étudier les conditions d’extension et
de création des industries nécessaires » [292] , fut confié à M. Cuvelette.
Les travaux du Service du matériel chimique de guerre furent
quelque peu entravés, dans les premières semaines de son existence, par des
problèmes d’organigrammes et de confusion dans les attributions liés à la
jeunesse de ce service. De fait, certains départements relevaient d’une
autorité civile alors que d’autres dépendaient d’une autorité militaire. La
structure du service fut donc réaménagée à la mi-août 1915. La principale
vertu des organismes français de guerre chimique résidait dans leur
intégration. Chaque département entretenait des liens étroits avec ses
homologues. La concentration géographique des services à Paris facilitait ces
relations. En décembre 1916, lorsque le ministère de l’Armement fut créé,
la situation et l’organisation de la DMCG ne subirent aucune modification
notable. On notera que la création de la DMCG n’affecta pas l’existence et le
fonctionnement des trois commissions créées en juin bien que leurs structures
internes furent modifiées en août 1915 [293] .
Il faut remarquer que des chimistes italiens collaborèrent
étroitement avec les scientifiques français. Des chimistes transalpins de
renommée mondiale, tels que les P rs Paterno ou Villavecchia,
établirent des relations constantes avec les équipes alliées [294] .
Les autorités italiennes furent contraintes, tout au long du conflit, de mener
une guerre chimique largement freinée par la faiblesse de l’industrie chimique
italienne. Malgré le travail remarquable des nombreux scientifiques italiens,
dont bénéficièrent d’ailleurs les Alliés, le colonel Penna, qui dirigeait
les services chimiques de l’armée italienne, dut se résoudre à mener une guerre
chimique au rabais. Les forces italiennes subirent cruellement les attaques
chimiques austro-allemandes (surtout au cours de l’année 1917) mais ne furent
capables de développer des offensives chimiques de grande envergure qu’en de
très rares occasions. Il en fut de même en Russie où, à partir d’avril 1916,
Vladimir Ipatieff, un éminent chimiste, fut nommé à la tête des services
chimiques de l’armée. Ces services présentaient la particularité de dépendre de
l’artillerie. Il est aujourd’hui très difficile d’évaluer la qualité du travail
mené par M. Ipatieff [295] tant l’ampleur du programme chimique russe demeura réduite. Seule l’introduction
de la chloropicrine par les chimistes russes constitua un fait marquant.
L’une des premières orientations des recherches françaises
concernait la possibilité de bombardements chimiques aériens. Le 10 juin,
le GQG suggéra au ministère de la Guerre que « l’aviation pourrait être
utilisée pour le lancement de projectiles remplis de gaz asphyxiants (en
particulier au moment d’une attaque contre des batteries installées dans des
régions boisées) » [296] . De plus, « l’aviation
pourrait employer des projectiles à parois minces contenant une forte
proportion de gaz liquéfiés » [297] . La direction
des études préliminaires fut confiée au général Curmer, qui parvint
rapidement à la conclusion que l’avion, en raison de la faible quantité de
munitions qu’il
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