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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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l’ensemble de la presse.
Dénonçant tout d’abord « les procédés abominables employés par les troupes
allemandes (…) en violation de tous les engagements pris solennellement par le
gouvernement impérial allemand (…) », la déclaration se terminait en
affirmant que « aucun gouvernement ne saurait, sans compromettre la
sécurité de ses troupes, rester sans défense contre de semblables raffinements
de barbarie. En conséquence, le gouvernement de la République entend, en s’inspirant
uniquement de ses besoins militaires, recourir à tous les moyens qui lui
paraîtront propres à mettre les soldats et les autorités militaires allemandes
hors d’état de commettre leurs méfaits et leurs meurtres » [282] .
    Le 26 avril, une note émanant du GQG fut transmise aux
armées. Elle reprenait des renseignements obtenus lors de l’interrogatoire d’un
fantassin allemand capturé le 24 avril près de Bixschoote [283] .
Ce texte succinct décrivait les mesures prioritaires à adopter pour prévenir
les attaques par les gaz (surveiller la direction du vent et interroger les
prisonniers capturés) et tentait de rassurer la troupe en soulignant que « l’application
sur les narines d’un mouchoir imbibé d’hyposulfite de soude ou simplement
mouillé d’eau était de nature à préserver, dans une large mesure, contre la
nocivité de ces gaz » [284] .
    Rapidement, les autorités militaires mirent sur pied des
structures chargées d’étudier les modalités d’une riposte chimique française [285] .
Dès le 28 avril 1915, une commission composée à la fois de militaires
et de scientifiques fut instituée sous la direction du général Curmer [286] puis, à partir de juin, de M. Weiss, directeur des mines au ministère des
Travaux publics. Peu après, trois organismes distincts virent le jour :
une commission dirigée par M. Kling, dont le rôle était l’identification
des agents chimiques employés par l’ennemi ; une deuxième (Commission des
Études chimiques de guerre) présidée par M. Weiss, dont les travaux
étaient tournés vers l’utilisation offensive des gaz [287]  ; et enfin,
une dernière commission, de production et d’exécution, rattachée au Génie.
    Le 30 avril à Satory eut lieu, en présence des généraux
Curmer et Dumezil, le premier essai de bombes chargées en Fumigérite (nom de code pour le chlorure de titane, un fumigène peu toxique). Ces
expériences furent renouvelées le 2 mai et jugées satisfaisantes [288] .
Le 4 mai se déroula le premier essai de nappe gazeuse au chlore. Les
résultats furent jugés médiocres. Le chlore liquide faisant défaut pour la
production de vague de grande envergure, on envisageait également d’avoir
recours à d’autres substances. Les P rs  Victor et Urbain
expérimentèrent alors une nuée formée par la réaction dans des auges de l’acide
sulfurique sur un mélange de chlorosulfure de carbone et d’eau. Ce procédé,
seul immédiatement applicable en raison de la facilité relative de se procurer
les substances nécessaires, fut dans un premier temps considéré comme
acceptable, malgré l’énorme travail d’aménagement des tranchées et l’importance
du poids à transporter. Quelques jours plus tard, revenus de leur enthousiasme
initial, les scientifiques réalisèrent les difficultés pratiques insurmontables
et décidèrent l’abandon du projet. On continua donc les expériences avec du
chlore.
    Le 2 juin 1915, M. Weiss, en sa qualité de
président de la Commission des études chimiques de guerre, proposa un projet d’organisation
des services chimiques [289] . Il suggérait la
création au sein du ministère de la Guerre d’une nouvelle Direction générale
qui dépendrait directement du ministre. Cette proposition allait à l’encontre
des intentions de M. Albert Thomas, un des quatre sous-secrétaires du
ministère de la Guerre, responsable de l’artillerie et des munitions, qui
entendait bien étendre ses attributions aux aspects chimiques de la guerre.
Sans lui conférer le rang de Direction générale, le ministère de la Guerre
décida donc le 18 juin 1915 la création d’une Direction du matériel
chimique de guerre (DMCG) [290] , sous la férule
de M. Weiss. Les compétences de cette direction étaient limitées à la
recherche et au développement.
    Au mois de juillet, un groupe de députés appela à la
création d’une Direction générale supplémentaire (la treizième) au

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