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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Certains le font même rôtir comme un morceau de viande.
    —  C’est dégoûtant   ! s’écria-t-elle avec des accents de petite fille indignée qui la rendaient encore plus charmante aux yeux de La Pierre de Lune.
    —  Quand j’étais plus jeune, j’allais épier les clients des fumeries   !
    Surprise, Laura marqua un léger temps d’arrêt et lui demanda, inquiète :
    —  Tu en as déjà fumé   ?
    —  Jamais   ! Plutôt mourir   ! Cet opium, je le hais de toute mon énergie   ! Mon pauvre petit père en est mort   ! souffla La Pierre de Lune à sa nouvelle amie.
    Accablé, il serrait de toutes ses forces un étui de bambou qu’il venait de sortir de sa poche.
    —  Je suis désolée de t’avoir mis sur ce sujet. Si j’avais su… murmura Laura, désolée.
    Sans trop s’étendre sur les détails, de peur d’inquiéter sa nouvelle amie, La Pierre de Lune raconta à la jeune Anglaise, tout en se gardant bien d’évoquer le terrible supplice que Bouquet de Poils Céleste avait enduré, comment il avait dû s’enfuir de sa maison parce que la police y était venu le cueillir.
    —  Pourquoi n’es-tu pas revenu chez toi, La Pierre de Lune, après cette descente de police   ?
    —  Je ne m’y sens pas bien. Et puis, j’ai peur que ma maison soit surveillée…
    Elle s’appuya à la chaise et lui demanda, légèrement angoissée :
    —  Mais où vis-tu, La Pierre de Lune   ?
    —  Nulle part et partout… lâcha ce dernier, gêné.
    —  Dans la rue   ?
    —  Parfois, je dors par terre ou sous le porche d’une pagode. De temps à autre, il m’arrive de solliciter des braves gens qui m’hébergent volontiers. C’est le cas du pasteur Issachar Roberts. Quand je ne sais pas où aller, je viens ici. Après son cours de calligraphie, il me propose toujours le logement et de quoi manger.
    —  Ce doit être dur de dormir dehors… à même le sol   ! Comme je te plains   ! soupira la jeune fille en frissonnant.
    —  C’est surtout dangereux. Il faut toujours se cacher.
    —  Qui donc pourrait en vouloir à des enfants errants qui ne font de mal à personne   ? protesta Laura avec véhémence.
    —  Je ne suis plus un enfant   !
    —  Excuse-moi. Je me suis mal exprimée. Toi et moi ne sommes plus des enfants   !
    —  À Canton, il y a beaucoup de voleurs de jeunes gens.
    —  Quelle horreur   !
    —  Certains nez longs achètent des garçons à leurs parents pour les revendre dans leur pays. Il y a six mois, j’ai failli me faire embarquer par un Américain marchand d’esclaves qui comptait m’expédier vers les îles Sandwich. Il s’en est fallu de peu que je sois moi-même marqué au fer rouge sur l’épaule d’un grand « S   »   !
    —  Ta mère avait accepté de te vendre   ?
    —  C’était après que je me suis enfui de chez moi. Le comprador chez qui je travaillais comme manutentionnaire avait partie liée avec ce trafiquant d’hommes   ! Heureusement pour ma peau, j’ai pu me cacher entre deux caisses d’opium destinées à une fumerie du centre-ville.
    —  C’est abominable   ! Comme tu as dû être seul et malheureux, La Pierre de Lune   ! fit Laura, bouleversée.
    —  La liberté n’a pas de prix, Laura   ! Je ne suis pas malheureux. Je vais où je veux. Je fais ce qui me plaît. Je ne rends de comptes qu’à moi-même…
    —  J’en suis loin… soupira la jeune fille.
    —  Ici, c’est un vrai luxe… Car tout est à vendre et tout s’achète. L’argent est devenu plus important que le Tao   ! Et les nez longs en disposent d’assez pour se croire tout permis. En Chine, ils vendent de l’opium, ailleurs, on dit qu’ils achètent des hommes à la peau noire pour servir d’esclaves.
    —  Je te le confirme. Ils achètent ces gens en Afrique et les emmènent aux États-Unis.
    —  As-tu déjà vu des hommes à la peau noire   ?
    —  À Londres, devant des restaurants, ils brandissent la carte de l’établissement aux clients pour les inciter à venir consommer…
    Elle souriait, radieuse.
    —  Moi jamais, si ce n’est sur les peintures des pagodes qui représentent l’enfer bouddhique   ! Les démons y ont la peau noire… s’écria La Pierre de Lune en riant à son tour aux éclats.
    —  Les Noirs dont je te parle, je peux t’assurer que ce ne sont pas des spectres mais des gens tout ce qu’il y a de plus normal. Comme toi et moi, à la couleur de leur peau près   !
    —  Parle-moi un peu de

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