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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Après tout, s’il veut me voir, il y a probablement de bonnes raisons à cela   ! Si c’est simplement pour converser, je m’en irai au bout de cinq minutes   ! lâcha sa mère, visage figé.
    La discussion entre la mère et la fille fut interrompue par l’arrivée de Bambridge, drapée dans sa sempiternelle robe de chambre grise boutonnée jusqu’au cou. L’Américaine, habillée comme s’il gelait dehors à pierre fendre, semblait ignorer l’insupportable moiteur qui s’était abattue sur Canton depuis une quinzaine de jours.
    Comme c’était prévisible, elle sortit ses griffes, venimeuse :
    —  M. Roberts n’a plus une seule chemise à se mettre sur le dos   ! Les lui avez-vous repassées   ?
    —  Je comptais m’y atteler de ce pas, Mélanie… fit Barbara de sa voix la plus douce.
    Désireuse de ne pas entrer en conflit avec Bambridge, elle veillait à ne jamais répondre de façon agressive à ses attaques incessantes.
    —  Le révérend sera debout dans moins d’une heure et demie… Il ne supporte pas les chemises qui ne sont pas parfaitement empesées   !
    —  Ce sera fait, Mélanie, je vous l’assure   ! conclut Barbara en regardant sa fille qui levait les yeux au ciel.
    —  Au fait, tant que j’y suis, votre garçon, Joe…
    —  Qu’est-ce qu’il a encore fait   ? s’écria Barbara, prête à défendre son fils bec et ongles.
    Depuis leur arrivée chez le pasteur, les crises du jeune trisomique, loin d’avoir cessé, étaient au contraire devenues plus fréquentes et plus violentes. Il semblait souffrir de l’absence de son père et ne tenait pas en place, ce qui obligeait sa sœur à exercer sur lui une surveillance quasi constante. La semaine précédente, cherchant à allumer une gigantesque lanterne en papier huilé, il s’en était fallu de peu qu’il ne mît le feu à la maison voisine de celle du pasteur. Sans oublier les cages à merles, qu’il ouvrait pour parler aux oiseaux en les laissant s’envoler, au grand dam de leurs propriétaires, ou encore des bâtons d’encens qu’il chipait dès qu’il passait devant les tablettes familiales dédiées aux ancêtres. Un jour, ce genre de larcin lui avait valu d’être poursuivi par trois molosses que leurs propriétaires avaient lancés à ses trousses. Il aurait certainement été déchiqueté par leurs terribles mâchoires si La Pierre de Lune, qui l’accompagnait ce jour-là avec Laura, n’avait pas réussi à faire fuir les dogues en leur jetant des pierres. Dans le quartier, les habitants, qui le surnommaient « petit diable fils de nez long mais à la face de Chinois   », étaient de plus en plus nombreux à trouver qu’il dépassait les bornes.
    —  Il faudrait qu’il cesse d’espionner aux portes…
    —  De quelles portes voulez-vous parler, Mélanie   ? Mon fils est incapable d’espionner qui que ce soit. Il ne comprend pas le dixième des mots que vous prononcez   ! murmura Barbara en s’efforçant de contenir sa colère.
    —  Je sais ce que je dis   ! conclut sèchement l’Américaine, avant de tourner les talons.
    Une fois celle-ci repartie, Laura s’approcha de sa mère, puis lui embrassa tendrement le front avant de lui souffler :
    —  Cette femme est vraiment détestable. Je suis sûre qu’elle va essayer de te jouer les tours les plus pendables.
    —  Il est vrai que la charité chrétienne ne paraît pas dicter sa conduite… soupira Barbara.
    Puis, avec d’immenses efforts qui trahissaient une grande fatigue, elle se mit à trier la pile de linge amoncelée sur la table.
    Laura entra dans le vif du sujet.
    —  Maman, j’ai décidé de t’accompagner chez le consul Elliott   !
    —  C’est donc pour ça que tu es venue me voir   ?
    —  Oui, maman. Il paraît que le consulat britannique est susceptible de prêter de l’argent à ses ressortissants lorsqu’ils n’ont pas les moyens de payer leur billet de retour   !
    —  Qui t’a dit ça   ?
    —  L’aîné des fils Johnson. Tu sais, les gens qui ont ouvert une école d’anglais pour les Chinois   ! Ils sont très gentils.
    —  Comment connais-tu leur fils   ?
    La mère soucieuse des fréquentations de sa fille qui sommeillait toujours en elle s’était soudainement réveillée.
    —  Il joue au cricket.
    —  Tu joues au cricket   ? J’en découvre de belles   ! s’écria-t-elle, consternée.
    Que sa Laura, non contente d’envisager de quitter la Chine, jouât au cricket dépassait

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