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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Jasmin Éthéré.
    Même si Daoguang, le Fils du Ciel, ne l’avait pas encore fait venir pour qu’il lui parlât de vive voix des capacités amoureuses de celles qu’il avait sélectionnées, le prince Tang était persuadé que son rôle de pourvoyeur de l’ogre impérial en chair féminine lui conférait une position intéressante. Bien plus intéressante, et en tout cas plus gratifiante, que la tâche quasiment impossible qui lui avait été confiée par ailleurs…
    Plus qu’une intuition, c’était à présent une certitude : cette fille unique en son genre, l’empereur aurait à cœur de remercier celui qui la lui avait dégotée.
    À moins que…
    Mais il chassa promptement de son esprit cet inconvenant début de pensée…
    Une fois son numéro terminé, la contorsionniste salua l’assistance et se retira, après avoir recouvert ses épaules d’une cape de soie noire ornée d’étoiles argentées.
    Bien décidé à conclure, le prince revint à la charge auprès du patron du Toi et Moi :
    —  Dis-moi, combien tu veux pour cette fille…
    —  Une créature aussi affriolante et dotée d’un corps aussi souple, je n’en retrouverai pas de sitôt…
    —  Je déteste les marchandages inutiles. Allons au but   ! Comme dit l’adage, « le tigre ne fait pas dans le détail   »…
    —  Mon prince, puis-je vous demander un service   ?
    —  Vas-y   !
    —  Vous serait-il possible de faire inscrire le Toi et Moi sur la liste des établissements de plaisir de la capitale où l’opium est toléré   ? Mon cabaret est très pénalisé par la concurrence déloyale des fumeries. Tous mes bons clients s’adonnent à l’opium… À deux pâtés d’ici, ils peuvent en trouver et pas chez moi… Cela me cause un préjudice énorme… gémit le Mandchou adipeux.
    —  Te rends-tu compte de ce que tu me demandes   ? Cette liste dont tu fais état, elle ne saurait exister   ! L’opium est prohibé. Les fumeries travaillent à leurs risques et périls… Si l’Inestimable et Très Puissant Daoguang t’entendait parler, il te ferait couper la tête, tout Mandchou que tu es   !
    Cette diatribe ne troubla pas le moins du monde celui auquel elle était destinée. À Pékin, tous les passe-droits étaient monnayables. Il suffisait de « trouver le bon chemin   », c’est-à-dire d’accéder au décideur, ce qui n’était évidemment pas simple, et une fois ce premier but atteint - qui coûtait déjà fort cher en intermédiaires -, le « persuader du bien-fondé de la requête   », en d’autres termes, lui graisser suffisamment la patte.
    Le directeur du Toi et Moi ne doutait pas que le prince Tang ait le bras assez long pour obtenir ce qu’il souhaitait. Dans toutes les grandes villes de Chine, de nombreux personnages de haut rang disposaient de leur propre milice, ce qui leur permettait de protéger - moyennant finances - quantité de fumeries illégales dans lesquelles la police municipale ne procédait jamais à aucune rafle.
    —  Je sais aussi le prix de Jasmin Éthéré… Elle n’a pas d’équivalent à Pékin. Un corps de serpent capable de se lover, comme le sien, dans n’importe quelle position pour satisfaire les caprices de ses amants, ça ne se trouve pas sous le pied d’un dragon… minauda en souriant le patron du cabaret.
    —  Je vais voir ce que je peux faire… se borna à répondre le prince.
    Il avait du mal à ne pas penser à la fille, à ce corps capable d’effectuer mille prouesses, à cette Jasmin Éthéré qui ne ressemblait à aucune autre des femmes qu’il avait entraînées jusque-là dans son lit…
    —  Si vous le voulez, vous le pouvez, mon prince   ! Ici, chacun sait que votre puissant réseau est très actif…
    Le sourire du directeur était si appuyé qu’il en avait le visage déformé par les bouffissures.
    Piqué au vif, Tang jaillit de son fauteuil, tel un guerrier prêt à l’attaque. S’il n’avait pas brûlé du désir de pétrir de ses mains le corps de cette fille et d’en explorer les moindres recoins, il eût planté là son interlocuteur et refusé définitivement de remettre les pieds dans son établissement.
    —  De quoi veux-tu parler au juste   ? Sache que je ne fais partie d’aucune sorte d’engeance   ! En revanche, si je faisais état de tes exigences en haut lieu, ton compte serait bon   ! jeta Tang qui enrageait de voir son pays sombrer ainsi dans une telle absence de principes après des millénaires de

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