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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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Koulikov devait être à une cinquantaine de mètres à gauche.
    La dernière partie du chemin était à découvert. Résistant à l’envie de la parcourir rapidement, il glissa fusil et mitrailleuse dans son sac de mousseline, le ferma. Puis il progressa lentement sur le ventre, franchissant vingt mètres en cinq minutes, s’arrêtant toutes les cinq secondes pour se fondre dans la terre semée de débris. Il bascula dans un cratère peu profond, tira sur la ficelle pour amener le sac à lui aussi lentement qu’il avait traversé l’espace découvert. Ce faisant, il songea aux particularités du terrain qu’un homme peut tourner à son avantage. En se montrant prudent et attentif, un soldat trouvait toujours de quoi s’abriter. S’il savait comment et quand se déplacer, il pouvait traverser toute la ville et rester invisible dans les ombres et les gravats. Les Allemands n’avaient sûrement pas pensé, quand ils bombardaient Stalingrad sans relâche en août et septembre, qu’ils fournissaient aux rouges des nids de rats où se tapir.
    Au bout d’une demi-heure, il parvint au bord de la tranchée, tira vivement son sac à lui et, ne sachant ce qui l’attendait, en sortit ses armes.
    Il s’immobilisa pour « sentir » le dépôt et les bâtiments environnants. Il était sûr de ne pas avoir été repéré. L’attaque allemande était passée derrière lui, vidant le dépôt. À moins d’un kilomètre des combats, les bâtiments étaient silencieux et ne renvoyaient que les échos de la bataille se déroulant sous les falaises nord-est de la Volga et dans les entrailles des usines.
    Zaïtsev se glissa dans la tranchée en souhaitant ne pas y trouver les deux lièvres. Dans le silence du dépôt, il s ‘avoua qu’il gardait peu d’espoir de retrouver Koulikov et Baugderis vivants. S’ils sont encore dans la tranchée, ils sont morts, se dit-il. Avant l’aube, elle se trouvait au bord même du front. L’avance allemande les aurait balayés avant que quoi que ce soit puisse la ralentir. Ils auraient pu essayer de s’enfuir en traversant le dépôt à découvert, mais se seraient fait faucher par une centaine de fusils.
    Il se rendit compte qu’il avait en fait obéi à un ordre tacite en partant à la recherche des deux hommes. Il avait maintenant clairement conscience que, même s’il les croyait morts, il ne pouvait laisser ses amis raidir et se boursoufler sous le ciel d’hiver. Il savait aussi qu’il ne pourrait évacuer leurs corps pour les enterrer décemment ; cela devrait attendre qu’ils aient chassé les Allemands de Stalingrad. Mais pour écrire à leurs mères, leur annoncer que leurs fils étaient morts, il devait venir dans cette tranchée. C’était, secrètement, ce qu’il voulait qu’on fasse pour lui s’il devait être lui aussi pris au piège et tué.
    Honneur aux morts, loyauté des vivants. Nul homme ne peut désirer ces choses ni les mériter s’il ne les donne lui-même. Ce n’est que justice. C’est l’une des règles de la vie et de la mort.
    Le premier corps était celui de Baugderis. Allongé sur le sol, le Géorgien avait les bras écartés, les jambes repliées sous lui. L’orbite de l’œil droit s’enfonçait dans une masse de chair à vif grisâtre. Du sang noir recouvrait l’épaule et le bras droits ; il avait coulé du trou béant qui, Zaïtsev le savait, occupait l’arrière du crâne.
    À droite de Baugderis, un mètre plus loin, gisait Koulikov. À côté de lui, son casque, percé d’une balle ; près de sa main, son périscope d’artillerie.
    Zaïtsev enjamba le corps de Baugderis pour s’agenouiller devant Koulikov. Du sang séché formait une croûte sur la moitié du visage et du cou de son ami. Une flaque sombre emplissait son oreille.
    Le Lièvre se pencha pour examiner l’entaille balafrant le côté de la tête de Koulikov. Au centre de la plaie, au cœur du sang séché, une fissure rouge vif battait, comme une petite langue sortant et rentrant. Un filet se ramassa en une goutte puis traça un ruban écarlate sur la croûte. La goutte s’arrêta mais elle avait assez coulé pour dire à Zaïtsev que Koulikov était vivant.
    Il porta vivement les mains sur le cou de son ami, les pouces sur ses joues, et le secoua.
    — Nikolaï ! Ouvre les yeux !
    Koulikov soupira, bougea la tête. Ses paupières battirent, révélant le blanc des yeux.
    Zaïtsev tapota les joues du tireur de plus en plus fort jusqu’à ce que les yeux

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