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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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colonel. Vous avez tiré ?
    — Mais oui.
    La voix sortant du trou semblait lasse.
    — Une-deux, mon colonel ?
    — Une-deux.
    Nikki attendit puis se décida :
    -— C’était Zaïtsev ?
    Thorvald poussa un soupir. Nikki l’imagina roulant sur le côté pour faire un somme dans la chaleur des couvertures et du soleil frappant la tôle, comme un ours repu.
    — Nous le saurons demain.
    L’aube se ferait attendre une heure encore. Assis par terre, Nikki et le colonel appuyaient leur dos au mur de pierre. Thorvald se reposait avant de descendre dans son trou de tireur.
    L’impatience du caporal était à son comble en ce quatrième jour devant la place du Neuf-Janvier. Il partageait l’opinion de Thorvald : les tireurs russes de la veille n’étaient probablement que des élèves de Zaïtsev. La ruse du casque était trop classique, trop médiocrement exécutée pour être l’œuvre du Professeur, aurait estimé le maître russe. Il n’aurait pas mordu à l’appât. Il aurait pensé qu’il avait affaire à de simples bons tireurs allemands et ne serait pas passé à l’attaque comme l’avaient fait les deux Russes. L’objectif de Zaïtsev, c’était Thorvald, personne d’autre. Le Lièvre n’aurait pas dévoilé sa position pour une proie moins importante.
    C’est aujourd’hui et demain que nous aurons la réponse, se dit Nikki. Si Zaïtsev est mort, il n’y aura pas de réaction. Les Russes n’enverront pas d’autres élèves contre Thorvald : il leur a plusieurs fois démontré que ce serait suicidaire. Mais si un tireur embusqué se manifeste ce matin ou demain de l’autre côté du parc, ce sera Zaïtsev.
    Enfin.
    Thorvald était prêt. Il prit le sac contenant sa bouteille Thermos et les sandwiches faits avec le fromage et la viande apportés d’Allemagne. Il lui en restait assez pour déjeuner quatre jours. Ce qui devrait amplement suffire, supposait-il.
    Il souleva le Moisin-Nagant avec une grimace, se tourna pour ramper dans le trou. Où trouve-t-il la patience d’attendre et de guetter toute une journée ? s’interrogea Nikki. Regarde-le. Il est mou, délicat. Où puise-t-il la volonté nécessaire pour être ce maître tireur ? S’il y a une telle force en lui, ne devrait-elle pas apparaître aussi au-dehors, dans ses muscles, dans sa chair ?
    Nikki crut entendre la voix du colonel lui expliquer : « Mais elle y est, cette force. Elle est dans mes yeux et dans mes mains, vous l’avez vue. Je la mets dans mes balles. Ma volonté est dans l’éclair de la poudre, elle se glisse dans le plomb, dans la chemise en cuivre. Je deviens le tireur le plus dangereux du Troisième Reich quand j’empoigne mon fusil. »
    — Soyez vigilant, aujourd’hui, lui enjoignit le colonel, à genoux. Ne bougez pas, attendez mes instructions. Je crois que nous pouvons bien prendre un lapin au piège avant la fin de la journée…
    Le colonel rampa derrière le mur et sous la tôle, poussant son sac et son fusil devant lui dans la neige légère tombée pendant la nuit. Nikki s’enveloppa d’une couverture. L’aube s’annonçait froide et sèche. Le temps couvert qui avait pesé sur Stalingrad comme une éponge humide la semaine précédente s’était évanoui avec la nuit. La journée serait claire, avec peu de vent.
    La dernière étoile scintillait bas sur l’horizon, à l’est, au-dessus de la Volga, luttait dans son agonie avec les teintes roses et violettes du soleil levant. On verra et on entendra loin, aujourd’hui, prédit Nikki. Un bon jour pour la chasse.
    Quand il s’éveilla, le soleil baignait son visage. Il rabattit sa capuche blanche de camouflage, ôta son casque. Le soleil n’était pas encore assez haut pour réchauffer le dessus de sa tête, mais l’absence de vent donnait au froid un côté agréable. Il songea à la neige poudreuse recouvrant les champs de son père en Westphalie, aux vaches qui se demandaient stupidement où était passé leur pré. Il pensa à sa sœur qui, les jours les plus froids, les attendait, son père et lui, avec un repas de lard au chou quand ils traversaient la cour de la ferme en frappant le sol de leurs bottes pour en faire tomber la neige. Ils s’asseyaient dans la cuisine sous la photo sépia de la mère, morte depuis des années, autant d’années qu’en avait Nikki. « Elle aurait été une bonne mère pour toi », répétait toujours son père, et Nikki souriait pardessus la table à la sœur qui l’avait materné.
    Il défit l’une

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