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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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conserve. Nikolaï y avait pris conscience de ses fautes, révélées par le trou dans la tête de Baugderis et l’entaille à la sienne. Il avait maintenant un compte à régler. Et Thorvald détenait son Moisin-Nagant.
    — Tu veux venir ? proposa Zaïtsev. On l’a vu opérer, tous les deux, on a survécu pour le dire aux autres. On peut l’avoir.
    — Ça ennuiera pas Tania ?
    — Qu’est-ce… ? commença le Lièvre.
    Il se tut, secoua la tête. La prochaine fois, ce sera Danilov et un article dans Pour la défense de notre pays.
    — Non, ça l’ennuiera pas. Assieds-toi.
    Koulikov se laissa glisser par terre. Sans bruit.
    remarqua Zaïtsev. Dans le coin le plus sombre. Il décrivit en détail l’endroit où Shaïkine et Morozov avaient affronté Thorvald. Il ne savait pas comment le Professeur avait réussi à descendre les deux hommes, mais, à ce stade, il était moins important de savoir « comment » que « où ».
    — Le soleil se lève dans notre dos et se couche devant nous, légèrement sur la droite. Nous aurons donc un avantage le matin et en début d’après-midi. Il faudra l’obliger à tirer une ou deux fois pour avoir une idée de l’endroit où il se planque. Ça devrait pas être trop dur. Il a l’air impatient d’appuyer sur la détente.
    Koulikov ne dit rien. Ses yeux couleur d’ardoise étaient si attentifs qu’on aurait pu croire que c’était avec eux qu’il écoutait.
    — On peut changer de position, continua le Lièvre. Mais j’ai le pressentiment qu’il restera sur place. Il a trouvé un endroit où il est à peu près sûr de m’avoir. Alors, tant qu’il se croira bien caché, il bougera pas.
    — Comment il sait que c’est pas toi qu’il a dégommé quand il a tiré sur Shaïkine et Morozov ?
    Zaïtsev réfléchit un moment avant de répondre.
    — Il en sait rien. Je pense qu’il va surveiller l’endroit. Si personne ne se pointe demain ou après-demain pour jouer avec lui, il se dira que c’est moi qu’il a tué et que la partie est finie. Mais si quelqu’un vient l’affronter, il saura que je suis dans la tranchée en face de lui, que j’ai reçu le message.
    Koulikov se leva.
    — Je vais dormir un peu. À quatre heures ici ?
    — Oui.
    Nikolaï sortit sans un bruit. Quelques secondes après son départ, on avait l’impression qu’il était parti depuis une heure. Comment il fait ça ? se demanda Zaïtsev. Il éteignit la lampe, s’étendit, son sac sous la tête, et fixa l’obscurité de l’abri.
    Demain. Demain commence le duel.
    L’air froid montant de la terre battue glissa sur sa joue. Il remonta sa couverture plus haut, écouta sa respiration et sentit son pouls battre à son cou.
    Thorvald. Colonel Thorvald. Rien qu’un nom, des trous sanglants dans des corps, rien que des supputations, jusqu’ici. Demain, Thorvald devient réel pour moi, aussi réel qu’une balle.
    Zaïtsev se demanda ce qu’il sentirait si une balle s’enfonçait dans sa propre chair. Il n’avait pas encore été blessé à Stalingrad, mais il avait vu des milliers de blessures. Comment c’est, souffrir ? Et se faire tuer ? L’obscurité de la mort vient-elle instantanément avec la balle, avant que la douleur te saisisse, tout devenant silencieux et calme tandis que tu glisses dans l’éternité ? Ou est-ce horrible de mourir d’une balle entre les yeux ? Est-ce la soudaine explosion de toutes les souffrances qui attendaient tapies dans ton corps et qui se déchaînent pendant quelques secondes avant que tu perdes conscience ? Zaïtsev sentit une démangeaison entre ses sourcils, là où une balle pouvait s’enfoncer demain. Il se frotta le visage pour la chasser.
    Thorvald. Le Sibérien repassa dans son esprit les leçons qu’il avait données aux lièvres sur la façon d’affronter un tireur embusqué allemand. On commence par étudier soigneusement les lignes de défense ennemies, on dresse la liste de tous les détails. Ça, il l’avait fait quelques heures plus tôt. Ensuite, on essaie de comprendre comment d’autres se sont fait descendre dans le secteur. Zaïtsev se rappela les dix minutes passées dans l’après-midi près de la souffrance de Shaïkine et, auparavant, devant le cadavre de Morozov. La balle qui avait touché Morozov à la tête avait ricoché sur la lunette de son fusil. Sur quoi braquait-il son arme quand il s’était effondré ? Shaïkine n’en savait rien. À ce moment précis, il regardait dans ses lunettes un casque qui se

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