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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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odeur naturelle et sa mère refusait souvent de le laisser entrer dans la maison. Ces soirs-là, il dormait volontiers avec les chiens.
    Grand-mère Dounia lui apprit à lire et à écrire. Zaïtsev pensait que c’était la largeur d’esprit de sa babouchka et sa force de caractère qui donnaient à la famille sa cohésion. Ses sœurs, ses parents, ses cousins et même les chiens filaient doux quand elle maniait sa badine en bois de bouleau.
    Dounia était croyante et se chamaillait souvent avec Andreï pour imposer qu’on célèbre à la maison les fêtes religieuses. Si le bûcheron n’acceptait pas les saints de Dounia, il ne les insultait pas, peut-être par respect envers le Dieu de sa femme, plus vraisemblablement par crainte de sa badine.
    Zaïtsev interrogea un jour le vieil homme sur ses convictions religieuses.
    « Grand-Mère dit que l’âme quitte le corps et monte au ciel quand on meurt, Grand-Papa. C’est vrai aussi pour les
animaux ? »
    Andreï lui donna une taloche sur le côté de la tête.
    « Aucun homme, aucune bête ne vit deux fois. Viens voir. »
    Il entraîna Vasha dans le fumoir où pendait un quartier de venaison.
    « Ce matin, t’as tué cet animal, dit-il. Si je te vois le tuer à nouveau, je te tire dessus ! »
    Le vieil homme indiqua la peau de cerf tendue sur le côté de la cabane.
    « Sa peau est en train de sécher, sa viande est sur la table, et ses boyaux, on les a jetés aux chiens. Rappelle-toi, Vasha, l’âme, c’est de la merde. Dieu n’est qu’un moyen qu’on a trouvé pour te faire peur et t’obliger à obéir. L’homme qui vit dans la forêt n’a peur de rien ! »
    L’intérêt de la famille pour les exploits de chasseur de l’adolescent décrut peu à peu. Le jour de son quatorzième anniversaire, il revint le matin avec plusieurs peaux de loups et de lynx attachées sur son dos. Personne n’y prêta attention. Le soir, Andreï lui recommanda de rentrer au village avant l’aube ou après la tombée de la nuit quand il avait fait une bonne chasse pour que personne ne remarque le nombre ou la qualité des peaux qu’il rapportait. « Un chasseur doit avoir de l’orgueil, mais pas de vanité », expliqua-t-il. Vassili savait qu’on le considérait maintenant comme un adulte. On attendait de lui qu’il se conduise en homme de la taïga. Sa récompense, maintenant, c’était un verre de vodka, un peu de respect de ses sœurs et une place chez les hommes, dans le pavillon des chasseurs.
    À seize ans, Vassili fut envoyé à Magnitogorsk, distante de trois cents kilomètres, pour fréquenter l’école technique de la plus grande usine de traitement de minerais de Russie. Dans le lotissement des ouvriers, il termina l’école primaire et commença à apprendre la comptabilité. Il maniait facilement les chiffres. Pendant son temps libre, il chassait dans les collines entourant la ville.
    Après six ans d’études et cinq ans à classer de la paperasse dans la marine, le sergent Vassili Zaïtsev, âgé de vingt-sept ans, brûlait de se battre contre les Allemands. Les nazis avaient envahi la Russie. Le Japon attendrait.
    Hitler avait pris la ville de Rostov à l’issue d’une campagne sanglante pour protéger son flanc droit dans sa ruée vers le Caucase, en juillet. Avant de poursuivre vers le sud, les Allemands devaient aussi assurer leur flanc gauche, au milieu duquel se trouvait le centre industriel de Stalingrad, sur la Volga.
    Une bataille acharnée s’engagea dans la steppe à l’ouest de la ville. Pendant tout l’été, l’Armée rouge affronta l’ennemi dans de grandes batailles de chars livrées sur des plaines immenses ou dans des ravins escarpés. D’abord les Russes ne furent pas de taille à arrêter la déferlante du blitzkrieg et battirent en retraite à l’est du Don pour panser leurs blessures. L’Armée rouge se regroupa sur la langue de terre séparant ce fleuve et la Volga.
    Dans la première semaine de septembre 1942, Zaïtsev et deux cents autres marins sibériens de Vladivostok furent versés comme fusiliers marins dans la 284 e division d’infanterie légère de la Soixante-deuxième Armée. Ils furent envoyés sur le front occidental, engagés dans la bataille que Winston Churchill qualifia de « tournant du destin ».
    Ils furent envoyés à Stalingrad.
    Le train roulait jour et nuit dans un claquement de ferraille, ne faisant qu’une brève halte dans l’après-midi pour charger du carburant et des vivres. Les

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