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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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pas, hein ? Deux positions : l’une évidente, pour capter mon attention, l’autre cachée, pour me tuer. Excellent. Tu aurais réussi l’examen de ma classe à Gnössen, Lapin. Mais seulement avec mention passable. Si j’avais été ton professeur, je t’aurais appris à secouer une poignée de cailloux à l’intérieur du tube pour en ternir l’éclat. Nous commettons tous des erreurs, Lapin. Ne sois pas contrarié. Ce n’est qu’une vétille, et je n’attends pas la perfection d’un sous-officier sibérien. On ne saurait penser à tout, n’est-ce pas ?
    Quelle heure est-il ? Fichtre, je guette depuis cinq heures. La matinée s’achève. Le soleil brille au-dessus de ton épaule ; il te donne l’avantage et pourtant, tu n’as pas encore joué ton coup. Tu attends une erreur de ma part. N’y compte pas, Lapin. Je t’ai percé à jour. Bouge et je referme mon piège. Vas-tu te décider à passer à l’action, ou ta stratégie consiste-t-elle à me faire périr d’ennui ?
    Comment expliquer ton attitude ? Tu passes pour un surhomme, non ? En réalité, serais-tu non pas un maître tireur, mais un simple péquenaud de l’Oural avec du cran ? Tu as peut-être trop peur pour bouger. Ou pis encore, tu n’es qu’une supercherie, tu n’existes même pas. Oh ! non, ce n’est pas possible ! Un mythe, Zaïtsev ? Une ruse de la presse militaire russe, un truc de propagande pour remonter le moral des misérables ? Non, impossible. Tout à fait possible, en fait. Réfléchis, Heinz : quelles preuves as-tu vues de l’existence d’un Zaïtsev ? Aucune. De la mienne, les rouges en ont eu à foison. J’ai réalisé des tirs qui les feront parler de moi pendant des lustres. Mais j’attends encore la première balle du Lapin. Un homme, une balle ? Serait-ce un mensonge, des guirlandes pour cacher le fait qu’il ne tire jamais parce qu’il n’existe pas ? Oh, et merde !
    Puisque c’est ça, au prochain Russe que j’abats, je dis à Mond et aux généraux que j’ai tué le Lapin, et je prends l’avion pour Berlin. Il s’écoulera des mois avant que les journaux russes ne clament que je l’ai manqué. D’ici là, je serai parti, et les généraux ne me feront pas revenir.
    Mond. Je l’emmènerai avec moi. Un gentleman est tenu par sa parole. À Berlin, il pourra raconter combien de fois j’ai rampé dans ce trou infect. Je le garderai auprès de moi pour maintenir mon pouvoir sur lui. Il ne mentira pas à mon propos. Si je dis que j’ai tué le Lapin d’une balle entre les yeux, il sera tout aussi enclin que moi à le croire. Je le ferai nommer sergent, l’uniforme est plus seyant, et je ne veux pas d’un caporal près de moi à l’opéra. J’en ferai mon chauffeur plutôt qu’un tireur d’élite, il ne semble pas aimer les armes. Je le tiendrai à l’écart de mes élèves de Gnössen, inutile qu’ils entendent plus d’une version de mon séjour à Stalingrad. Je suis leur professeur, ils doivent avoir du respect pour moi.
    Et si Mond a raison ? Si les Russes préparent effectivement une contre-attaque colossale quelque part ? Si, allongé dans ce trou, au bord de cette escarre géante qui fut un parc, je n’affronte même pas Zaïtsev, mais une poignée de jeunes tireurs ? Le vrai Zaïtsev se prépare peut-être, à dix kilomètres d’ici, à prendre part à une opération plus considérable. Pourquoi les Russes l’éloigneraient-ils des combats en le chargeant d’une seule mission : me trouver ? Suis-je assez important pour retenir l’attention exclusive du grand Lapin ? C’était facile de m’envoyer l’éliminer. Je ne faisais rien d’essentiel, j’attendais tranquillement la fin de la guerre à Gnössen, apprenant le matin à des jeunes gens comment tirer sur d’autres jeunes gens, descendant des pigeons d’argile pendant mes après-midi libres. Pull ! Mark ! Ah ! Heinz, il est fort possible que Zaïtsev soit une escroquerie, un faux, comme cette entaille dans le mur. Mais peu importe maintenant que ce soit Zaïtsev ou un Russe quelconque à l’autre bout du parc, parce que le prochain Rouge que je verrai, il mourra. J’en liquiderai peut-être deux ce matin : un à l’entaille et un autre au tunnel. Oui.
    Regarde là, en haut du mur. Presto. Au moment où ma patience commençait à se lasser. Un casque. Couvre-t-il une tête ou rien qu’un bâton ? Le mouvement semble naturel : je crois bien qu’il y a une tête sous ce casque, une tête vivante. Enfin, vivante

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