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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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contact avec les Russes. Tapis dans les tranchées, ils gardaient leur forteresse contre ceux qui tentaient de s’y infiltrer la nuit. Comme Fedya et elle.
    Tania demeura sans bouger jusqu’à ce qu’elle eût recouvré ses forces. La respiration de Fedya redevint régulière bien avant la sienne. Il est fort, pensa-t-elle en se rappelant leur étreinte sur le matelas poussiéreux.
    Elle roula hors de leur abri, entraînant Fedya derrière elle. Passant sur d’autres voies, sous plusieurs wagons, ils parvinrent à moins de soixante-quinze mètres du bâtiment. Fedya se porta à sa hauteur.
    — Et maintenant ? chuchota-t-il.
    — Je ne sais pas.
    Il roula des yeux dans le noir, se prit la tête à deux mains.
    Tania inspecta le bâtiment et le terrain, chercha des bosses et des monticules révélant les défenses russes qu’elle savait s’y trouver. Alerter les sentinelles dans le noir serait fatal. Se faire surprendre dans le no man’s land au lever du jour avant de se faire identifier comme des Russes entraînerait aussi une mort certaine.
    — Reste là, dit-elle à Fedya.
    — Quoi ? Où tu vas ? demanda-t-il en se redressant.
    Elle lui rabattit aussitôt la tête.
    — Baisse-la si tu tiens à la conserver.
    Elle se mit debout, leva les bras bien haut.
    — Nicht schiessen ! cria-t-elle en avançant. Nicht schiessen, bitte !
    Pas tirer !
    Le silence de la nuit fut brisé par des claquements de culasse. Tania savait que des fusils étaient braqués sur son cœur.
    — Nicht schiessen !
    Des voix russes s’élevèrent des ruines, à une vingtaine de mètres d’elle.
    — Qui va là ? Identifiez-vous !
    Elle prit sa respiration pour répondre : « Ya Russkaya » mais, à la dernière seconde, elle changea d’idée :
    — Nicht schiessen, bitte, répéta-t-elle.
    Une forme sombre bondit du sol, courut vers elle. Le soldat rabattit brutalement un des bras levés de Tania, la saisit par le poignet. Elle se laissa entraîner jusqu’au bord de la tranchée, bascula dans le trou.
    Une botte la fit rouler sur le dos, le canon d’une arme s’enfonça dans son cou, la fit hoqueter.
    — T’es qui, toi ? demanda une ombre.
    — Parle, enjoignit une autre.
    — Spreche ! fit une voix chargée de colère.
    Tania se garda bien de bouger. Seules ses lèvres remuèrent.
    — Je suis russe. J’appartiens à la 284 e . Mon bateau a coulé en traversant la Volga. Nous avons dérivé derrière les lignes.
    Le canon pressa plus fort la chair de sa gorge ; elle sentit des mains la fouiller, tâter ses bras et ses jambes pour voir si elle portait une arme.
    — Comment ça se fait que tu parles allemand ?
    — J’étais avec les partisans, en Biélorussie. Il fallait bien connaître un peu d’allemand.
    La pression du canon se relâcha. Tania respira à fond, s’éclaircit la voix :
    — C’est pas comme vous ici, qui passez votre temps à dormir pendant les gardes et à malmener les femmes…
    Un des soldats s’esclaffa. Cette fois, le canon s’écarta pour de bon.
    — La 284 e , tu dis ?
    — Oui. Sous le commandement de Batiouk.
    Elle entendit quelqu’un renifler.
    — Bon sang, c’est quoi, cette odeur ?
    — De la merde. J’en suis couverte. C’est une longue histoire.
    — Ça, tu peux le dire, fit le soldat en l’aidant à se lever. Désolé, on savait pas qui t’étais. Comme tu gueulais en allemand, on a cru à une infiltration.
    Tania regarda les trois hommes. Elle s’attendait à ce traitement brutal.
    — Si j’avais été un ennemi cherchant à infiltrer vos lignes, j’aurais crié en russe ou en allemand ?
    — En russe, répondirent deux des sentinelles après un temps de réflexion.
    Le troisième approuva de la tête et Tania sourit : elle avait vu juste. J’ai pris des risques, se dit-elle. Fedya va encore me faire la leçon.
    Elle expliqua aux sentinelles qu’elle avait laissé quelqu’un dans les ruines et appela :
    — Fedya, tout va bien ! Viens, on les a trouvés !
    Il rampa jusqu’à la tranchée, fut fouillé dès qu’il tomba au fond. Sans s’approcher de lui, elle le salua de la tête.
    — Camarade Mikhaïlov.
    — Camarade Tchernova, répondit-il.
    Souriant, il serra la main des soldats, les remercia de ne pas avoir tiré sur lui.
    — Beau travail. Excellent.
    — On pourrait avoir des vêtements propres ? réclama Tania. Et à manger ?
    — Pour les vêtements, faudra attendre demain, répondit un des soldats. On peut pas quitter notre poste. Pour ce qui est de

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