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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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le bras en direction des lignes ennemies, poursuivit.) Les risques que tu prends ! Sur la péniche, il a fallu que tu te mettes à l’endroit le plus dangereux. Pas question de te faire bouger. Ensuite, après trois heures dans l’eau et six dans les égouts, tu m’entraînes sous une tente pleine de nazis. Tu injuries une patrouille allemande… en ukrainien ou je ne sais quoi. Et tout ce que tu trouves en guise de précautions, c’est me demander de balbutier comme un crétin si nous nous faisons arrêter. Génial, comme plan ! Tous les Américains sont aussi fous que toi ?
    En le regardant aller et venir, agiter les bras, elle résista au sourire qui commençait à étirer les coins de sa bouche. Il avait raison, bien sûr. Cher Fedya, il ne perd jamais son charme. Même dans l’égout, effrayé par le noir et la merde. Même ici, effrayé par moi. Parcourant en trois enjambées la distance d ‘un mur à l’autre, il levait les bras au ciel avant de repartir dans l’autre sens.
    Une oie gigantesque et furieuse, pensa-t-elle, baissant la tête pour cacher son sourire.
    — Je crois que tu ne réfléchis pas, lui assena-t-il. Tu te comportes comme si tu étais invisible. C’est peut-être très bien pour toi, mais tu oublies que je suis derrière et que je n’ai pas envie de me faire tuer sous une tente allemande ! On n’a pas droit à une médaille pour ça ! (Il roula des yeux, leva de nouveau les bras.) Vivement cette nuit ! s’exclamat-il. Enfin je vais pouvoir ramper derrière toi dans un no man’s land probablement bourré de mines en me demandant par qui j’ai le plus de chances de me faire descendre, les Russes ou les Allemands ! Mais d’abord, il faut faire l’amour, c’est sur le menu, ça n’a aucune importance. Non, ce n’est pas bien, Tania. On ne peut pas se conduire comme si plus rien ne comptait…
    Il baissa enfin les bras, s’agenouilla près d’elle, secoua la tête.
    — Je n’étais pas prêt pour ça, je crois, reprit-il. J’ai rejoint l’Armée rouge parce que Staline le demandait, parce que, soyons francs, c’était le seul choix possible. J’ai suivi l’instruction pendant quatre semaines et on m’a fait monter dans un train. J’ai fini par traverser la Volga à la nage, accroché à un morceau de bateau. Je ne suis pas comme toi, je n’ai pas choisi de faire la guerre. Je n’ai pas vécu un an avec les partisans. Tout me fait peur. La mort de Youri dans le conduit, cette tente pleine d’Allemands… Tu te trompes, la journée a été dure. Et elle m’a flanqué la trouille. (Il détourna les yeux, passa un doigt derrière son oreille.) Je n’ai pas l’habitude de tout ça. Toi, peut-être, pas moi.
    Elle l’attira vers le lit, lui prit la main et la posa sur le haut de ses cuisses. Elle pencha la tête, lui chatouilla la joue avec ses cheveux.
    — Et de ça, tu as l’habitude ? murmura-t-elle, pressant la main de Fedya contre ses cuisses.
    — Je suis de Moscou. C’est la seule chose qu’on connaisse un peu, là-bas.
    — Moi, je viens de Minsk, fit-elle d’une voix rauque. Là-bas, on ne vit pas comme dans une grande ville. Si tu m’apprenais des choses, pour changer ? Vas-y, Fediouchka, montre-moi, murmura-t-elle dans l’oreille proche de ses lèvres. Je reprendrai le commandement dans le champ de mines.
    — Le champ de mines ? Trop tard. J’y suis déjà.
    Fedya se trompait : le dépôt n’avait pas été miné. Rampant dans le noir, Tania tendait devant elle ses doigts écartés, cherchant un détonateur, une petite tige noire dépassant de la terre d’un centimètre. Elle n’en trouva pas.
    Elle avança aussi droit que le terrain le permettait, s’arrêta derrière la carcasse d’un tank allemand. L’une de ses chenilles avait été endommagée par un fusil antichar, preuve supplémentaire, aux yeux de Tania, que l’Armée rouge occupait bien le bâtiment d’en face. Sinon, les Allemands l’auraient remorqué pour le réparer.
    Ils se reposèrent un moment sous le char, immobilisé à quatre cents mètres du bâtiment. Ce n’était pas franchir cette distance qui préoccupait Tania. La nuit était sombre et tranquille ; aucune fusée n’éclairait le ciel et il y avait quantité de décombres derrière lesquels s’abriter. Mais elle savait qu’il y avait des yeux derrière et devant elle, que des regards fixaient le dépôt avec méfiance et haine, guettant le moindre mouvement. Elle s’inquiétait surtout pour le premier

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