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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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de ses seins.
    — Tu, euh, tu as l’intention d’enlever ta blouse ?
    — Oui, répondit-elle. (Elle défit le premier bouton, le deuxième.) Nous ne pouvons pas bouger d’ici avant la nuit. Je suis fatiguée ; toi aussi, sûrement. Le mieux, c’est de dormir.
    Elle s’assit à côté de lui, se laissa rebondir sur le sommier, dont les ressorts grincèrent. Le regard tourné vers les voies ferrées, Fedya s’inquiéta :
    — Et si quelqu’un vient ? Il vaudrait mieux ne pas dormir en même temps, tu ne penses pas ?
    — La seule qui va te déranger, c’est moi, répondit-elle en se baissant pour ôter ses bottes.
    Elle les envoya rejoindre sa tunique puis passa un bras derrière Fedya et promena une main sur son large dos. Il se pencha en avant, les coudes sur les genoux, la laissa masser les muscles de ses omoplates.
    — Ah, murmura-t-il en fermant les yeux. C’est formidable. Après la journée qu’on a eue…
    Elle laissa sa main retomber ; il ouvrit les yeux, tourna vers elle un regard perplexe.
    — Qu’est-ce que j’ai dit de mal ?
    Elle secoua lentement la tête.
    — Aujourd’hui… Aujourd’hui, ce n’était rien.
    Tania tira ses cheveux en arrière pour révéler son visage dans sa totalité. Elle ne savait pas si Fedya pourrait lire ce qu’il y avait dans ses yeux. Était-ce visible ? Pourrait-elle jamais le lui montrer, ou l’exprimer ? Les mois passés à fuir, à se battre, à tuer et à survivre ? Survivre pour quoi ? Pour connaître d’autres années marquées au fer de la guerre ? Pour tourner les pages d’autres calendriers, célébrer sans répit des anniversaires de haine et s’acheminer vers sa propre mort ? C’était son lot, c’était ce qui l’attendait. Même si elle survivait à Stalingrad, elle ne pourrait jamais s’en échapper. Cette ville la suivrait même si elle retournait un jour dans la belle Amérique.
    Il lui prit la main, cligna les yeux. Une larme apparut au bord d’une de ses paupières rougies.
    — C’est ce que nous disent les zampolit, poursuivit-elle. Le NKVD, l’Étoile rouge, le Parti : de quelque côté qu’on se tourne, le message est le même. Vous êtes morts. Vous n’avez plus de vie. Les Allemands l’ont prise. Ils l’ont foulée aux pieds.
    Elle prit le visage de Fedya entre ses mains, l’approcha d’elle, l’embrassa. Les yeux clos, elle entendit sa propre respiration s’accélérer, murmura sous la force du baiser. Tout le long de son corps, ses sens éveillés attendaient la caresse de Fedya, sur ses seins, entre ses cuisses. Elle sentit sur ses lèvres un goût de sel, un goût de larmes, mais n’aurait su dire si c’étaient les siennes ou celles de Fedya.
    Elle déplaça sa bouche vers le haut, aspira une lèvre de l’écrivain entre ses dents. Il soupira.
    — Nous ne sommes pas vivants, Fedya, dit-elle dans un souffle. Nous ne sommes plus dans nos corps, même si nous les sentons…
    Cherchant de nouveau sa caresse, elle prit une de ses mains et la posa sur sa poitrine, lui fit presser la pointe d’un sein entre ses doigts.
    — Fais-moi l’amour, Fedya.
    Les mains de l’homme étaient sur elle, maintenant, sur sa poitrine, sur son ventre. Une chaleur s’épanouit dans ses reins.
    — Tania, non.
    Déconcertée, elle ouvrit les yeux, vacilla, se raccrocha à ses épaules.
    — Non, répéta-t-il. Ce n’est pas…
    Elle laissa ses bras retomber.
    — Ce n’est pas quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
    Il se leva du lit, s’approcha du mur. Elle s’assit à sa place sur le sommier grinçant.
    — Fedya, qu’est-ce qu’il y a ? insista-t-elle.
    Il frotta le bas du mur de son pied sans répondre.
    Tania changea de position sur le lit, qui grinça de nouveau. Elle songea avec agacement aux gémissements qu’ils auraient pu arracher à ce fichu sommier.
    — Bon, si tu préfères parler à ce mur… maugréa-t-elle. Monte la garde si ça te chante, moi, je dors.
    Fedya se retourna, s’adossa au mur.
    — Ce n’est pas bien. Nous ne devons pas faire ça.
    — Faire quoi ? L’amour ? Ici ? Sur un champ de bataille ? C’est sacré, un champ de bataille ? (Elle regarda par la fenêtre un monde dévasté.) Où pourrions-nous le faire ailleurs ? Nous n’avons plus que ces ruines.
    Il vint se planter devant elle.
    — Je ne suis pas d’accord. Je ne pense pas comme toi que je suis mort, que je n’existe pas. Toi, on dirait que tu te fiches de ce qui t’arrive, qu’il ne reste plus rien à tuer en toi… (Il tendit

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