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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sécurité.
    — Votre ami ?
    — Messire Guillaume d’Evecque, chevalier de la mer et
de la terre, et grand fou pour autant que je sache, mais un fou qui a bon cœur.
Au moins, il me paye.
    Thomas ferma les yeux. Il ne comprenait pas bien ce que le
médecin avait dit, ou peut-être n’y croyait-il pas. Sa tête lui faisait mal. La
douleur traversait tout son corps, depuis la tête jusqu’à ses doigts de pied.
Il pensa à sa mère, parce que cela lui donnait du réconfort, puis il se souvint
qu’il avait été hissé à l’arbre et frissonna. Il aurait voulu dormir encore car
pendant son sommeil il ne souffrait pas, mais on l’obligea à s’asseoir et le
médecin introduisit du gruau âcre et huileux dans sa bouche. Thomas parvint à
ne pas le recracher. Il devait y avoir des champignons dans ce gruau, ou bien
on y avait fait macérer ces sortes de feuilles de chanvre que les villageois de
Hookton appelaient la salade des anges, car après avoir mangé il fit beaucoup
de rêves, mais la souffrance diminua. Quand il se réveilla, la nuit était
tombée. Il parvint à se redresser, à se lever même, mais il vacillait et dut se
rasseoir.
    Le lendemain matin, alors que les oiseaux chantaient sur les
branches du chêne où il avait été si près de la mort, un homme de haute taille
entra dans la chambre. Il avait des béquilles et sa cuisse gauche était
enveloppée dans un bandage. En se tournant pour regarder Thomas, il révéla un
visage marqué par une horrible blessure. Une lame lui avait tailladé le visage
depuis le front jusqu’à la joue, emportant l’œil au passage. Il avait de longs
cheveux blonds, abondants et hirsutes. Thomas devina que cet homme avait dû
être beau autrefois, bien qu’il eût l’air d’une créature de cauchemar.
    — Mordecaï me dit que vous allez vivre, grommela l’homme.
    — Avec l’aide de Dieu.
    — Je doute que Dieu s’intéresse à vous, dit l’inconnu
d’un ton aigre.
    Il paraissait avoir un peu plus de trente ans. Ses jambes
étaient arquées comme celles d’un cavalier et il avait la large poitrine de
ceux qui s’exercent beaucoup aux armes. Il jeta les béquilles contre la fenêtre
et s’assit sur l’appui. Sa barbe était marquée d’une ligne blanche à l’endroit
où la lame avait entamé la joue. Sa voix était profonde et dure.
    — Mais vous allez vivre avec l’aide de Mordecaï. Dans
toute la Normandie il n’y a pas un seul médecin qui le vaille, bien que Dieu
seul sache comment il fait. Depuis maintenant une semaine il scrute ma pisse.
« Je suis infirme, bougre de juif, lui ai-je dit, pas blessé à la
vessie. » Mais il me dit de me taire et tire de moi encore quelques
gouttes. Il va essayer ça sur vous bientôt.
    L’homme, qui ne portait rien d’autre qu’une longue chemise
blanche, contempla Thomas d’un air contrarié.
    — J’ai vaguement l’idée, grogna-t-il, que vous êtes
celui qui m’a envoyé une flèche dans la cuisse. Je me souviens d’avoir aperçu
un fils de pute avec de longs cheveux comme les vôtres, et puis j’ai été
touché.
    — Vous êtes messire Guillaume.
    — C’est moi.
    — Je voulais vous tuer.
    — Dans ce cas, pourquoi ne vous tuerais-je pas ?
demanda messire Guillaume. Vous êtes couché dans mon lit, vous mangez mon gruau
et vous respirez mon air. Vous êtes une crapule d’Anglais. Pire, vous êtes un
Vexille.
    Thomas tourna la tête pour regarder son interlocuteur dont
l’air était menaçant. Sans rien dire, car les derniers mots étaient pour lui un
mystère.
    — Mais j’ai décidé de ne pas vous tuer, continua
messire Guillaume, parce que vous avez sauvé ma fille du viol.
    — Votre fille ?
    — Eléonore, imbécile. Ce n’est pas une fille légitime,
bien entendu. Sa mère était une servante de mon père, mais Eléonore est tout ce
qui me reste et je suis très attaché à elle. Elle m’a dit que vous aviez été
gentil avec elle, c’est la raison pour laquelle elle a coupé votre corde et
c’est aussi pourquoi vous êtes dans mon lit. Elle a toujours fait trop de
sentiment. Quant à moi, je suis encore tenté de vous trancher la gorge.
    — Pendant quatre ans, dit Thomas, j’ai rêvé de couper
la vôtre.
    L’œil unique de messire Guillaume lui jeta un regard
lugubre.
    — C’est tout naturel, vous êtes un Vexille.
    — Je n’ai jamais entendu parler des Vexille. Mon nom
est Thomas de Hookton.
    Il s’attendait à ce que messire Guillaume fronce

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