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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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les
sourcils en essayant de se rappeler Hookton, mais il s’en souvint
immédiatement.
    — Hookton, dit-il, Hookton. Par le Christ, Hookton.
    Il resta un instant silencieux et reprit :
    — Vous êtes un Vexille. Vous avez leur blason sur votre
arc.
    — Mon arc ?
    — Vous l’avez donné à Eléonore pour qu’elle le porte.
Elle l’a gardé.
    Thomas ferma les yeux. Il ressentait une douleur au cou,
dans le dos et dans la tête.
    — Je pense que ce sont les armoiries de mon père,
dit-il, mais je n’en suis pas sûr parce qu’il n’a jamais voulu parler de sa
famille. Je sais qu’il haïssait son père. Je n’aimais pas non plus beaucoup le
mien, mais vos hommes l’ont tué et j’ai juré de le venger.
    Messire Guillaume se détourna pour regarder par la fenêtre.
    — Vraiment, vous n’avez jamais entendu parler des
Vexille ?
    — Jamais.
    — Eh bien vous avez de la chance, dit-il en se levant,
c’est la progéniture du diable, et je vous soupçonne d’être l’un de leurs
rejetons. Je pourrais vous tuer avec aussi peu de remords que si j’écrasais une
araignée, mais vous avez été gentil avec ma fille et, pour cela, je vous
remercie.
    Puis il quitta la chambre en boitant, laissant Thomas dans
la souffrance et extrêmement troublé.
     
    Thomas se rétablit dans le jardin de messire Guillaume,
protégé du soleil par deux cognassiers sous lesquels il attendait anxieusement
le verdict quotidien que portait le docteur Mordecaï sur la couleur, la
consistance, le goût et l’odeur de son urine. Le médecin ne paraissait pas
s’intéresser au fait que le cou grotesquement enflé de Thomas avait repris ses
proportions, ni qu’il pouvait désormais avaler du pain et de la viande. Tout ce
qui comptait, c’était l’état de ses urines. Il n’existait pas, affirmait le
médecin, de meilleure méthode de diagnostic :
    — L’urine révèle tout. Si son odeur est forte, si elle
est foncée, si elle a un goût de vinaigre ou si elle est trouble, alors il est
temps d’intervenir vigoureusement. Mais quand elle est claire, pâle avec une
odeur légère comme celle-ci, c’est le pire de tout.
    — Le pire ? demanda Thomas alarmé.
    — Cela signifie moins d’honoraires pour le praticien,
mon garçon.
    Le médecin avait survécu au sac de Caen en se cachant dans
la porcherie d’un voisin.
    — Ils ont massacré les porcs mais n’ont pas vu le juif.
Remarque, ils ont brisé tous mes instruments, éparpillé mes remèdes, détruit
toutes mes bouteilles sauf trois et brûlé ma maison. C’est pourquoi je suis
obligé de vivre ici.
    Il haussa les épaules comme si le fait de vivre dans la
demeure de messire Guillaume était une épreuve. Il renifla l’urine de Thomas.
Incertain de son diagnostic, il en versa une goutte sur son doigt et la goûta.
    — Très bonne, dit-il, lamentablement bonne.
    Et il versa le contenu du bocal dans un carré de lavande où
butinaient des abeilles.
    — C’est ainsi que j’ai tout perdu, et ceci après que
nos plus grands seigneurs nous eurent certifié que la ville serait sauve !
    Au début, les chefs de la garnison ne voulaient défendre que
les murs de la ville et le château, mais ils avaient besoin du concours des
habitants pour tenir les murs, et ces habitants avaient insisté pour que l’île
Saint-Jean soit défendue, car c’était là que se trouvaient les richesses de la
ville et donc, au tout dernier moment, la garnison avait traversé le pont,
courant ainsi au désastre.
    — Des imbéciles, dit Mordecaï avec mépris, des
imbéciles revêtus d’acier et de gloire.
    Thomas et Mordecaï se partageaient la maison pendant que
messire Guillaume visitait son domaine à Evecque, distant de plus de dix
lieues, dans le but de lever de nouvelles troupes.
    — Il va continuer le combat, dit Mordecaï, jambe
blessée ou pas.
    — Que va-t-il faire de moi ?
    — Rien, répondit le médecin sur le ton de la
confidence, il vous aime bien, en dépit de tout ce qu’il peut dire. Vous avez
sauvé Eléonore, n’est-ce pas ? Il l’a toujours adorée. Ce n’était pas le
cas de sa femme, mais lui, oui.
    — Qu’est devenue sa femme ?
    — Elle est morte, dit Mordecaï, elle est morte, tout
simplement.
    À présent, Thomas pouvait s’alimenter convenablement et ses
forces lui revenaient si bien qu’il pouvait se promener dans l’île Saint-Jean
avec Eléonore. L’île paraissait avoir été frappée par la peste. Plus de la
moitié

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