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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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fumer
nous-mêmes les anguilles, suggéra Jake.
    — Allez, au travail ! dit Thomas qui se dirigea
vers l’extrémité du hameau où se trouvait une chapelle en bois que le vent
avait mise de guingois.
    C’était à peine plus qu’un abri, peut-être le sanctuaire de
quelque saint de ce marécage ingrat. Mais Thomas se dit que cette construction
pouvait tout de même être assez solide pour supporter son poids. Il passa du
dos de son cheval sur le toit de chaume couvert de mousse et rampa jusqu’à
l’arête faîtière où il s’agrippa à la croix qui ornait l’un des pignons.
    Il ne vit aucun mouvement dans le marais, bien qu’il pût
apercevoir la fumée qui montait des feux de camp et formait comme une brume sur
le jour qui déclinait au nord d’Abbeville. Demain, pensa-t-il, les Français
allaient traverser le pont et passer la porte de la ville pour affronter
l’armée anglaise dont les feux brûlaient au sud. Leurs fumées indiquaient bien
à quel point elle était plus petite que l’armée française.
    Jake sortit d’une cabane toute proche, un sac dans la main.
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda Thomas.
    — Du grain ! dit Jake en élevant le sac. Il est
humide et germé.
    — Pas d’anguilles ?
    — Bien sûr qu’il n’y a pas d’anguilles, marmonna Jake,
elles ne sont pas assez stupides pour vivre dans un taudis comme celui-là.
    Thomas sourit puis regarda du côté de la mer qui s’étendait
à l’ouest comme une lame d’épée rougie par le sang. On distinguait une voile au
loin, une tache blanche sur l’horizon nuageux. Les mouettes tournoyaient et
montaient en flèche au-dessus de la rivière qui à cet endroit glissait vers la
mer en un large chenal entre des roseaux et des bancs de sable. Il était
difficile de dire où finissait le marais et où commençait la rivière dans ce
paysage mal délimité. Thomas se demanda pourquoi les mouettes criaient et
plongeaient. En les observant, il aperçut d’abord des vaches sur la rive. Il
allait ouvrir la bouche pour apprendre la nouvelle à Jake, mais il vit qu’il y
avait des hommes avec les animaux. Des hommes et des femmes, peut-être une
vingtaine. Il comprit que ces gens devaient venir du village. Ils avaient
probablement vu les archers anglais approcher et ils s’étaient enfuis avec leur
bétail, mais pour aller où ? Dans le marais ? C’était plutôt sensé
car le terrain humide devait receler nombre de sentiers secrets où ils pourraient
se cacher, mais pourquoi s’étaient-ils risqués à aller sur la bordure de sable
où Thomas les apercevait ? Puis il découvrit qu’ils ne cherchaient pas à
se cacher mais à se sauver, car les villageois s’engageaient dans l’eau en
direction de la rive opposée.
    Doux Jésus, pensa-t-il, il y a un gué ! Il regarda,
n’en croyant pas ses yeux, mais les gens traversaient lentement la rivière en
tirant leurs vaches. C’était un gué profond qui sans doute ne pouvait être
franchi qu’à marée basse, mais il était bien là.
    — Jake ! appela-t-il, Jake !
    Jake accourut et Thomas se pencha pour le hisser sur le toit
de chaume pourri. La construction oscillait dangereusement sous leur poids
pendant que Jake rampait jusqu’au faîte, s’agrippait à la croix de bois
décolorée par le soleil et regardait ce que Thomas lui montrait.
    — Cul de Dieu ! dit-il. Il y a un gué !
    — Et il y a des Français, ajouta Thomas.
    Car sur la rive d’en face, là où une terre plus ferme
émergeait du marais et de la rivière, il y avait à présent des hommes en cottes
de mailles. Ils venaient d’arriver, sinon Thomas les aurait aperçus plus tôt.
Leurs premiers feux de camp commençaient à pétiller dans le bosquet d’arbres
sombres où ils s’étaient installés. Cette présence indiquait que les Français
connaissaient l’existence de ce gué et voulaient empêcher le passage des
Anglais, mais ce point ne concernait Thomas en rien. Il lui incombait seulement
d’informer l’armée qu’il existait un gué, un moyen de sortir du piège.
    Thomas se laissa glisser sur la paille du toit et sauta sur
le sol.
    — Retourne auprès de Will, dit-il à Jake, et dis-lui
qu’il y a un gué. Dis-lui aussi que je vais brûler les cabanes une par une pour
qu’elles servent de balises.
    Il allait faire nuit et, sans un feu pour les guider, ils
seraient incapables de trouver le village.
    Jake prit six hommes et repartit vers le sud. Thomas
attendit. De temps en

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