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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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bât ou dans des chariots. On les avait peu utilisées durant
la campagne mais les chevaliers rêvaient tous d’une véritable bataille où, dans
un tourbillon de cavaliers, les lances frappaient les écus. Les plus âgés et
les plus sages savaient qu’ils combattraient à pied et qu’ils se serviraient
surtout d’épées, de haches et de cimeterre. Néanmoins les lances peintes furent
retirées de leurs protections de tissu ou de cuir qui les mettaient à l’abri du
soleil et de la pluie.
    — Nous pouvons nous en servir comme de piques, suggéra
le comte de Northampton.
    Les écuyers et les pages armèrent leurs chevaliers en les
aidant à enfiler la lourde veste de cuir, la cotte de mailles et la cuirasse.
On serra bien les sangles. Les destriers furent frottés avec de la paille
pendant que les forgerons passaient une pierre à aiguiser sur les longues lames
des épées. Le roi, qui avait commencé à s’armer de très bonne heure,
s’agenouilla pour embrasser un reliquaire qui contenait une plume de l’aile de
l’archange Gabriel. Après avoir fait un signe de croix, il demanda au prêtre
d’aller porter le reliquaire à son fils. Puis, une couronne d’or sur son
heaume, il monta sur une jument grise et partit vers le nord.
    C’était l’aube. La ligne de crête qui reliait les deux
villages était vide. Les ailes du moulin craquaient, le vent ployait l’herbe haute
que mangeaient les lièvres. Mais en entendant les cavaliers s’engager dans le
chemin qui menait au moulin, ils dressèrent leurs oreilles et s’enfuirent.
    Le roi chevauchait en tête sur sa jument revêtue d’une
housse à ses armes. Le fourreau de son épée, de velours pourpre, était incrusté
de fleurs de lys en or, et la garde portait une douzaine de gros rubis. Il
tenait à la main un long bâton blanc. Son escorte était composée de quelques
compagnons et d’une vingtaine de chevaliers, mais ses compagnons étaient tous
de grands seigneurs suivis par leur entourage, si bien qu’il y avait près de
trois cents personnes sur le chemin du moulin. Plus un homme était de haut
rang, plus près du roi il chevauchait, alors que les pages et les écuyers se
tenaient à l’arrière en essayant de saisir la conversation de leurs aînés.
    Un homme d’armes mit pied à terre et entra dans le moulin.
Il escalada les échelles, ouvrit la petite porte qui donnait accès aux ailes et
se mit à califourchon sur l’axe pour regarder vers l’est.
    — Vous voyez quelque chose ? demanda le roi d’une
voix chaleureuse.
    L’homme fut tellement ému que le roi s’adresse à lui qu’il
se contenta d’un stupide signe de tête négatif.
    Le ciel était à demi couvert de nuages et le paysage était
sombre. Du haut du moulin, l’homme d’armes apercevait une longue pente qui
descendait jusqu’à de petits prés, puis il y avait une autre pente qui
remontait vers un bois. Au-delà du bois, une route déserte partait vers l’est.
L’eau grise de la rivière, pleine de chevaux anglais qui s’abreuvaient,
serpentait vers la droite jusqu’à la lisière de la forêt. Le roi, dont la
visière était relevée contre sa couronne, voyait la même chose. Un homme du
pays, qu’on avait découvert caché dans la forêt, avait confirmé que la route
d’Abbeville venait de l’est, ce qui voulait dire que les Français devraient
franchir les petits prés au pied de la pente s’ils voulaient opérer une attaque
frontale de la colline.
    — Si j’étais Philippe, je contournerais notre flanc
nord, sire, suggéra le comte de Northampton.
    — Vous n’êtes pas Philippe, et j’en remercie Dieu,
répondit Edouard, il n’est pas intelligent.
    — Et moi je le suis ? demanda le comte d’un air
étonné.
    — Vous avez l’intelligence de la guerre, William,
répondit le roi.
    Il contempla longuement la pente.
    — Si j’étais Philippe, finit-il par dire en désignant
le pied de la pente, ces prés me tenteraient beaucoup. Surtout si je voyais nos
hommes postés sur cette colline.
    La longue pente de prairies ouvertes était parfaite pour une
charge de cavalerie. C’était une invitation aux actions glorieuses, un endroit
créé par Dieu pour que les seigneurs de France mettent l’impudent ennemi en
charpie.
    — La colline est pentue, fit remarquer le comte de
Warwick.
    — Je vous garantis qu’il n’y paraît pas depuis le bas,
dit le roi.
    Puis il fit tourner son cheval et partit vers l’est le long
de la ligne de crête.

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