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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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valeur. Il avait remporté le tournoi à
Tewkesbury et reçu une bourse de quarante livres. À Gloucester, sa victoire
avait été récompensée par une belle armure. À Chelmsford, il avait obtenu
quinze livres et une jolie selle, et à Canterbury il avait presque battu à mort
un Français avant qu’on lui remette une coupe dorée remplie de pièces. Et où
étaient tous ces trophées ? Dans les mains des banquiers, des hommes de
loi et des marchands qui disposaient d’un droit sur le domaine du Berkshire
dont sir Simon avait hérité deux années auparavant, bien qu’en vérité cet
héritage ne consistât en rien d’autre que des dettes. À peine son père enterré,
les créanciers s’étaient jetés sur sir Simon comme des chiens sur un cerf
blessé.
    « Épouse une héritière », lui avait conseillé sa
mère, et elle avait passé en revue une douzaine de femmes à l’intention de son
fils ; mais sir Simon voulait que sa femme fût aussi jolie qu’il était bel
homme. Ce qu’il était véritablement. Il le savait car il avait l’habitude de
contempler son image dans le miroir de sa mère. Il possédait une épaisse
chevelure blonde, un visage plein et une courte barbe. À Chester, où il avait
jeté à terre trois chevaliers en moins de quatre minutes, on l’avait pris pour
le roi, qui avait l’habitude de participer incognito aux tournois. Avec son air
royal, sir Simon n’avait pas l’intention de jeter son dévolu sur une vieille
toute ridée pour la simple raison qu’elle avait de l’argent. Il voulait épouser
une femme qui soit digne de lui, mais cette ambition n’était d’aucune utilité
pour payer les créances du domaine et c’est pourquoi, afin de se protéger de
ses créanciers, sir Simon avait dû demander au roi Edouard III une lettre
de protection. Cette lettre le mettait à l’abri de toute procédure légale tant
qu’il servirait le roi en terre étrangère. Lorsque sir Simon avait franchi la
Manche, emmenant avec lui six hommes d’armes, une douzaine d’archers et un
écuyer prélevé sur son domaine grevé de dettes, il avait laissé en Angleterre
ses créanciers sans moyens. Sir Simon était aussi parti avec la certitude qu’il
ne tarderait pas à capturer quelque noble breton dont la rançon lui permettrait
de rembourser tout ce qu’il devait. Mais jusqu’ici la campagne d’hiver n’avait
pas permis de faire un seul prisonnier de quelque rang et le butin avait été si
maigre que l’armée en était réduite aux demi-rations. Combien de prisonniers
bien nés pouvait-on espérer dans une misérable ville comme La
Roche-Derrien ?
    Il n’en chevauchait pas moins de long en large devant ses
murs, dans l’espoir que quelque chevalier relèverait le défi et sortirait par
la porte sud, qui jusqu’ici avait résisté à six assauts ; mais, au lieu de
cela, les défenseurs se moquaient de lui et le traitaient de lâche qui n’osait
pas s’approcher à portée d’arbalète. Ces insultes piquèrent si bien au vif la
fierté de sir Simon qu’il s’approcha des murs, les sabots de son cheval butant
parfois sur les carreaux plantés dans le sol. Les hommes se mirent à tirer sur
lui, mais bien trop court, et ce fut au tour de sir Simon de se moquer.
    — Il est complètement fou, dit Jake, qui observait la
scène depuis le camp anglais.
    Jake était un meurtrier que Skeat avait sauvé des galères à
Exeter. Il louchait et cependant parvenait à viser plus juste que la plupart
des autres hommes.
    — Qu’est-ce qu’il va faire maintenant ?
    Sir Simon avait arrêté son cheval et faisait face à la porte
de la ville, de sorte que ceux qui le regardaient pensèrent que l’un des
Français allait peut-être venir relever le défi du chevalier anglais qui leur
lançait des sarcasmes. Au lieu de cela, ils virent un arbalétrier isolé, sur la
tourelle de la porte, qui faisait signe à sir Simon d’avancer afin qu’il soit à
portée de tir.
    Seul un écervelé aurait accepté un pareil défi et sir Simon
répondit comme il convenait. Il avait vingt-cinq ans, il était déterminé et
hardi et il savait qu’en montrant une témérité arrogante il atteindrait le
moral des assiégés et ranimerait celui des Anglais découragés. Voilà pourquoi
il dirigea son destrier là où les carreaux français avaient anéanti l’attaque
anglaise. Aucun arbalétrier ne tirait. Il n’y avait sur la tour de la porte
qu’une forme solitaire et sir Simon, qui s’était

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