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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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Wulkan suggéra qu’on pourrait peut-être les faire fondre. Wulkan, qui n’était pas un homme religieux, pensait qu’il serait préférable, malgré tout, d’expédier en Allemagne des lingots plutôt que des objets témoins de la religion juive. Le SS, pour une raison qui lui échappait, n’était pas d’accord. Peut-être ces objets devaient-ils être expédiés quelque part dans le Reich au musée des Idiosyncrasies ? Peut-être l’officier SS s’était-il pris de passion pour ces symboles ?
    Quand ce travail fut terminé, Wulkan se demanda ce qu’il pourrait bien faire à nouveau. Il lui fallait sortir du ghetto pour récolter suffisamment de nourriture pour sa famille, et notamment pour sa fille qui était asthmatique. Il finit par trouver un emploi à Kazimierz dans l’usine de laminage, où il rencontra un SS pas mauvais garçon, l’Oberscharführer Gola, qui lui procura une planque d’homme à tout faire dans une caserne proche de Wawel. Wulkan, équipé de son trousseau de plombier, arriva devant le mess sur lequel était inscrit en gros : « Fur Jüden und Hunde Eintritt verboten » (interdit aux juifs et aux chiens). Cette pancarte, après les milliers de dents en or qu’il avait dû trier au lycée technique, le convainquit que la faveur accordée par l’Oberscharführer Gola ne lui serait pas d’un grand secours. Gola n’avait sans doute jamais prêté attention à la pancarte; pas plus qu’il ne prêterait attention à l’absence de la famille Wulkan le jour où celle-ci serait expédiée à Belzec ou dans un camp similaire. Wulkan, comme Mme Dresner, comme les quelque quinze mille autres habitants du ghetto, ne pouvait plus guère espérer en autre chose que dans une libération éclair. Un bien fragile espoir en cette fin d’année 1942.

CHAPITRE 18
     
    Le Dr Sedlacek avait laissé entrevoir un voyage pénible. Il le fut. Oskar avait revêtu son pardessus le plus chaud, et, outre sa valise, il s’était muni d’un sac à provisions dont il aurait sérieusement besoin en cours de route. Bien qu’il fût en possession de tous les papiers nécessaires pour franchir les différents contrôles, il souhaitait ne pas avoir à les utiliser. S’il pouvait éviter de les présenter aux frontières, il pourrait toujours prétendre qu’il ne s’était jamais rendu en Hongrie en ce mois de décembre.
    Il voyagea dans un wagon de marchandises bourré de paquets d’un journal du parti, le Völkischer Beobachter, en vente en Hongrie. Coincé entre les piles de journaux officiels imprimés en lettres gothiques, assailli par le remugle de l’encre d’imprimerie encore fraîche, Oskar se laissait cahoter en direction du sud, à travers les montagnes de Slovaquie, la frontière hongroise et le long de la vallée du Danube.
    On lui avait réservé une chambre au Pannonia, proche de l’université, et c’est là que le petit Samu Springmann et son associé, le Dr Rezso Kastner, vinrent lui rendre visite le jour même de son arrivée. Les deux hommes avaient déjà obtenu quelques bribes d’informations colportées par les réfugiés. Mais les réfugiés ne pouvaient guère tracer que des fils conducteurs. Le fait qu’ils aient réussi à s’enfuir impliquait qu’ils ne connaissaient ni l’étendue, ni le poids, ni le contexte exact de la menace qui pesait sur tout un peuple. En prenant l’ascenseur, Kastner et Springmann espéraient qu’ils allaient entrer dans le concret des choses et que cet Allemand des Sudètes – si l’on devait en croire Sedlacek – leur ferait enfin un rapport exhaustif sur ce qui se passait en Pologne.
    Les présentations furent brèves. Springmann et Kastner étaient venus pour écouter, et ils voyaient bien qu’Oskar avait hâte de parler. Personne ne prit la peine d’appeler le valet de chambre pour la traditionnelle tasse de café. Après avoir serré la main de l’Allemand, les deux hommes prirent un siège. Schindler, lui, marchait de long en large. Loin de Cracovie et de la réalité quotidienne du ghetto et des Aktionen diverses, le souvenir des événements semblait le troubler encore plus profondément que lorsqu’il en avait brièvement rendu compte à Sedlacek. Quelqu’un, dans la chambre au-dessous, aurait sans doute perçu le furieux martèlement de ses pas et n’aurait pas manqué de voir vibrer le candélabre quand il tapa du pied pour mimer la scène de la rue Krakusa, le jour où le SS avait coincé sous sa botte la tête de

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