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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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monnaie, les SS lui avaient administré une sévère raclée. Mme Wulkan avait dû se rendre au poste de police du ghetto et verser un pot-de-vin important au Wachtmeister Beck pour obtenir qu’on le relâchât.
    Plus tard, il avait été pris dans les rafles de juin et n’avait échappé aux convois pour Belzec que parce qu’un OD sioniste – il y en avait quelques-uns – de sa connaissance l’avait repêché en gare de Prokocim.
    Mais l’OD qui était venu le voir ce jour-là n’avait rien d’un sioniste. « Les SS, dit-il à Wulkan, ont un besoin urgent de quatre joailliers. » Ils avaient donné trois heures à Symche Spira pour les leur fournir. C’est ainsi que tous les quatre – Herzog, Friedner, Grimer et Wulkan – se retrouvèrent bientôt au poste des OD pour quitter ensuite le ghetto sous bonne garde, en direction de l’ancien lycée technique devenu un entrepôt du Bureau de l’économie et de l’administration SS.
    Wulkan découvrit immédiatement qu’en cet endroit la sécurité n’était pas un vain mot : il y avait des sentinelles à chaque porte. A l’entrée un gradé SS avertit les quatre hommes que s’ils venaient à parler à quiconque du travail qu’ils allaient devoir exécuter ici, ils seraient immédiatement expédiés dans un camp. Ils devaient apporter chaque jour avec eux tout leur matériel – plateaux, balances, instruments de calibrage – pour faire le tri des bijoux qui allaient leur passer entre les mains.
    On les mena au sous-sol. Ils aperçurent le long des murs, bien alignées, des piles de valises, de serviettes et de sacs à main. Tous portaient une étiquette avec un nom méticuleusement écrit à la main : c’était celui de leur ancien propriétaire. Dans un coin s’alignaient toute une rangée de caisses en bois. Tandis que les quatre hommes s’asseyaient par terre au milieu de la salle, deux SS s’emparèrent d’une valise et en vidèrent le contenu devant Herzog. Ils repartirent au fond de la pièce et revinrent avec une autre valise qu’ils déposèrent devant Grüner. Puis ils placèrent devant Friedner et Wulkan tout un tas d’objets en or. C’était du sérieux : bagues, broches, bracelets, fume-cigarette, lunettes. Les joailliers avaient pour mission de jauger la valeur du métal, des diamants, des perles, de séparer les choses précieuses de leur support et de faire un tri de tous les objets précieux en fonction de la grosseur, de la valeur, de l’éclat, etc.
    Les quatre hommes commencèrent par examiner les objets un par un, sans grand enthousiasme. Puis, pris sans doute par de vieux réflexes professionnels, ils se mirent à travailler plus vite. Au fur et à mesure que le tri s’opérait, les SS déversaient les piles dans des caisses à cet effet. Quand une caisse était pleine, on peignait l’adresse en grosses lettres noires : « SS Reichsführer Berlin. » Le Reichsführer des SS n’était autre que Himmler au nom de qui on confisquait les bijoux de l’Europe entière pour les déposer dans les coffres de la Reichsbank. Il y avait dans le tas beaucoup de bagues d’enfants, et il fallait vraiment faire un effort pour garder son sang-froid quand on savait leur provenance. Une fois, cependant, les joailliers eurent un haut-le-cœur : quand des SS ouvrirent une valise d’où s’échappèrent quelques dents en or encore maculées de sang. Dans ce tas déposé devant ses genoux, c’étaient les bouches de milliers de morts qui étaient représentées et qui semblaient interpeller Wulkan pour qu’il se lève, qu’il jette ses poids et ses mesures, qu’il dénonce l’atroce origine de ces monceaux d’or. Après une brève hésitation, Herzog, Grüner, Wulkan et Friedner reprirent leurs évaluations, conscients désormais de la valeur que représentait leur propre bouche et craignant qu’il ne vienne à l’idée des SS de s’en préoccuper.
    Il leur fallut six semaines pour venir à bout des trésors empilés dans le lycée technique. Quand ils eurent terminé, on les emmena dans un ancien garage reconverti en atelier de polissage pour l’argent. Les cuves de lubrification étaient remplies à ras bord d’objets en argent – bagues, boucles d’oreilles, broches, plateaux, couronnes, candélabres. Il fallait séparer l’argent massif du plaqué argent. Le tout était pesé au milligramme près. Le SS responsable bougonnait. Il ne voyait pas bien comment empaqueter tous ces objets hétéroclites. Mordecai

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