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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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Notre-Seigneur Lui-même qui y est restée imprimée.
    Les lèvres du vieil homme tremblaient maintenant ostensiblement, et ses mains ridées se tendirent vers son interlocuteur.
    — Je vous en prie, supplia-t-il. Si vous parvenez à le découvrir, promettez-moi de me le faire savoir. Je vous paierai le prix qu’il faudra.
    Conrad saisit les avant-bras du prélat et les rabattit avec douceur sur la table.
    — Concluons d’abord l’affaire qui nous intéresse, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Nous parlerons du reste le moment venu.
    L’évêque le fixa un moment avant de lui adresser un sourire édenté. Les deux hommes se mirent d’accord sur le jour et l’heure auxquels ils se retrouveraient pour procéder à l’échange, après quoi le vieil homme se leva et quitta la taverne.
    Affichant un sourire satisfait, Conrad enveloppa les ossements dans leur vélin, commanda d’une voix forte un pichet de bière et prit le temps de regarder autour de lui. Dans la salle principale, l’animation était générale : marchands, aristocrates, gens du commun et prostituées procédaient à leurs affaires respectives à grand renfort de boissons fortes, le tout dans un brouhaha indescriptible dominé par le sabir italien – la lingua franca du quartier de Galata – et les éclats de rire.
    Un sacré changement après l’austérité de sa vie antérieure. Sa vie de moine-soldat membre des Pauvres Soldats du Christ et du Temple de Salomon – les Templiers.
    Son sourire s’élargit encore. La ville avait été bonne pour lui.
    Elle l’avait accueilli en son sein et lui avait permis de se bâtir une nouvelle existence, ce qui n’avait pas été facile. Pas après tous les revers, tous les désastres qui les avaient accablés, lui et ses frères, pas après qu’ils eurent été transformés en bêtes traquées. Mais tout se passait au mieux pour lui désormais. Sa réputation grandissait à chaque nouvelle transaction. Et il appréciait particulièrement de prospérer aux dépens de ceux qui avaient été à l’origine de la chute de l’Ordre, filoutant ceux, ou leurs semblables, qui l’avaient contraint à se réfugier à Constantinople.
    S’ils savaient … se disait-il avec une joie mauvaise.
    Tout comme sa cité d’adoption, Conrad se relevait d’une catastrophe dont le Vatican était l’unique responsable. Ses ennuis avaient commencé avec la défaite d’Acre en 1291, soit deux décennies plus tôt : cette bataille désastreuse avait contraint Conrad, ses frères templiers et le reste des troupes croisées à abandonner la dernière forteresse chrétienne en Terre sainte ; ils avaient touché le fond avec les arrestations en masse de 1307, orchestrées par le roi de France et le pape pour démanteler l’Ordre. La Reine des Cités avait connu de son côté un véritable cataclysme un siècle auparavant : en 1204, l’armée du pape l’avait littéralement mise à sac après lui avoir fait subir un siège de près d’un an. Une année au cours de laquelle la ville avait enduré de terribles inondations et des incendies épouvantables qui avaient réduit en cendres un bon tiers de ses constructions. Quant à celles toujours debout, elles avaient été pillées au-delà de tout entendement. Après ce désastre, tous ceux qui en avaient les moyens avaient fui la cité. Jadis foire et entrepôt du monde, siège glorieux de l’empereur de Dieu sur terre, la Nouvelle Rome avait été transformée en un amas de ruines.
    Ceux qui l’avaient conquise n’avaient pas eu lieu de s’en réjouir outre mesure. Capturé par les Bulgares à l’occasion d’une escarmouche près d’Andrinople, moins d’un an après le début de son règne, son premier empereur latin, Baudouin, avait été jeté dans un ravin, après qu’on lui eut coupé les quatre membres, et y avait, dit-on, agonisé trois jours entiers avant de passer de vie à trépas. Ses successeurs n’avaient guère fait mieux, ne parvenant à tenir la ville qu’un petit demi-siècle avant que leurs guerres de clans et leur incompétence n’amènent leur règne à prendre fin dans l’humiliation la plus totale.
    L’empereur byzantin qui avait repris la ville en 1261, Michel VIII, se voyait comme un nouveau Constantin et s’était mis en devoir de lui restituer sa gloire d’antan. Palais et églises avaient été rénovés, les rues repavées, des hôpitaux et des écoles érigés. Mais la réalité avait très vite mis un frein à

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