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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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peut-être plus...
    — Eh bien, nous nous y mettrons à plus de cent ! Jour et nuit, une compagnie de la garde nationale se tiendra prête à intervenir, en sus de mes agents. Le lieu de votre réunion sera encerclé. Solidement ! Nous aurons vite la situation en main.
    Margont se voyait déjà pris au beau milieu d’une fusillade généralisée.
    — Mais, Votre Excellence, vous allez déclencher l’insurrection que vous voulez justement éviter !
    — Absolument pas ! Face à une telle supériorité numérique, ils se rendront sans résister.
    — Pas eux !
    — Notre décision est prise ! Au moment critique, si l’un de ces fanatiques veut faire le coup de feu, à vous de le ramener à la raison. Vous vous laisserez arrêter comme les autres. Vous serez tous conduits dans des prisons différentes. Chaque prisonnier sera seul dans sa cellule. On vous enfermera afin de donner le change. Bien évidemment, vous serez libéré aussitôt après.
    — Et Charles de Varencourt ?
    — Il sera lui aussi libéré. Mais un peu plus tard, dès que nous nous serons assurés qu’il était bien de notre côté. Si jamais nous découvrons qu’il a conservé pour lui des informations précieuses, il ira chercher la clé de sa geôle au fond de la Seine...
    — Il faut que j’examine le corps du comte Kevlokine.
    — Nous savions que vous alliez formuler cette requête. Cette fois, la Police générale a été la première sur les lieux. Hélas, elle a donc découvert l’emblème des Épées du Roi. J’ai personnellement veillé à ce que cela ne s’ébruite pas. Un policier vous attend dans l’antichambre. Il va vous conduire jusqu’au lieu où se trouve la dépouille du comte. Tout a été laissé en l’état ! Là-bas, vous rencontrerez l’inspecteur Sausson. Lui aussi est de la Police générale, donc il ne sait rien des actions que mène ma police secrète contre les organisations royalistes. Il ne s’occupe que des enquêtes criminelles. Û vous recevra seul et vous fera part de ce qu’il sait. Je lui ai interdit par écrit de vous poser la moindre question et il ignore qui vous êtes, pourquoi vous vous mêlez de cette affaire... Il a compris que, pour lui, vous n’existiez pas.
    — Mais si, au sein même de la Police générale, des gens monnayent des informations aux royalistes, je cours le risque que quelqu’un m’aperçoive sur les lieux du crime et me décrive physiquement...
    — Vous n’avez rien à craindre puisque vous allez nous permettre d’anéantir sous peu les Épées du Roi. Vous pouvez disposer.
    Margont gagna la porte, mais il se retourna :
    — Votre Excellence, puis-je savoir si Paris est menacé ?
    Joseph fut stupéfié par cette audace, Talleyrand, amusé. Le lieutenant général voulut réprimander ce subalterne, envisagea de profiter de cette impertinence pour certifier que Paris ne risquait rien... Il s’empêtra tant et si bien dans sa colère et ses mensonges que ce fut la vérité qui sortit de sa bouche.
    — Ils arrivent...
    Il ajouta aussitôt fermement :
    — Alors, faites en sorte que l’on ne nous poignarde pas dans le dos tandis que nous ferons face aux Alliés.

 
    CHAPITRE XXV
    Sans prononcer un mot, le policier conduisit Margont dans le Marais, non loin de la place des Vosges. La mine renfrognée, il marchait à toute allure sans jamais se retourner, espérant peut-être le semer « accidentellement ». Il supportait si mal cet enquêteur parallèle et officieux que, lorsque, une fois arrivés, Margont lui demanda d’aller chercher le médecin-major Jean-Quenin Brémond, à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, il répondit avec une inertie désarmante :
    — J’ai peur de ne pas réussir à le trouver...
    Ces mots s’entrechoquèrent comme des silex dans l’esprit de Margont, faisant jaillir des étincelles de fureur au fond de ses yeux. L’homme changea d’avis et prit le pas de course pour s’acquitter de cette nouvelle tâche.
    Contrairement à ce que laissait croire sa sobre façade, la demeure recelait un luxe intérieur inouï. Bureau Mazarin recouvert d’une marqueterie de cuivre, console en bois doré et plateau de marbre blanc, chandeliers en argent, tableaux hollandais, tapisseries des Gobelins représentant des scènes mythologiques... Margont avait l’impression d’avoir ouvert une huître apparemment semblable aux autres et de voir maintenant rouler des perles dans tous les sens à ses pieds... Le comte Kevlokine ne

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