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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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de la mort de Hengist. Après avoir échangé leurs
informations, les messagers s’en allèrent tous ensemble trouver le roi Emrys.
Ils lui racontèrent en privé comment Uther avait tué Hengist. Le roi leur
défendit de répandre cette nouvelle à quiconque, et on en resta là. Mais Emrys
se demandait bien comment Merlin avait pu connaître des événements qui
s’étaient déroulés loin de là. Et il demeura encore plusieurs jours dans cette
ville, attendant patiemment que Merlin se manifestât.
    Or un jour, alors qu’il revenait de l’église, Emrys vit
s’approcher un très bel homme, bien vêtu, d’allure très respectable, et qui le
salua courtoisement. « Seigneur, lui dit l’inconnu, puis-je te demander ce
que tu attends dans cette ville ? » Le roi lui répondit :
« J’attends que Merlin vienne me parler. » L’autre se mit à rire.
« Vraiment, dit-il, tu n’es pas encore assez sage pour le reconnaître
quand il te parle. Mais fais donc venir les trois conseillers qui prétendent le
connaître et demande-leur si je peux être ce Merlin ! » Très surpris,
le roi fit immédiatement chercher les trois conseillers. Il leur présenta le
visiteur, mais aucun des trois ne put dire s’il s’agissait de Merlin. Cela fit
rire de plus belle le visiteur. « On ne connaît pas bien quelqu’un si l’on
ne connaît pas son apparence et sa nature, dit l’homme. En l’occurrence, vous
êtes certains de ne m’avoir jamais vu ? » Les conseillers
répondirent : « Nous en sommes certains. »
    Alors l’homme prit le roi à part et l’entraîna dans une
autre pièce de la maison. Et là, il lui parla ainsi : « Seigneur roi,
je veux être ton loyal ami et celui de ton frère Uther. Apprends donc que je
suis ce Merlin que tu cherches avec tant de patience, mais que tu ne sais pas
reconnaître quand il se présente à toi sous des formes chaque fois différentes.
Allons rejoindre tes conseillers, et tu verras qu’ils me reconnaîtront quand
même ; et parce que je le veux. » Ils retournèrent dans la salle où
étaient restés les conseillers. Mais, ce faisant, Merlin avait changé d’aspect
et apparaissait comme un enfant de sept ans. « Oui, c’est bien
Merlin ! » s’écrièrent les conseillers en le voyant. Et Merlin, en
riant, reprit sa forme d’homme adulte, bien habillé et d’allure agréable.
« Maintenant, dit-il à Emrys, tu peux me demander ce que tu veux. »
    « Merlin, dit le roi, je voudrais d’abord te demander
de m’accorder ton amitié et d’établir entre nous des relations suivies, car des
gens dignes de foi m’ont dit que tu étais sage et de bon conseil. » Merlin
répondit : « Tous les conseils que tu me demanderas, je te les
donnerai si je le peux. Sache en tout cas que je suis celui à qui tu as parlé
dans les bois et qui gardait les bêtes, et aussi cet homme qui t’a appris la
mort de Hengist. » Cette réponse remplit d’étonnement les compagnons du
roi qui ignoraient tout de la mort de Hengist. Et Merlin continua ainsi :
« Je vais te donner des détails sur la mort de Hengist, ô roi Emrys. J’ai
su, pendant que tu étais ici, que Hengist voulait tuer ton frère par traîtrise,
et je suis allé le prévenir de ce qui se tramait contre lui. Il m’a fait
confiance et s’est tenu sur ses gardes. Je lui ai parlé de l’audace de son
ennemi et de sa détermination : Hengist voulait en effet se glisser seul
dans sa tente pour le poignarder. Ton frère a donc attendu dans sa tente, tout
seul, se tenant éveillé et armé. Hengist a pénétré dans la tente et cherché
partout ton frère qu’il croyait endormi. C’est alors que ton frère s’est jeté
sur lui et l’a tué. Ainsi la lâcheté de Hengist s’est-elle retournée contre
lui. À présent, la forteresse des gens de Hengist ne pourra plus résister
davantage. »
    « Mais, dit Emrys, tout cela me paraît si mystérieux
que j’ai peine à le croire. Es-tu le diable ou un envoyé de Dieu ? Et
pourquoi changes-tu si souvent d’aspect lorsque tu te présentes devant les uns
et les autres ? Quel jeu joues-tu ainsi ? Est-ce pour mieux nous
embrouiller ? Je crains qu’il n’y ait là quelque ruse de l’Ennemi. »
Merlin se mit à rire et dit : « Tu doutes encore, roi Emrys. Tu
doutes parce que tu ne cherches pas la réalité des choses et que tu préfères te
fier aux apparences. Qu’importe sous quel aspect je me présente si ce que je
dis et fais se révèle

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