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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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plus coupant des poignards, fontaine
bouillonnante que rien ne peut épuiser, tais-toi ! Je ne dirai rien
jusqu’au moment où nous serons devant l’empereur ! »
    Ils arrivèrent à la cour de l’empereur. Quand il les reçut,
il se préoccupa immédiatement des moyens qu’on avait mis en œuvre pour garder
le plus sûrement possible son prisonnier. Mais l’Homme Sauvage lui dit :
« Il est inutile de m’enchaîner, car je jure que je ne m’en irai pas avant
d’avoir révélé toute la vérité sur le songe que tu as eu. Fais-moi délivrer de
ces chaînes et convoque tous les membres de ton conseil. C’est devant eux que
je dois tout t’expliquer. » L’empereur fit débarrasser l’Homme Sauvage de
ses chaînes. Et une fois les conseillers assemblés, il le fit asseoir à son
côté. Mais celui-ci fit savoir qu’il ne révélerait rien sans la présence de
l’impératrice et de ses douze suivantes. L’empereur les convoqua et elles
vinrent immédiatement. Quand il les vit arriver, l’Homme Sauvage se mit à rire,
puis, se tournant vers Grisandole, il recommença à rire de plus belle, comme si
rien ne pouvait arrêter son hilarité. À la fin, l’empereur lui demanda s’il
n’était pas fou. « Seigneur, répondit l’Homme Sauvage, jure-moi d’abord
devant tous ceux qui sont ici qu’il ne me sera fait aucun mal quoi que je
puisse dire, et que je serai libre de tous mes mouvements dès que j’aurai
parlé, et je promets de tout te révéler. » L’empereur jura solennellement,
et ajouta : « Qu’il en soit ainsi, comme tu le désires. Maintenant,
dévoile-moi la signification de mon rêve. »
    « Ce n’est pas difficile, dit l’Homme Sauvage. La truie
que tu as vue, c’est ta femme. Quant aux douze louveteaux, ce sont ses douze
suivantes. Mais, si tu m’en crois, fais-les se dévêtir devant tout le
monde : on verra bien si elles sont bâties pour la servir avec
dévotion ! » L’empereur ébahi ordonna qu’on déshabillât les
suivantes, et chacun put se rendre compte qu’il s’agissait de douze jeunes gens
à qui rien ne manquait. L’empereur fut si irrité en voyant cela qu’il demeura
un long moment à méditer. Puis, il se tourna vers ses conseillers et leur
demanda quelle justice il fallait mettre en œuvre. Ils délibérèrent un instant
entre eux et jugèrent que la femme devait être brûlée pour adultère et
paillardise, et les jeunes débauchés pendus pour crime de lèse-majesté. Et le
jugement fut exécuté sur-le-champ.
    Cependant, l’empereur, très étonné par la science de l’Homme
Sauvage autant que par son rude aspect, lui demanda : « Peux-tu me
dire pourquoi tu as ri en regardant mon sénéchal, quand tu as passé devant
l’abbaye, ce matin, et quand la reine est entrée ici ? » L’Homme
Sauvage répondit : « Seigneur, j’ai ri la première fois parce que
c’était une femme qui m’avait pris par sa puissance et son adresse, alors que
nul homme n’y avait réussi jusqu’à présent : car ce chevalier, seigneur
empereur, est la plus belle et la meilleure femme qui se puisse trouver dans
tout ton pays. La seconde fois, j’ai ri devant l’abbaye parce qu’un trésor
était enfoui sous les pieds de ceux qui demandaient l’aumône. La troisième
fois, j’ai ri par dépit : car l’impératrice avait le meilleur homme de
tout le pays, mais se donnait à douze ribauds. N’en tiens tout de même pas
rigueur aux autres femmes, car c’est une chose commune aux femmes qui ont un
bon mari de penser qu’elles en ont le pire. Voilà pourquoi j’ai ri. À présent,
seigneur empereur, que je t’ai révélé ce que tu voulais savoir, permets que je
me retire. »
    « Je voudrais encore te demander une chose, dit
l’empereur. Comment vais-je tenir mon serment puisque j’ai promis ma fille en
mariage à qui s’emparerait de toi et que ce chevalier est une
femme ? » L’Homme Sauvage se mit à rire : « Ce n’est pas
difficile, épouse-la. Tu n’auras jamais femme plus belle et plus sage. »
Et sur ces mots, l’Homme Sauvage prit congé sans que personne ne s’aperçût de
son départ. Mais, sur le haut de la porte du palais, apparut cette inscription
en caractères hébreux : « Que tous ceux qui liront ces lettres
sachent que le grand cerf branchu qui fut chassé dans la ville et l’Homme
Sauvage amené par une jeune fille qu’on croyait un homme n’étaient autre que
Merlin, le premier conseiller du roi de

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