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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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serviettes de fine
toile, les unes vertes, les autres blanches.
    Lorsque nous fûmes lavés, l’homme aux cheveux blonds frisés
qui m’avait accueilli se mit à table à côté de moi, et toutes les jeunes filles
se groupèrent de l’autre côté, à l’exception de celles qui assuraient le
service. La table était d’argent, et les linges de table de la toile la plus
fine qu’on eut jamais vue. Quant aux vases dont on nous servait la boisson, il
n’y en avait pas un qui ne fût en or, en argent ou en corne de bœuf sauvage. On
nous apporta notre nourriture. Je crois bien que je n’ai jamais mangé meilleurs
mets que ce soir-là, ni mieux préparés, et que je n’ai bu de breuvage plus
suave et plus parfumé.
    Nous arrivâmes à la moitié du repas sans que l’homme ou les
jeunes filles n’eussent dit un seul mot. Je commençais à penser qu’ils étaient
muets, ou bien qu’un enchantement leur interdisait de parler. Mais lorsqu’il
sembla à mon hôte que je commençais à être rassasié, il me demanda qui j’étais
et quel était le but de mon voyage. Je lui répondis bien volontiers, et
j’ajoutai que j’étais fort heureux de trouver quelqu’un avec qui parler, car, à
mon avis, le seul défaut que je remarquais dans sa cour, c’était qu’ils fussent
tous aussi mauvais parleurs. Il se mit à sourire et dit : « Seigneur,
nous aurions parlé volontiers avec toi depuis longtemps sans la crainte que
nous avions de te troubler dans ton repas, mais nous allons le faire
maintenant. » Je lui révélai donc qui j’étais et ce que je venais chercher
dans ces régions. J’ajoutai aussi que je ne craignais pas d’affronter les
dangers quels qu’ils fussent pour parvenir au but que je m’étais fixé, même si
ces dangers étaient d’ordre surnaturel, car je savais que Dieu me protégerait
des entreprises de l’Ennemi. Mon hôte me regarda et se remit à sourire :
« Si je ne croyais, dit-il, qu’il dût t’en coûter beaucoup de mal, je
t’indiquerais bien un chemin qui mène sûrement vers ce que tu cherches. Mais
j’ai trop d’estime envers toi pour te le confier. » Je fus fort chagriné
par ces paroles, et mon hôte ne fut pas long à s’en apercevoir. Il me
dit : « Je vois ta déception sur ton visage. Puisque tu aimes mieux
que je t’indique une chose désavantageuse pour toi plutôt qu’avantageuse, je me
résoudrai à le faire. Couche ici cette nuit. Lève-toi demain matin de très
bonne heure et poursuis le chemin par lequel tu es arrivé dans cette vallée. Tu
parviendras à un bois très touffu et, avant ce bois, tu remarqueras un chemin
bifurquant à droite. Suis-le jusqu’à une grande clairière unie, au milieu de
laquelle se trouve un tertre. Il est probable que tu puisses trouver là ce que
tu cherches avec autant d’acharnement. » Je remerciai mon hôte
chaleureusement et, quand le repas fut terminé, on me conduisit à une chambre
confortable en me souhaitant un agréable sommeil.
    Mais la nuit me parut fort longue tant j’étais impatient de
poursuivre mon chemin. Aux premières lueurs de l’aube, je me levai et
m’habillai. Tous les gens de la forteresse étaient déjà debout et
m’accompagnèrent dans la cour. Je remarquai alors qu’au milieu de cette cour,
je ne l’avais pas vu la veille au soir, il y avait un disque qui paraissait
tout en cuivre, pendu à l’une des branches du gros arbre contre lequel s’étaient
exercés les jeunes gens en y lançant leurs couteaux. Mon hôte se dirigea vers
l’arbre et, à l’aide d’un petit marteau de bronze, frappa trois fois le disque
de cuivre. Le bruit se répercuta longuement dans la vallée. On m’amena mon
cheval tout sellé, on me rendit mes armes et on me souhaita de trouver ce que
je cherchais. Je leur répondis en les saluant et en les remerciant de leur
accueil, et je me hâtai dans la direction que mon hôte m’avait indiquée. Je
découvris le chemin qui bifurquait à droite, et j’y étais à peine engagé que je
rencontrai, dans une vaste clairière nue, des taureaux sauvages, des ours, des
léopards qui combattaient entre eux et faisaient un bruit si terrible que je
m’arrêtai, prêt à m’enfuir si ces bêtes farouches se jetaient sur moi. Au
milieu de la clairière s’élevait un tertre de pierres bleues, et sur ce tertre
se tenait un homme étrange, le visage très sombre, laid et hideux plus qu’il
n’est possible de l’imaginer. Il avait les cheveux touffus, les

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