Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
triomphe sans défaite. »
    « Tes paroles sont bien étranges, Merlin », dit
Uther Pendragon. – « Tu ne peux les comprendre, répondit Merlin, je me
suis seulement laissé emporter par un flot d’images venues d’ailleurs. N’oublie
pas, roi Uther, que je suis le fils d’un diable et que, parfois, quand le
diable vient se jeter entre Dieu et moi, je n’ai plus conscience des choses
présentes. Tout se trouble en moi, tout m’apparaît à travers des brouillards et
je ne vois plus que des silhouettes qui s’agitent confusément. Pour l’instant,
roi Uther, je ne peux plus t’être utile en quoi que ce soit. Gouverne sagement
tes États, et si un jour la nécessité se présente, je viendrai vers toi pour
t’aider à nouveau, car je t’ai donné mon amitié pour toujours. »
    Et, là-dessus, Merlin quitta le roi Uther Pendragon. Mais il
n’alla pas rejoindre l’ermite Blaise dans la forêt de Kelyddon : il s’en
alla rôder par le monde [61] .

CHAPITRE VII

L’Homme Sauvage
    En ce temps-là, il y avait un empereur très puissant dans un
des pays de l’est du monde. Chacun l’honorait et le servait de son mieux parce
qu’il était d’une grande bonté envers les plus faibles et cherchait à établir
la justice autour de lui. Et il avait une femme d’une haute naissance et d’une
telle beauté que tous les poètes du pays, qui en étaient secrètement amoureux,
la couvraient d’éloges et la magnifiaient de telle sorte qu’elle se croyait au
rang des plus célèbres déesses d’autrefois. Cependant, sa beauté n’était que
l’apparence qu’elle se donnait car, en réalité, c’était la femme la plus
hypocrite et la plus luxurieuse qu’on eût vue sur cette terre. Comme elle était
très surveillée par les gens de la cour, et que son époux se méfiait d’elle,
elle avait recours à des ruses qui trompaient tout le monde. Elle ne pouvait en
effet se passer du commerce avec les jeunes gens dont elle aimait la vigueur et
l’impétuosité, et elle avait fait en sorte de garder auprès d’elle douze
adolescents, sains de corps et d’esprit, qu’elle attifait en demoiselles et
dont elle avait fait sa compagnie favorite. Elle possédait un tel talent de
grimage et une telle persuasion que personne ne se doutait que ces charmantes
jeunes filles qui ne la quittaient jamais étaient en réalité de solides garçons
doués d’un grand appétit pour le corps féminin.
    Elle avait cependant très peur que la barbe ne leur poussât,
et elle leur oignait le menton de chaux et d’un onguent qu’elle faisait
composer par des sorcières de sa connaissance. Ainsi leur barbe naissante
tombait-elle, et ces jeunes gens passaient aisément pour des jeunes filles
rieuses et enjouées, prêtes à satisfaire les moindres caprices de leur
maîtresse. Ils portaient de longues robes traînantes qui dissimulaient leur
virilité, ainsi que des voiles qui masquaient les traits marqués de leurs
visages, et leurs cheveux étaient soigneusement arrangés à la manière des femmes,
de façon que personne ne pût un seul instant soupçonner la vérité. Et
l’impératrice menait ainsi joyeuse vie sans craindre aucunement d’être accusée
de tromper son époux. D’ailleurs, celui-ci ne tarissait pas d’éloges non
seulement sur la beauté de sa femme, mais encore sur le goût très sûr qu’elle
avait de s’entourer de demoiselles d’une grande honorabilité et d’une très
grande élégance.
    Or, à cette époque arriva à la cour de l’empereur une jeune
fille qui avait fui son pays d’origine par suite des dissensions qu’elle avait
eues avec son père, un grand seigneur, mais elle se présenta sous un habit
masculin et prit du service dans les meilleures maisons en qualité d’écuyer.
Comme elle était droite, grande et dotée d’une élégante musculature, chacun la
prenait pour un homme. De plus, ayant accompli de nombreuses prouesses, tant à
la guerre que dans les tournois, elle fut bientôt armée chevalier par
l’empereur lui-même, en même temps que plusieurs jeunes gens de son âge. Elle
se nommait Avenable, mais se faisait appeler Grisandole, et tout le monde la
prenait pour un homme. Cela ne facilitait guère sa vie de tous les jours, car
toutes les dames et les jeunes filles de la cour étaient plus ou moins
amoureuses de ce jeune garçon dont la mine était si avenante et l’habileté au
maniement des armes si surprenante. Mais elle se trouvait fort bien à l’aise
dans

Weitere Kostenlose Bücher