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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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oreilles
larges, le front dégarni, les sourcils abondants, des dents de sanglier, aiguës
et jaunâtres, un menton proéminent, une barbe hirsute et de toutes les
couleurs. Il tenait à la main une massue qui me parut être en fer tellement
elle était massive et terrible, et tantôt il s’appuyait dessus, tantôt il la
faisait tourner autour de son poignet monstrueux.
    Je m’approchai de lui sans vouloir paraître impressionné et
je le saluai aimablement. Il me répondit d’une façon bourrue, comme s’il était dérangé
par mon intrusion. Mais j’étais fort intrigué. Je lui demandai qui il était et
pourquoi il semblait garder les animaux sauvages qui se battaient dans la
clairière. « Quel pouvoir as-tu donc sur ces animaux ? » lui
dis-je. – « Je vais te le montrer, petit homme », me répondit-il. Il
prit un bâton qui était posé près de lui et en déchargea un bon coup sur le dos
d’un cerf. Celui-ci fit entendre un grand bramement et aussitôt, à sa voix,
accoururent des animaux en aussi grand nombre qu’il y a d’étoiles dans le ciel,
au point que j’eus peine à me tenir debout au milieu d’eux dans la clairière.
Je remarquai d’ailleurs qu’il y avait également des serpents, des vipères et
toutes sortes d’animaux rampants. L’Homme Sauvage jeta un regard flamboyant sur
ces animaux et leur ordonna d’une voix terrible d’aller paître. Immédiatement,
tous les animaux baissèrent la tête et lui témoignèrent le même respect que des
hommes soumis à leur seigneur. « Vois-tu, petit homme, dit l’Homme
Sauvage, le pouvoir que je possède sur ces animaux ? » Il fit encore
un geste en élevant sa massue au-dessus de sa tête, et les animaux se
dispersèrent sans bruit à travers les bois.
    « Mais que cherches-tu ici ? me demanda
brusquement l’Homme Sauvage. Ce n’est sûrement pas pour me voir garder mes
bêtes que tu es venu jusqu’à ces régions du bout du monde ! » Je lui
répondis : « Certes non. Je parcours cette terre à la recherche de
Merlin, le plus sage et le plus habile de tous les hommes. » L’Homme
Sauvage eut un rire grossier : « Ce n’est certainement pas ici que tu
trouveras un jeune homme sage et habile. Je n’ai jamais entendu dire quoi que
ce soit de celui que tu appelles Merlin, et parmi tous ceux que je connais,
aucun ne serait capable de t’en parler. Mais je vais te donner un conseil :
si tu suis ce chemin que tu vois à l’extrémité de la clairière et que tu
marches dans la direction de cette colline rocheuse, là-bas, tu pourras jeter
ton regard sur le pays environnant. Et si tu ne vois rien qui t’intéresse, va
dans la vallée qui est au pied de cette colline. Au milieu, tu verras un grand
arbre. L’extrémité de ses branches est plus verte que le plus vert des sapins.
Et sous l’arbre est une fontaine dont l’eau bout, bien qu’elle soit plus froide
que le marbre. Sur le dessus de la fontaine, tu verras une grande dalle de
pierre, et sur la dalle un bassin d’argent qui y est attaché avec une chaîne
d’argent de façon qu’on ne puisse les séparer [65] . Prends le bassin, remplis-le
de l’eau de la fontaine et répands-la sur la dalle de pierre. Je ne t’en dis
pas plus, mais si tu m’en croyais, tu n’irais pas plus loin et tu retournerais
chez toi, car il ne peut rien t’arriver de bon dans cette aventure. »
    Néanmoins, je pris congé de l’Homme Sauvage et j’allai dans
la direction qu’il m’avait montrée. Je mis très longtemps à parvenir à la
colline et, une fois sur le sommet, j’examinai le pays aux alentours. Mais je
n’y vis rien d’autre que des arbres. Seule une vallée s’ouvrait dans le flanc
de la colline, et je descendis de ce côté. On en était presque à la moitié du
jour lorsque j’aperçus ce dont m’avait parlé l’Homme Sauvage : l’arbre et
la fontaine. De l’arbre, je peux dire que c’était le plus beau et le plus
verdoyant des pins que j’avais pu voir jusqu’alors. Je ne crois pas qu’il eût
laissé passer une seule goutte de la plus forte pluie tant son feuillage était
dru et vigoureux. Je vis aussi la dalle de pierre, et le bassin d’argent
attaché à une chaîne d’argent. Et, au-dessous, il y avait la fontaine dont
l’eau bouillonnait comme de l’eau chaude. Je savais pourtant qu’elle était plus
froide que le marbre.
    Alors, me souvenant des paroles de l’Homme Sauvage, et ne
craignant pas les désagréments dont il semblait

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