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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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« Joue ton jeu », se contenta
de répondre Uther. L’écuyer s’en retourna au pavillon. Ils finirent la partie
et en commencèrent une autre.
    Comme ils commençaient à mettre les pièces en mouvement, on
aperçut à quelque distance d’eux, sortant d’un pavillon jaune tacheté surmonté
d’une image d’aigle en or, un écuyer à la forte chevelure blonde et frisée,
belle et bien ordonnée. Il avait le visage blanc, les joues rouges, de grands
yeux de faucon, une allure très noble. Il tenait à la main une lance à la forte
hampe jaune, au fer nouvellement aiguisé, surmontée d’un étendard bien en vue.
Il se dirigea d’un air irrité, furieux, d’un pas précipité, vers l’endroit où
Uther et Uryen jouaient, le visage penché sur les échecs. On voyait bien qu’il
était irrité. Il salua cependant Uryen et lui dit que bon nombre de ses
corbeaux avaient été tués, et que les autres avaient été si maltraités et
blessés que pas un ne pouvait soulever ses ailes de terre de plus d’une brasse.
« Seigneur, dit Uryen à Uther, je t’en prie, arrête tes gens ! »
– « Joue ton jeu », répondit Uther. Alors Uryen dit à l’écuyer :
« Va vite, élève l’étendard au plus fort de la mêlée, et advienne ce que
Dieu voudra ! »
    Le jeune homme se rendit aussitôt à l’endroit où les
corbeaux subissaient l’attaque la plus rude et dressa en l’air l’étendard. Dès
que l’étendard fut ainsi dressé, les corbeaux se ressaisirent et s’élevèrent en
l’air, irrités, pleins d’ardeur et d’enthousiasme, pour laisser le vent
déployer leurs ailes et se remettre de leurs fatigues. Quand ils eurent
retrouvé leur vigueur naturelle et leur impétuosité, ils s’abattirent d’un élan
furieux sur les hommes qui venaient de leur causer colère, souffrance et
pertes. Aux uns ils arrachaient la tête, aux autres les yeux, à d’autres les
oreilles, à certains le bras, et ils les enlevaient avec eux dans les airs. Il
y eut un grand tumulte et tout fut bouleversé par le battement des ailes, les
croassements des corbeaux et les cris de douleur des hommes qu’ils blessaient,
estropiaient ou tuaient. Le bruit était si effrayant qu’Uther et Uryen, penchés
sur l’échiquier, l’entendirent. En levant les yeux, ils virent venir un
cavalier monté sur son cheval gris sombre, avec un harnachement extraordinaire
de couleur jaune. Le cavalier avait à la hanche une épée à poignée d’or et
portait à la main le fût d’une longue et lourde lance à la hampe verte mais, à
partir de la poignée jusqu’à la pointe, rouge du sang des corbeaux avec leur
plumage. Le cavalier se rendit à l’endroit où Uther et Uryen étaient en train de
jouer aux échecs. Ils s’aperçurent qu’il arrivait épuisé, hors de lui et rempli
de colère. Il salua Uther et lui dit que les corbeaux d’Uryen étaient en train
de tuer ses serviteurs. Uther se tourna vers Uryen et lui dit :
« Seigneur, arrête tes corbeaux ! ». – « Joue ton
jeu ! » répondit Uryen. Et ils jouèrent, tandis que le cavalier s’en
retournait vers le lieu du combat.
    Uther et Uryen jouaient déjà depuis bien longtemps quand ils
entendirent un grand tumulte. C’étaient les cris de détresse des hommes et les
croassements des corbeaux qui enlevaient sans peine les hommes en l’air, les
écrasant et les déchirant à coups de bec, et les laissant retomber en morceaux
sur le sol. En même temps, ils virent arriver un cavalier monté sur un cheval
blanc, pâle, qui tenait à la main une grosse lance de frêne, au fer tout
fraîchement ensanglanté. Il salua Uther et lui dit : « Seigneur, c’en
est fait : tes serviteurs et tes pages, des enfants des meilleures
familles du royaume, sont tués, et si cela continue ainsi, il sera désormais
bien difficile de défendre cette île contre les ennemis qui
l’attaqueraient. » Uther se tourna vers Uryen : « Seigneur,
dit-il, arrête tes corbeaux. » – « Joue ton jeu ! »
répondit Uryen. Ils terminèrent la partie et en commencèrent une autre.
    Vers la fin de la partie, tout à coup, ils entendirent un
grand tumulte, les cris de détresse des gens armés, les croassements et les
battements d’ailes des corbeaux et le bruit qu’ils faisaient en laissant
retomber sur le sol des armures entières ainsi que les hommes et les chevaux.
Aussitôt, ils virent accourir un cavalier monté sur un cheval pie noir, à la
tête haute, et donc le

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