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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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Elle essora le linge dans le baquet de bois, et humecta à nouveau le front et le cou du blessé dont elle s’occupait.
    — Toi, ordonna le moine au novice Benoît, remets du bois dans ce brasero ! Pousse-le près du blessé là-bas et fais-moi bouillir de l’eau ! Beaucoup d’eau.
    Laissant tomber son balai, le novice partit en courant pour exécuter les ordres de l’irascible infirmier.
    Grégoire se dirigea vers l’alcôve, s’arrêtant devant les lances croisées des guerriers. Il s’empourprait déjà, mais l’ordre d’Hakon résonna :
    — Laissez passer !
    — Non seulement il va falloir qu’ils laissent passer mais aussi qu’ils s’éloignent ! grommela Grégoire. Je ne vais pas travailler avec des javelots dans le dos. Ou vous vous débrouillerez tout seul !
    Hakon faillit répondre sèchement, mais Hugues l’apaisa d’un geste, posant sa main sur son avant-bras. Sur un signe de leur chef, les guerriers allèrent se poster à l’extérieur. L’infirmier semblait déjà avoir oublié l’incident.
    Il s’était assis à côté de Magnus, une main sur la gorge de celui-ci, les yeux mi-clos. Le sifflement de la respiration du blessé était de plus en plus irrégulier. Au bout d’un moment, le moine repoussa les couvertures et examina à nouveau la plaie. À plusieurs reprises, Hugues le vit hocher la tête avec l’air satisfait d’un homme qui se réjouit d’avoir à résoudre un problème inhabituel.
    Le carreau d’arbalète avait emporté une partie du flanc, laissant sur le corps ce qui ressemblait à une large morsure au pourtour déchiqueté et noirci.
    — Il y avait des morceaux de tissu dans la plaie ? demanda-t-il sans lever la tête.
    — Oui, répondit Hugues, et du cuir, c’est la première chose que j’ai nettoyée.
    — Soulevez-lui la tête et aidez-moi à lui desserrer les dents ! fit Grégoire en sortant une petite fiole de sa poche. Cela devrait lui redonner de la viridité. Sa sève s’en va, il faut qu’elle revienne.
    Les doigts d’Hakon se refermèrent sur son poignet, l’empêchant d’achever son geste.
    — Qu’est-ce que vous lui donnez ? demanda l’Orcadien.
    — Mais lâchez-moi ! s’écria le gros moine en essayant en vain de se libérer.
    Hakon ne bougeait pas, il attendait sa réponse et Hugues comprit très vite qu’il ne céderait pas avant de l’avoir.
    — Teucrium chamaedrys {6} marmonna Grégoire avec une mauvaise volonté évidente.
    L’Orcadien ne relâcha pas son étreinte. Bien qu’il ait compris à quel remède l’infirmier faisait allusion, Hugues saisit la fiole et en goûta le contenu avant d’expliquer :
    — C’est du chasse-fièvre, Hakon. Tout va bien.
    Les doigts du guerrier s’ouvrirent. Indigné, la face rouge de colère, le moine se redressa.
    — Soit vous me laissez tranquille, soit vous le soignez vous-même !
    Le guerrier fauve regarda son chef, l’infirmier, puis Hugues. Il savait qu’il devait faire confiance au gros homme mais avait du mal à s’y résoudre.
    — Je suis là, Hakon, remarqua Hugues. Je vais assister frère Grégoire.
    — Aidez-moi à le maintenir sur le côté, demanda Tinfirmier à l’Oriental. Et vous, fit-il en s’adressant à Hakon, donnez-moi quelque chose afin que je puisse le caler.
    Sa décision prise, l’Orcadien s’empressa, revenant avec des couvertures roulées et des oreillers emplis de foin. Une fois Magnus sur le côté, Grégoire regarda à nouveau la plaie, puis il y plongea un doigt, l’enfonçant lentement et le ressortant souillé de sang et d’humeur qu’il lécha.
    Hakon fronça les sourcils en le voyant faire. Autant il avait laissé Hugues s’occuper de son chef, autant les manières du gros moine lui déplaisaient. Frère Grégoire lui tendit les bandes de tissu qu’il avait apportées dans son panier :
    — Tenez, si vous voulez faire quelque chose d’utile pour lui, pissez là-dessus et rapportez-les-moi !
    Il n’y avait rien à répondre. Comme nombre de guerriers, Hakon connaissait les vertus désinfectantes de l’urine, il s’empara des bandes et sortit.
    — Ça ira, frère Grégoire, continuez, dit Hugues d’un ton apaisant. Il ne vous gênera plus, je vous en fais promesse.
    L’infirmier souleva le couvercle de l’un de ses pots de terre.
    — Aidez-moi, il faut remplir la plaie de cette pâte. Nous le banderons et nous laisserons agir jusqu’à l’office de sexte. Ensuite, nous verrons.
    — Ne pensez-vous pas

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