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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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résonna.
    — Je vous accompagne, déclara l’autre en faisant signe au moine de passer devant lui.
    Les deux hommes suivirent la sente et croisèrent en chemin une patrouille de marins et de guerriers. Sur la plage était installé un vrai chantier naval ; des exhalaisons suffocantes montaient des bassines où chauffait le brai, ce résidu de résine que les marins allaient appliquer à l’intérieur de la coque. Des voiliers recousaient avec aiguille et paumelle les toiles déchirées, des calfats jointoyaient avec de l’étoupe les bordées nouvelles.
    Harald et Knut, sa doloire sur le dos, inspectaient le mât du knörr qu’ils avaient fait amener jusqu’au rivage. Les deux Norvégiens discutaient avec animation en norrois des dernières réparations à effectuer quand Knut entendit l’appel du chien.
    — Voilà notre bois qui arrive ! fit-il en apercevant la silhouette du religieux qui venait vers eux.
    Tara, au lieu de se calmer à la vue de l’homme accompagné par le garde, s’était mis à gronder, le poil hérissé. Enfin, il se tut, déchiquetant la corde qui le maintenait.
    — Salut à vous ! fit le religieux.
    — Salut à vous, frère Henri, répondit Harald. Nous vous attendions.
    Le camérier regarda autour de lui avec intérêt, remarquant un ponton flottant attaché à l’un des navires.
    — Vous n’avez pas perdu de temps.
    — C’est que nous n’en avons pas à perdre, répliqua Knut. Pouvons-nous vous montrer les arbres que nous aimerions abattre ?
    — Vous êtes pressés, on dirait.
    — Ma foi, oui, s’il n’y avait la santé du jarl, une fois le moine déposé chez vous, nous serions repartis.
    Henri hocha la tête. Hakon et Corato venaient à leur rencontre.
    — Salut à vous, mon frère, fit l’Orcadien.
    — La bienvenue à notre camp, frère Henri, fit Corato. J’ai appris que l’un de vos moines était mort. Nous sommes tous affligés par ce terrible accident.
    — Il a rejoint notre Père, répondit Henri en se signant. Mais les nouvelles vont vite. Je suppose que c’est le Breton qui a découvert ce pauvre frère Paul qui est venu vous prévenir ?
    — Oui, c’est lui. Et croyez-moi, il ne s’attendait pas à ce genre de pêche.
    — Il nous a dit qu’il y avait un canot à la coque défoncée dans la même calanque, intervint Harald. Vous le saviez ?
    — Ma foi non. Mais le monastère a perdu le sien. Peut-être est-ce le même ? J’en parlerai aux frères qui ont ramené le corps.
    — Si vous le désirez, mes hommes vous le répareront.
    — Je n’osais vous le demander, mais oui. Nous n’avons pas de charpentier de votre qualité. Merci.
    — C’est à nous de vous remercier, reprit Corato. Pour votre accueil et pour l’aide que vous nous apportez.
    — À ce propos, j’ai une proposition à vous faire qui pourrait peut-être vous intéresser, répliqua le camérier qui essayait de maintenir sa robe que le vent soulevait.
    Il regarda vers les tentes.
    — Mais peut-être pourrions-nous en discuter à l’abri ? La vie au Castelas est bien assez rude et j’avoue préférer, si l’on m’en donne le choix, les palabres au coin du feu.
    — Mais bien sûr, répondit Corato avec courtoisie. N’est-ce pas, Hakon ? Pourquoi n’irions-nous pas sous la tente du jarl ? C’est la plus confortable et nous pourrions offrir à boire au frère.
    Hakon fronça les sourcils. Qu’un étranger puisse apercevoir les coffres contenant le trésor ne lui plaisait guère, mais aucune excuse valable ne lui venait à l’esprit pour se dérober, aussi accepta-t-il de mauvaise grâce, faisant signe aux autres de le suivre.
    À quelques pas de là, le grand chien avait enfin réussi à couper son attache. Il fila vers le groupe qui remontait vers le camp et s’élança sur le camérier qui partit à la renverse en hurlant, la bête agrippée à ses épaules. Ils avaient roulé au bas de la pente avant que les autres aient pu réagir. Séparés par la chute, ils se faisaient face maintenant, frère Henri armé d’un espar ramassé dans le sable ; l’animal, poil hérissé, babines retroussées, ses yeux jaune et vert luisants comme des flammes.
    — Tara ! Arrête ! hurla Corato.
    Tara se ramassait pour sauter quand Harald se jeta sur lui. Le Norvégien avait fait un nœud coulant à la corde qu’il portait à l’épaule et il l’avait jeté si vite autour du col de l’animal que celui-ci ne put que se débattre, impuissant contre

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