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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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tourné vers le jeune Normand.
    — Je dois prévenir notre frère au faro, déclara-t-il. Peut-être pourrions-nous aussi lancer un signal de détresse vers la côte ?
    — Avec cette tempête, il y a peu de chance que quiconque vienne pour nous secourir, rétorqua Tancrède.
    Cessant leurs travaux, les moines étaient accourus, la pluie dégoulinant sur leurs capuches de gros drap. Ils s’agitaient, murmuraient entre eux et c’était un singulier spectacle que ces solides religieux pépiant comme une volée d’étourneaux. L’hôtelier leva les mains, faisant cesser le tumulte.
    — Silence, mes frères. Des pirates ont débarqué sur notre île et nous allons devoir défendre notre monastère. Je veux du calme.
    — Par contre, poursuivit le jeune homme, je comprends que vous vouliez sauver votre religieux. Lequel de ceux-là allez-vous choisir pour le chercher ?
    Son regard avait parcouru les rangs des moines et des officiers, il n’y voyait que des hommes dominés par la peur.
    — Ne pensez pas, messire, que les moines ne sachent pas se défendre, répliqua Henri comme s’il avait suivi le cours de ses pensées. Nous vous prouverons le contraire.
    — J’en accepte l’augure, mon frère.
    — J’irai moi-même.
    — Pourquoi vous ?
    — Sans doute parce que, avant d’être moine, j’ai été un homme du siècle, messire. Contrairement à la plupart de ceux-là qui n’ont connu que la vie contemplative et la prière.
    Tancrède détailla le visage en lame de couteau du moine, son regard brûlant. Aucune peur chez lui, presque une impatience égale à la sienne d’aller au combat.
    — Vous êtes un drôle d’homme, mon frère. J’avoue vous avoir mésestimé. Je croyais...
    — Oh, je sais ! fit le religieux. En me voyant avec notre abbé, vous avez cru que seul le pouvoir m’intéressait. L’abbé, Dieu me pardonne de parler ainsi, est un faible et sa faiblesse a mis en danger notre communauté. J’ai été, comme en ce moment, obligé de prendre des décisions à sa place.
    — Je comprends.
    — Je partirai donc et si vous m’en croyez, je serai bientôt de retour avec notre frère.
    — Avant cela, dites-moi de quel armement vous disposez ici ?
    — C’est là où le bât blesse, messire. Nous n’avons guère que des outils : faux, fourches ou coutels. Peut-être un arc et une lance pour la chasse.
    — Ordonnez aux religieux d’amener tout cela dans la cour. Et qu’ils ramassent des pierres dont ils pourront bombarder les rangs de l’ennemi.
    — Bien.
    Le frère appela l’hôtelier et lui donna ses instructions. Quelques instants plus tard, les moines se dispersaient. Frère Henri désigna un religieux aux allures de colosse au milieu de la cour.
    — Permettez-moi de vous adjoindre frère Iñigo. Il parle peu, mais c’est une force de la nature. Il vous aidera en tout.
    Sur un geste du camérier, l’homme s’approcha à pas lents.
    — Voici messire Tancrède, lui expliqua frère Henri. Vous lui obéirez comme à moi-même.
    L’autre hocha la tête et resta planté à attendre les ordres.
    — Si vous m’autorisez à franchir la clôture, mon frère, je vais faire le tour du monastère avec les guerriers, demanda Tancrède.
    — En temps de guerre, il n’y a plus de clôture, rien que la maison de Dieu à défendre. Faites au mieux. Quant à moi, je vais chercher notre frère.
    — Que Dieu vous garde. Revenez vite.
    Tancrède attendit que le moine disparaisse par la poterne, puis fit signe à frère Iñigo de le suivre. Ils rejoignirent l’infirmerie gardée par les guerriers fauves et bientôt tous quatre s’éloignèrent pour inspecter les bâtiments et les murailles.
    Du côté est et nord, il n’y avait aucune attaque possible, tant les à-pics qui tombaient dans la mer étaient vertigineux. Le danger ne pouvait venir que du sud ou de l’ouest, où la seule défense était un fossé peu profond et un mur d’enceinte.
    Conscient que leurs vies à tous allaient dépendre de son jugement, le jeune homme examina les replis de terrain et les rochers de son regard aigu. L’éperon rocheux sur lequel était construit le Castelas était si étroit que les assaillants ne pourraient faire une attaque massive. Il fallait qu’il concentre ses hommes au-dessus de la poterne et sur le rempart sud. Mais quel armement allait-il leur fournir ? Jamais il n’avait eu la responsabilité d’une place forte et soudain l’angoisse l’envahit. Et s’il

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