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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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qu’ils font là-haut, répondit la jeune fille.
    — Ou ce qu’ils ne font pas, renchérit
Angela.
    — Oui, ça, c’est encore pire, dit Ilse.
    Et les deux femmes pouffèrent pendant que Ilse
préparait du thé pour Geli.
    Installée sur la
terrasse nord par une chaude journée de la fin du mois d’août, vêtue d’une robe
de lin blanc ceinturée et sans manches, Geli s’était enfin mise à la lecture d’un
western de Karl May pour tâcher de faire plaisir à son oncle, quand, portant la
main devant les yeux pour s’abriter du soleil trop ardent, elle vit une Daimler
verte se couler dans l’allée de graviers vers le garage en sous-sol. Heinrich
Hoffmann en sortit, arborant une chemise de tennis blanche, un pantalon de
flanelle blanche et des chaussures blanches.
    — Nous voilà ! s’écria-t-il en
direction de la terrasse.
    — Bienvenue !
    — Réveillez votre oncle !
    Il tira de la voiture une grande pile de
plaques photographiques sombres, un marteau et un porte-documents de cuir muni
d’une poignée, et Henrietta descendit, tout de blanc vêtue elle aussi, jupe de
tennis plissée, corsage à volants, et beau chandail de cachemire noué sur les
épaules.
    Deux bouteilles de Kupferberg Sekt sous le
bras, elle s’empressa de remonter l’allée vers la maison en criant :
    — C’est moi !
    — C’est bien ce qu’il me semblait ! répondit
Geli sur le même ton.
    Elle se retourna et vit son oncle sur le
balcon au-dessus d’elle, dans son costume de lainage marron et sa cravate
violette, la bouche mousseuse de dentifrice Chlorodont et une trace de sang sur
sa brosse à dents. Elle n’aurait pas su dire si c’était sur elle ou sur ses
invités que son regard s’était posé. Il rentra tranquillement dans sa chambre.
    Geli traversa le jardin d’hiver et la salle à
manger pour se rendre dans la cuisine où Angela aidait Henny à caser les
bouteilles de Champagne dans la glacière. La jeune fille qui, suivant la mode, avait
coupé ses cheveux châtains à la garçonne juste en dessous de l’oreille, avait
grandi de près de trois centimètres et était beaucoup plus développée que lors
de sa première rencontre avec Geli. Même Hitler le remarqua car, lorsqu’il
entra dans la pièce, il observa Henny qui rangeait les sandwiches au jambon qu’Angela
avait préparés à côté d’un paquet de steaks.
    — Ma parole, vous avez rudement grandi, Fräulein
Hoffmann !
    Elle se retourna dans un geste charmant qui
tendit le tissu de son corsage.
    — Je vous ai manqué, Herr Hitler ?
    — Mon rayon de soleil ! Chaque jour
sans toi est une nuit !
    Elle sourit et lui tendit sa main droite à
baiser.
    — Vous êtes resté trop longtemps absent
de Munich, lui dit-elle sur un ton de gronderie enfantine.
    — Peut-être, mais regarde tout ce que j’ai
ici !
    En quête de compliments, il écarta les mains
sur sa propriété dans laquelle il sembla inclure sa nièce, et une moue enlaidit
le joli minois d’Henny. Jalousie ou folle spéculation ? se demanda Geli. Mystère.
    Désireuse de dissiper cette gêne, elle lança :
    — Je ne suis là que depuis deux mois.
    — Nous avons vu votre mère ici en mai, rétorqua
Henny.
    — Ils savent donc absolument tout de toi,
dit Angela.
    Sur ce, Heinrich Hoffmann entra avec son
marteau, ses plaques et son porte-documents.
    — Nous nous installons où ?
    — Dans la salle à manger, répondit Hitler.
Vous voulez voir, jeunes filles ?
    Angela apporta une boîte à ordures en
fer-blanc tandis qu’Hoffmann étalait sur la table tout un tas de photos
destinées aux relations publiques : Hitler, vêtu de son fameux trench-coat,
haranguant la foule dans la neige, dînant au café Heck, serrant des mains d’enfants,
arpentant Thierschstraße en compagnie de Prinz, bavardant avec une vieille dame
en étole de renard, des jumelles de théâtre à la main, étudiant d’un air
soucieux un article du Münchener Zeitung.
    Hitler se courba sur les photos, prenant appui
sur ses mains.
    — Il y en a une de moi avec des lunettes,
dit-il sans lever les yeux.
    — Où ça ?
    Hitler tapa sur le cliché en question.
    — Là ! Je vous avais pourtant bien
dit !
    Hoffmann chercha dans les plaques, trouva le
négatif désobligeant et le fracassa avec son marteau au-dessus de la boîte à
ordures.
    — Et là, je suis tout bouffi, dit Hitler
en faisant tomber une photo d’une chiquenaude.
    Hoffmann prit le négatif et le détruisit, le
verre

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