Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
Vom Netzwerk:
passage bien précis.
    — En 1926, j’ai rendu visite à notre cher
et révéré Herr Hitler à la pension Moritz. Ce fut délicieux ! Trois
semaines entières en sa compagnie. Prenons par exemple le 24 juillet :
« Le Chef parle des questions raciales. C’est presque impossible de
rapporter ses paroles. Il fallait être présent. C’est un génie. Je suis
profondément bouleversé devant lui. Il est ainsi : comme un enfant – gentil,
bon, plein de compassion. Comme un chat – rusé, intelligent, et malin. Comme un
lion – rugissant, puissant et irrésistible. Un vrai type, un homme. Il parle de
la structure de l’État et de la révolution politique. Des choses que je pensais
en secret mais que je n’ai jamais dites. Je me sens envahi par quelque chose
qui ressemble au vrai bonheur ! Cette vie vaut la peine d’être vécue !
Il m’a quitté en me disant : “Ma tête ne tombera pas tant que ma sainte
mission ne sera pas accomplie.” Il est ainsi ! Oui, il est ainsi ! Je
reste longtemps éveillé dans mon lit. »
    Le Doktor Goebbels leva les yeux, en quête d’approbation,
mais Geli était occupée à remplir de Champagne sa coupe à glace.
    — Et ceci : « Dans la détresse
la plus noire une étoile est apparue ! Je me sens lié à lui jusqu’à mon
dernier souffle. Mes derniers doutes se sont évanouis. L’Allemagne vivra !
Heil Hitler ! »
    Excité par sa propre prose, il continua à
feuilleter son journal.
    — « Un jour viendra où tout ce qui est
autour de nous s’écroulera. Pas nous. Le moment viendra peut-être où la
populace vous entourera en bavant et en hurlant “Crucifiez-le !”. Mais
nous ne faiblirons pas. Nous serons des hommes de fer, et nous crierons “Hosanna !”.
Puis vous verrez autour de vous la phalange de la dernière garde qui ne
connaîtra pas le désespoir, pas même dans la mort, car cette garde d’hommes de
fer ne voudra pas vivre si l’Allemagne meurt. »
    C’est de son oncle qu’il parlait ainsi ? Geli
était déconcertée.
    — Vous ne l’idolâtrez pas un tout petit
peu, Herr Doktor Goebbels ?
    — Je ne désire pas avoir des amis, Fräulein
Raubal, dit-il en remettant son journal sur l’étagère avant de lui faire face, la
main gauche sur la hanche. Ce que je veux, c’est un Führer. Avec lui, j’ai des
liens inconditionnels. Sans lui, je ne peux pas vivre. Quand j’avais besoin qu’on
ait besoin de moi, il a eu besoin de moi. Quand je voulais être connu, il m’a
connu. Et si ce n’est pas de l’amour, c’est tout comme. Alors il peut bien m’humilier,
ou m’ignorer, ou me rabrouer, je l’aimerai toujours et n’en serai que plus
déterminé à faire de plus grands efforts pour lui plaire.
    Julius Schaub fit enfin remarquer sa présence
par de vigoureux applaudissements.
    Elle ne rencontra
Hermann Göring qu’en mai 1928, mais elle en avait beaucoup entendu parler, car,
après son oncle, c’était le nazi le plus célèbre d’Allemagne. Putzi Hanfstaengl
– qui, en tant que responsable de la presse étrangère, était obligé de savoir
ce genre de choses –, lui raconta que le père de Göring, premier gouverneur d’Afrique
de l’Ouest et ancien consul général à Haïti, était âgé de soixante-quatre ans à
la naissance d’Hermann en 1893 ; il avait donné à son fils le nom d’un ami,
un riche Juif autrichien ouvertement l’amant de la mère d’Hermann. L’enfant
avait été élevé par des tantes, et le premier souvenir qu’il avait de sa mère
remontait à ses trois ans, quand elle l’avait pris de force dans ses bras et qu’il
avait hurlé de frayeur sous ses baisers.
    — Même alors, continua Putzi, notre Göring
affirme que son seul désir était d’être soldat.
    D’abord affecté à un régiment d’infanterie en
sortant de l’École royale prussienne d’officiers, le lieutenant Hermann Göring
rejoignit ensuite l’aviation et se distingua pendant la guerre en pilotant avec
une bravoure fanatique des biplans Fokker contre les Sopwith-Camels
britanniques. Après sa vingtième victoire en tant que pilote de chasse, le
lieutenant reçut la plus haute distinction militaire allemande, la médaille Pour le Mérite, et devint un héros national. Commandant de l’escadrille de
Richthofen au moment de l’armistice, il échangea sa future pension contre le
grade plus élevé de Hauptmann (capitaine), mais se rendit compte que ce
statut d’officier était détestable aux yeux de certains,

Weitere Kostenlose Bücher