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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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Fouché garde dans une poche l’acte d’abdication, et dans l’autre Napoléon II et le duc d’Orléans pour tenir les Bourbons en lisière.
    Au moment où la Chambre s’apprête à proclamer le roi de Rome, le jongleur impérieux impose son tour de passe-passe et escamote l’oiseau blanc dans son foulard   : « L’avènement de Napoléon II va de soi, il serait contraire à la Constitution de le proclamer. »
    Dès l’ouverture de la séance, Béranger demande que les membres de la Commission soient collectivement responsables. C’est Defermon qui lui succède à la tribune.
    —  À qui devons-nous prêter serment sinon à Napoléon II ? Il ne faut pas qu’on puisse aller dire à la garde nationale et à l’armée que c’est parce que vous attendez Louis XVIII que vous ne délibérez pas.
    Et l’Assemblée, cohorte ingénue et versatile, girouette offerte aux vents changeants, se lève, agite les bras   : Vive Napoléon II, Vive Napoléon II...
    Boulay de la Meurthe qui sent le terrain propice escalade la tribune au milieu du tumulte et se tourne, insidieux et véhément, vers le clan des partisans de Fouché.
    —  Je vois que nous sommes entourés de beaucoup d’intrigants, de factieux, qui voudraient faire déclarer le trône vacant afin de réussir à y replacer les Bourbons. ... Je vais mettre le doigt dans une plaie. Il existe une faction d’Orléans. Je sais que cette faction n’est point royale. Au reste, il est douteux que le duc d’Orléans veuille accepter la couronne et s’il l’acceptait ce ne serait que pour la restituer à Louis XVIII. Je demande que l’Assemblée déclare Napoléon II Empereur des Français.
    Fouché a prévu la parade. Manuel repart à l’assaut.
    —  Vous restez tous maîtres – quelque attachés que vous soyez au couronnement de Napoléon II – de sacrifier votre vœu le plus cher au salut de l’État ... Il faut rallier les amis de la Patrie à une option fixe et déterminée.
    Cette « option fixe et déterminée   » reste bien sûr dans le vague. Mais les Bourbons ne sont pas loin.
    « La Chambre des représentants sur les diverses propositions faites dans sa séance et mentionnées dans son procès-verbal passe à l’ordre du jour motivé. Sur ce que Napoléon II est devenu Empereur des Français par le fait de l’abdication de Napoléon I er et par la force des Constitutions de l’Empire.
    Le présent Acte sera transmis à la Chambre des pairs par un message. »
    Sur la proposition de Thibaudeau, les pairs adoptent la résolution des représentants. À l’unanimité.
    La finalité de cette motion ne concerne pas Napoléon II, lequel ne figure là que pour la forme. Elle ne présente qu’une transition de principe. Elle est dans les «  moyens d’une administration qui ait toute la confiance du peuple ».
    Mais si forte est la candeur – ou la duplicité – des représentants qu’une centaine d’entre eux se lèvent pour applaudir Napoléon II à l’issue d’un texte qui portait en filigrane l’élimination du roi de Rome.
    Désormais la Commission de gouvernement va publier ses actes « au nom du peuple français » en opposant aux critiques que, Napoléon II n’ayant pas encore été reconnu souverain de la France par aucune Puissance, on ne pouvait traiter en son nom avec les étrangers et que la Commission avait cru de son devoir d’agir provisoirement au nom du peuple français, afin d’ôter aux ennemis tout prétexte de se refuser à admettre les négociations.
    Les armées alliées progressent lentement vers Paris, retardées au nord par la résistance très vive des garnisons, à l’est où les Autrichiens se heurtent à Rapp et à Abbé. Cette armée qui s’est reformée devant Paris leur inspire à la fois prudence et défiance. C’est Grouchy qui la commande, Grouchy qui depuis une semaine les a constamment rossés. Et si Napoléon revenait...
    Alors leurs émissaires, leurs espions, leurs complices dans la place se répandent dans Paris et propagent leur mot d’ordre   : Il n’y a qu’un seul obstacle à la paix, qu’il s’en aille et c’est la concorde entre les peuples...
    Le maréchal Soult, chef d’état-major, annonce dans son ordre du jour aux dix mille soldats rassemblés autour de Laon l’abdication de l’Empereur. Des groupes d’excités se forment sous les murs de la ville. Les capitaines, devenus orateurs de tréteaux, crient   : « On a trahi l’Empereur... ce sont les

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