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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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chauffer sur le feu, puis la verser dans
un baquet à linge. Pendant que les deux moines tournaient le dos, Madalgis
entra dans le baquet malgré sa réticence et se lava à grande eau.
    Après le bain, la
malade enfila une tunique neuve, obtenue par Jeanne auprès de Frère Conrad, le
cellérier. Son épaisse toile de lin, nettement moins irritante que la grosse
laine, serait bien assez chaude pour servir à Madalgis tout l’hiver.
    Lavée, vêtue de
frais et évoluant dans un logis débarrassé de sa vermine, Madalgis donna
sur-le-champ des signes d’amélioration. Ses lésions séchèrent. La cicatrisation
commença.
    — Tu avais
raison ! dit Frère Benjamin à Jeanne, émerveillé. Ce n’était pas la lèpre.
Rentrons, il faut absolument montrer ce prodige aux autres !
    — Attendons
quelques jours, répondit-elle, prudente.
    Elle ne voulait
pas que le moindre doute subsistât à leur retour.
     
     
    — Montre-moi
encore ! supplia Arn.
    Jeanne sourit.
Depuis plusieurs jours, elle tâchait d’enseigner au garçonnet la méthode
classique de Bède le Vénérable pour compter avec ses doigts. Son nouvel élève
ne manquait ni de curiosité, ni de talent.
    — D’abord,
prouve-moi que tu as bien retenu ce que tu sais déjà. Que représentent ces
doigts-ci ? interrogea-t-elle en montrant les trois derniers doigts de sa
main gauche.
    — Les unités !
répondit Arn sans hésiter. Et ceux-là sont les décimales, ajouta-t-il en
désignant le pouce et l’index correspondants.
    — Bien. Et
ceux de la main droite ?
    — Voici les
centaines, et là les milliers.
    — Parfait.
Choisis deux nombres.
    — Le douze,
parce que c’est mon âge. Et le second... trois cent soixante-cinq, le nombre de
jours de l’année !
    — Douze fois
trois cent soixante-cinq... articula Jeanne en comptant rapidement sur ses
doigts. Voilà qui nous fait quatre mille trois cent quatre-vingts.
    Ravi, Arn
applaudit.
    — À toi d’essayer,
déclara Jeanne en répétant l’opération plus lentement, afin qu’il ait le temps
d’imiter chacun de ses gestes.
    Ensuite, elle le
laissa faire seul.
    — Excellent !
lâcha-t-elle dès qu’il fut parvenu au résultat exact.
    Arn sourit, puis
redevint grave.
    — Jusqu’où
es-tu capable de compter ? interrogea-t-il. Saurais-tu multiplier des centaines
par des milliers ? Ou même des milliers par d’autres milliers ?
    Jeanne acquiesça.
    — Touche-toi
la poitrine à cet endroit. Ici, tu vois ? Là, tu as les dizaines de
milliers. Et si tu te touches la cuisse, comme ceci, tu obtiendras les
centaines de milliers. Par exemple, mille cent fois deux mille trois cents
donnent... deux millions cinq cent trente mille !
    Émerveillé, Arn
écarquilla les yeux. Ces nombres étaient si immenses qu’il avait peine à les
concevoir.
    — Encore !
    Jeanne s’esclaffa.
Elle aimait lui faire la leçon, car Arn buvait avidement aux sources du savoir,
ce qui lui rappelait sa propre enfance. Il serait honteux de laisser cette
étincelle d’intelligence étouffer dans les ténèbres de l’ignorance.
    — Si c’était
possible, dit-elle, accepterais-tu de venir étudier à l’école abbatiale ?
Tu pourrais y apprendre bien des choses : pas seulement à compter, mais
aussi à lire et à écrire.
    — À lire et
à écrire ? répéta Arn, incrédule.
    Ces
extraordinaires talents n’étaient-ils pas réservés aux prêtres et aux plus
grands seigneurs ?
    — Devrais-je me faire moine ?
    Jeanne songea
avec amusement qu’Arn arrivait à l’âge où les garçons sont généralement saisis
d’un très vif intérêt pour le beau sexe. De manière compréhensible, l’idée de
la chasteté lui semblait repoussante.
    — Non,
répondit-elle en riant. Tu pourrais être admis à l’école extérieure, qui est
réservée aux fils de laïcs. En revanche, il te faudrait quitter ta mère et
séjourner à l’abbaye. Et tu devrais également te montrer très studieux, car notre
maître d’études est d’une grande sévérité.
    — J’accepte !
s’écria Arn sans l’ombre d’une hésitation. Fais-moi entrer dans cette école, s’il
te plaît !
    — Très bien.
Nous repartons à Fulda demain. J’en parlerai au maître d’études dès notre
arrivée.
     
     
    — Enfin !
s’écria Frère Benjamin.
    Droit devant eux,
à l’endroit approximatif où la route pavée rencontrait l’horizon, se dressait
la muraille grise de Fulda, flanquée des tours jumelles de

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