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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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matin avec l’espoir
confus qu’un événement intéressant viendrait enfin se produire. Elle brûlait d’explorer
un monde plus vaste.
    Mais où aller ?
À Ingelheim ? Depuis que sa mère était morte, elle n’y avait plus aucune
attache. À Dorstadt ? Que pouvait-elle espérer y trouver ? Gerold ?
Pouvait-elle s’imaginer qu’il l’attendait encore après toutes ces années ?
Pure folie ! Il s’était remarié, plus que probablement, et verrait sans
doute sa réapparition d’un très mauvais œil. En outre, Jeanne avait depuis
longtemps choisi une autre vie  – une vie où l’amour d’un homme n’avait
pas sa place.
    Ingelheim, Gerold
et Fulda appartenaient au passé. Il lui fallait à présent regarder droit devant
elle  – vers l’avenir, quel qu’il fût.
     
     
    — Bona et
moi avons pris notre décision, lui annonça Arn un beau matin. Tu resteras parmi
nous. Nous avons grand besoin d’avoir ici une femme pour tenir compagnie à Bona
et l’aider à coudre et à cuisiner, d’autant plus qu’elle accouchera bientôt.
    Malgré un ton
légèrement condescendant, l’offre était sincère. Aussi Jeanne choisit-elle d’y
répondre avec douceur.
    — Je crains
que ce ne soit une mauvaise affaire pour vous, dit-elle. J’ai toujours très mal
manié l’aiguille. Quant à la cuisine, mieux vaut ne pas me laisser approcher de
votre chaudron.
    — Bona ne
demande pas mieux que de t’apprendre à...
    — En vérité,
coupa-t-elle, j’ai vécu si longtemps dans la peau d’un homme que je ne serai
jamais une femme convenable  – si tant est que je l’aie été un jour !
Non, Arn, la vie d’homme me convient mieux. J’apprécie trop ses avantages pour
être heureuse de m’en passer.
    Arn réfléchit un
instant.
    — Dans ce
cas, tu n’auras qu’à garder ton déguisement. Peu importe. Tu nous aideras au
potager, et... et tu donneras des leçons à ma petite. Elle est déjà sous ton
charme, comme moi autrefois !
    L’offre était
généreuse. Nulle part Jeanne n’aurait pu trouver plus grand confort, ni plus
grande sécurité qu’au sein de cette famille prospère. Mais leur univers
douillet était trop étroit pour satisfaire son esprit aventureux. Elle n’était
pas prête à échanger un carcan contre un autre.
    — Je te
remercie, Arn. Mais j’ai d’autres projets.
    — Quels
sont-ils ?
    — Je vais
prendre la route des pèlerins.
    — Vers Tours
et le tombeau de saint Martin ?
    — Non, dit
Jeanne. Vers Rome.
    — Rome !
s’écria Arn, abasourdi. As-tu perdu la raison ?
    — La guerre
est finie. D’autres que moi vont entreprendre ce pèlerinage.
    Arn secoua la
tête.
    — Messire
Riculf m’a expliqué que Lothaire n’a pas renoncé à sa couronne, malgré sa
défaite à Fontenoy. Il s’est replié au palais impérial d’Aix et cherche à
refaire les rangs de son armée. Il paraît qu’il fait même des avances aux
Saxons, en leur promettant de tolérer leur culte païen s’ils consentent à se
battre sous sa bannière !
    Jeanne pensa à sa
mère. Sans doute aurait-elle bien ri en apprenant qu’un roi chrétien suggérait
de restaurer le culte des anciens dieux. Elle s’imaginait déjà son commentaire :
le mièvre dieu-martyr des chrétiens pouvait s’avérer utile dans la vie de tous
les jours, mais pour gagner des batailles, mieux valait invoquer Thor et Odin.
    — Tu ne peux
partir à Rome pour le moment, reprit Arn. C’est beaucoup trop dangereux.
    Il n’avait pas
tort. La guerre des rois avait entraîné un complet effondrement de l’ordre
établi. Les routes étaient devenues le territoire quasi exclusif des brigands
et des bandits de toutes espèces.
    — Je n’aurai
pas grand-chose à craindre, insista Jeanne. Qui voudrait attaquer un simple
prêtre en pèlerinage, n’ayant rien d’autre qu’une robe sur le dos ?
    — Ces
diables-là te tueraient pour bien moins que cela. Je t’interdis de partir seule !
s’écria Arn avec une autorité qu’il n’aurait jamais osé déployer s’il avait cru
avoir affaire à un homme.
    — Je suis
mon propre maître, riposta-t-elle d’un ton sec. Je vais où je veux.
    Reconnaissant
immédiatement son erreur, le jeune homme fit marche arrière.
    — Attends
trois mois, suggéra-t-il, radouci. Un convoi de marchands d’épices passera dans
la région. Ils voyagent sous bonne escorte, car ils ne veulent point risquer de
perdre leur précieuse marchandise. Ils te donneront protection

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