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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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monde
entier.
    — Et les
oiseaux perchés sur ses branches ?
    Elle réfléchit un
instant.
    — Ce sont
les fidèles. Ils recherchent leur salut dans l’Église, tout comme les oiseaux
trouvent un refuge dans les branches de l’arbre.
    L’expression d’Asclepios
était indéchiffrable. Une fois de plus, il se caressa la barbe. Jeanne décida
de faire une ultime tentative.
    — Et
aussi... Le grain de moutarde pourrait représenter le Christ. Le Christ était
comme une graine quand il a été mis en terre, et comme un arbre quand il a
ressuscité pour monter aux cieux.
    Asclepios se
tourna vers le chanoine.
    — Vous avez
entendu ?
    L’intéressé fit
la grimace.
    — Ce n’est
qu’une fille. Je suis sûr qu’elle n’a pas...
    — La graine
en tant que foi, en tant qu’Église, en tant que Christ. Allegoria, moralis,
anagoge. La triple exégèse classique des Écritures. Exprimée de façon
sommaire, certes, mais son interprétation est aussi complète que celle de
Grégoire le Grand. Et tout cela sans la moindre éducation formelle !
Extraordinaire ! Cette enfant vient de démontrer une intelligence inouïe.
Je serai son tuteur.
    Jeanne était
éberluée. Rêvait-elle ? Devait-elle en croire ses oreilles ?
    — Pas à l’école
épiscopale, bien sûr, enchaîna Asclepios, car on ne me le permettrait pas. Je m’arrangerai
pour venir ici tous les quinze jours, et je lui fournirai des manuscrits pour
qu’elle puisse étudier dans l’intervalle.
    Le chanoine s’impatientait.
Ce n’était pas le dénouement qu’il avait imaginé.
    — Fort bien,
dit-il. Et mon garçon ?
    — Le garçon ?
Je crains qu’il n’ait guère d’avenir en tant qu’étudiant. En travaillant dur,
il pourrait à la rigueur faire un bon prêtre de campagne. La loi exige
seulement qu’ils sachent lire, écrire et administrer les sacrements. Mais n’en
demandons pas davantage. L’école cathédrale n’est pas pour lui.
    — Je n’en
crois pas mes oreilles ! Vous êtes disposé à édu- quer ma fille, mais pas
mon fils ?
    Asclepios haussa
les épaules.
    — L’une a du
talent, l’autre non. Toute autre considération est superflue.
    — Une femme
savante ! s’exclama le chanoine, indigné. Elle, étudier les textes sacrés
pendant que son frère est ignoré ? Je ne le permettrai pas ! Soit
vous les prenez tous les deux, soit vous n’en aurez aucun.
    Jeanne retint son
souffle. Elle récita une prière muette, puis s’interrompit. Dieu ne l’approuverait
peut-être pas. Elle glissa une main sous sa tunique et saisit le médaillon de
sainte Catherine. Elle comprendrait. Aidez-moi à obtenir ceci. Je
vous ferai une splendide offrande. Mais je vous en supplie, aidez- moi.
    — Je vous ai
déjà dit que ce garçon n’a aucune aptitude pour l’étude, s’impatienta
Asclepios. L’éduquer serait une perte de temps.
    — La cause
est donc entendue, lâcha le chanoine, rageur.
    Incrédule, Jeanne
regarda son père se lever.
    — Un
instant, fit Asclepios. Vous semblez déterminé.
    — Je le
suis.
    — Fort bien.
Cette fille montre tous les signes d’une prodigieuse intelligence. Avec une
instruction appropriée, elle pourrait accomplir de grandes choses. Je n’ai pas
le droit de laisser échapper une telle possibilité. Puisque vous insistez, je m’occuperai
des deux.
    Jeanne respira
bruyamment.
    — Merci !
s’écria-t-elle, tant pour sainte Catherine que pour Asclepios. Je travaillerai
dur pour mériter votre estime !
    Asclepios la
gratifia d’un regard brillant de sagacité. On dirait un feu intérieur, se dit Jeanne. Et ce feu allait illuminer son avenir...
    — Il le
faudra, dit-il, souriant imperceptiblement sous sa barbe blanche. Oh oui, ma
fille, il faudra que tu travailles.

4
    Rome
     
    L’intérieur du
palais du Latran, avec ses hautes voûtes de marbre, paraissait délicieusement
frais par rapport à la chaleur suffocante des rues de Rome. Quand les énormes
portes de bois de la résidence papale se furent refermées dans son dos,
Anastase cligna des yeux à plusieurs reprises dans la pénombre. D’instinct, sa
main se mit en quête de celle de son père. Presque aussitôt, l’enfant se
souvint, et la ramena le long de son corps.
    — Tiens-toi
droit, et ne reste pas accroché à la cape de ton père, lui avait dit sa mère ce
matin-là, en arrangeant d’un coup sec sa ceinture incrustée de pierreries. Tu
as douze ans, amplement l’âge de te comporter comme un homme.

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