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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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criant :
    — Au secours ! Au voleur !
Il y a un voleur sous le plancher. Attrapez-le !
    Otsū battit en retraite et
ressortit dans la tempête. Mais elle n’avait pas dit son dernier mot.
     
     
     
La pierre et l’arbre
     
    Au petit matin, le vent et la
pluie avaient balayé le printemps dont il ne restait plus trace. Le soleil
brûlait et rares étaient les villageois qui allaient et venaient sans la
protection d’un chapeau à larges bords.
    Osugi gravit la colline vers le
temple, et parvint à la porte de Takuan assoiffée et hors d’haleine. La sueur
perlait à son front et formait des filets qui coulaient le long de son nez.
Elle n’en tenait aucun compte, car elle débordait de curiosité quant au sort de
sa victime.
    — Takuan, cria-t-elle, Takezō
a-t-il survécu à l’orage ?
    Le moine parut sur sa véranda.
    — Ah ! c’est vous. Quel
déluge, hein ?
    — Oui.
    Elle eut un sourire tortueux.
    — ... C’était mortel.
    — Toutefois, vous ne pouvez
ignorer qu’il n’est pas très difficile de survivre à une ou deux nuits sous la
pluie, même la plus diluvienne. Le corps humain est très résistant. En réalité,
c’est le soleil qui est mortel.
    — Vous ne voulez pas dire qu’il
est encore vivant ? s’écria Osugi, sceptique, en tournant aussitôt sa face
ridée vers le vieux cryptomeria.
    Ses yeux perçants comme des
aiguilles louchaient au grand soleil. Elle leva la main pour les protéger, et aussitôt
se détendit un peu.
    — ... Il pend là-haut comme
un chiffon mouillé, dit-elle en reprenant espoir. Il est impossible qu’il lui
reste le moindre souffle de vie, impossible.
    — Je ne vois pas encore de
corbeaux lui picorer la face, fit Takuan en souriant. Je crois que cela veut
dire qu’il respire encore.
    — Merci du renseignement. Un
puits de science comme vous en sait sûrement plus que moi sur ces matières.
    Elle tendit le cou pour jeter un
coup d’œil autour de lui, à l’intérieur du bâtiment.
    — ... Je ne vois ma bru nulle
part. Voudriez-vous me l’appeler, je vous prie ?
    — Votre bru ? Je ne
crois pas l’avoir jamais rencontrée. En tout cas, j’ignore son nom. Comment
pourrais-je l’appeler ?
    — Appelez-la, vous dis-je !
répéta Osugi avec impatience.
    — De qui diable parlez-vous ?
    — Mais d’Otsū,
naturellement !
    — D’Otsū ! Et
pourquoi dites-vous qu’elle est votre bru ? Elle ne fait point partie de la
famille Hon’iden ?
    — Non, pas encore, mais je me
propose de l’y introduire très bientôt en qualité d’épouse de Matahachi.
    — Difficile à concevoir.
Comment peut-elle épouser un absent ?
    L’indignation d’Osugi s’accrut.
    — Dites donc, espèce de
vagabond ! Ce ne sont pas vos affaires ! Contentez-vous de me dire où
se trouve Otsū !
    — Je suppose qu’elle est
encore couchée.
    — Ah ! oui, j’aurais dû
m’en douter, marmonna la vieille, à moitié pour elle-même. Oui, je lui ai dit
de surveiller Takezō la nuit, aussi doit-elle tomber de fatigue au petit
jour. Soit dit en passant, reprit-elle d’un air accusateur, n’êtes-vous pas
censé le surveiller durant la journée ?
    Sans attendre de réponse, elle fit
demi-tour et se rendit sous l’arbre. Là, elle regarda longtemps en l’air, comme
en transe. Enfin, elle partit clopin-clopant vers le village, sa badine de mûrier
à la main.
    Takuan regagna sa chambre où il
resta jusqu’au soir.
    La chambre d’Otsū n’était pas
loin de la sienne, dans le même bâtiment. La porte de la jeune fille resta
aussi fermée tout le jour, sauf quand l’ouvrait l’acolyte qui lui apporta
plusieurs fois des médicaments ou un pot en terre plein d’épais gruau de riz.
Quand on l’avait trouvée à moitié morte, sous la pluie, la nuit précédente, il
avait fallu la traîner à l’intérieur, criant et se débattant, et lui faire
avaler de force un peu de thé. Le prêtre l’avait alors sévèrement grondée
tandis qu’elle se tenait assise, muette, adossée au mur. Au matin, elle avait
une forte fièvre et pouvait à peine lever la tête pour absorber le gruau.
    La nuit tomba, et, en violent
contraste avec le soir précédent, la lune brilla comme un trou nettement
découpé dans le ciel. Quand tous les autres furent plongés dans un profond
sommeil, Takuan posa le livre qu’il lisait, chaussa ses socques et sortit dans
la cour.
    — Takezō !
appela-t-il.
    Là-haut, une branche remua, et d’étincelantes
gouttes

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