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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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chapeau de
paille qu’il venait d’acheter. Mais attends une minute.
    — Pourquoi ?
    — Je veux remplir d’eau
potable ce tube de bambou.
    Ayant contourné la bâtisse, il
plongea son tube dans un clair ruisseau d’eau vive, jusqu’à ce que les bulles
cessent de monter à la surface. En regagnant la route qui passait devant, il
jeta un coup d’œil, par une fenêtre latérale, à l’intérieur sombre de la maison
de thé. Soudain, il s’arrêta, surpris d’apercevoir une silhouette couchée par
terre, couverte d’une natte de paille. Une odeur de pharmacie imprégnait l’atmosphère.
Gonroku ne pouvait distinguer le visage, mais de longs cheveux noirs, épars sur
l’oreiller.
    — Oncle Gon, dépêche-toi !
criait Osugi avec impatience.
    — J’arrive.
    — Qu’est-ce que tu attends ?
    — On dirait qu’il y a quelqu’un
de malade à l’intérieur, dit-il en la suivant d’un air de chien battu.
    — Qu’est-ce que ça a de si
extraordinaire ? Un rien te détourne de ton chemin ; on dirait un
enfant.
    — Pardon, pardon, fit-il en
hâte.
    Il était comme tout le monde
intimidé par Osugi, mais savait mieux que la plupart comment la manier.
    Ils se mirent à descendre la
colline assez abrupte, vers la route de Harima. Comme des chevaux de somme,
venus des mines d’argent, l’empruntaient quotidiennement, elle était criblée de
trous.
    — ... Attention de ne pas
tomber, grand-mère, dit Gon.
    — Comment oses-tu me traiter
d’un ton aussi protecteur ? Je suis capable de marcher les yeux fermés sur
cette route. Fais attention toi-même, espèce de vieil imbécile.
    A cet instant, une voix les héla
dans leur dos :
    — Vous êtes joliment rapides,
tous les deux, hein ?
    Se retournant, ils virent le
propriétaire de la maison de thé, à cheval.
    — Mais oui ; nous venons
de nous reposer chez vous, merci. Et où donc allez-vous comme ça ?
    — A Tatsuno.
    — A pareille heure ?
    — Il n’y a de médecin que là.
Même à cheval, ça me prendra au moins jusqu’à minuit.
    — C’est votre femme qui est
malade ?
    — Oh ! non, répondit-il
en fronçant le sourcil. Si c’était ma femme ou l’un des enfants, ça me serait
égal. Mais c’est se donner beaucoup de mal pour une inconnue, quelqu’un qui n’a
fait qu’entrer pour se reposer.
    — Oh ! dit l’oncle Gon,
c’est la jeune fille qui se trouve dans votre arrière-salle ? J’ai jeté un
coup d’œil par hasard, et je l’ai vue.
    Ce fut au tour du sourcil d’Osugi
de se froncer.
    — Oui, répondit le
commerçant. Pendant qu’elle se reposait, elle s’est mise à frissonner, aussi je
lui ai proposé de s’étendre dans la salle du fond. Il fallait faire quelque
chose. Eh bien, elle ne s’est pas remise. En réalité, elle a l’air en bien plus
mauvais état. Elle grelotte de fièvre.
    Osugi s’arrêta net.
    — N’est-ce pas une fille d’environ
seize ans, très mince ?
    — Oui, environ seize ans, il
me semble. Dit qu’elle vient de Miyamoto.
    Osugi, en clignant de l’œil à
Gonroku, se mit à farfouiller dans son obi. Elle prit un air désespéré pour s’exclamer :
    — Oh ! je l’ai laissé à
la maison de thé !
    — Quoi donc ?
    — Mon chapelet. Maintenant,
cela me revient : je l’ai posé sur un tabouret.
    — Oh ! quel ennui !
dit le commerçant en faisant faire demi-tour à son cheval. Je retourne le
chercher.
    — Mais non ! Il faut que
vous alliez chercher le médecin. Cette jeune malade a plus d’importance que mon
chapelet. Nous retournons le reprendre nous-mêmes.
    L’oncle Gon était déjà en train de
remonter à grands pas la colline. Sitôt qu’Osugi se fut débarrassée de l’obligeant
propriétaire de la maison de thé, elle se dépêcha de le rattraper. Bientôt,
tous deux suèrent et soufflèrent. Ni l’un ni l’autre ne parlait.
    Ce ne pouvait être qu’Otsū !
     
    Otsū ne s’était jamais
vraiment débarrassée de la fièvre qu’elle avait prise la nuit où ils l’avaient
arrachée à la tempête pour la traîner dans la maison. Elle avait en quelque
sorte oublié sa maladie au cours des quelques heures passées avec Takezō,
mais après qu’il l’eut quittée elle fit seulement quelques pas avant de
commencer à céder à la douleur et à la fatigue. Le temps d’arriver à la maison
de thé, elle se trouvait dans un état lamentable.
    Elle ignorait depuis combien de
temps elle était couchée dans l’arrière-salle, à

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