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La Poussière Des Corons

La Poussière Des Corons

Titel: La Poussière Des Corons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Paul Armand
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interpréter ce que
j’avais appris ? Il était rassurant de savoir qu’un grand amour me
soutiendrait tout au long de ma vie, et je souhaitais que cet amour fût celui d’Henri.
    Devant un marchand de glaces, il nous proposa :
    — Que diriez-vous d’une glace ?
    — Oh oui, dit Juliette, quelle bonne idée !
    Il acheta les glaces, et me tendit la mienne en disant :
    — Voici pour toi, Madeleine, ma douce chérie.
    Mon cœur fit un bond. Je levai les yeux vers Henri, et son
regard intensifia le trouble que je ressentais.
    Nous sommes restés un long moment ainsi, les yeux dans les
yeux, et le temps pour un instant sembla s’arrêter.
    Nous avons repris notre promenade.
    Devant le stand du labyrinthe, Juliette s’arrêta :
    — On y va ? proposa-t-elle. Qu’en
pensez-vous ? C’est amusant !
    — D’accord, dit Henri. Tu veux bien, Madeleine ?
    Je hochai la tête, avec un sourire. Moi, je voulais bien
tout ce qu’il voulait.
    Nous sommes entrés, tous les trois.
    — Restons ensemble, dit Juliette, sinon nous
allons nous perdre.
    — Mais non, au contraire, dit Henri. C’est bien
plus amusant si on se sépare.
    Il partit à gauche, alors que nous allions à droite. Juliette
et moi, nous avons marché, tourné, tant et tant de fois que nous ne savions
plus où nous en étions. Nous riions comme deux folles.
    — Hou hou ! Henri ! cria Juliette.
    Sa voix nous parvint, vers la gauche :
    — Oui, je suis là !
    — Viens, me dit Juliette, c’est par là.
    — Mais non, sa voix venait de la gauche. C’est ce
chemin-ci.
    — Prends celui-là si tu veux. Moi, je pars par là.
    Elle prit le chemin qui était devant nous. Je pris celui de
gauche. Il se termina bientôt, et je dus revenir sur mes pas. Je tournai de
nouveau à gauche, encore et encore, à tel point que je fus bientôt complètement
perdue. J’entendis la voix de Juliette, bien plus loin :
    — Hou hou ! Madeleine ! Où es-tu ?
    — Je suis perdue ! Criai-je, continuant à
avancer au hasard.
    Au détour d’un chemin, je heurtai Henri, et faillis tomber. Il
me retint :
    — Enfin, j’en retrouve une ! Ne nous
quittons plus, maintenant. Viens, cherchons Juliette.
    Il me prit la main, ne la lâcha plus. Je le suivis, et le
simple fait de sentir ma main emprisonnée dans la sienne m’était une joie. Je
me laissai guider par lui. Nous tournions, revenions sur nos pas, repartions, et
nous riions. Nous croisions des gens qui, eux aussi, étaient perdus, s’interpellaient
joyeusement d’un bout à l’autre du labyrinthe.
    Un moment, nous nous sommes retrouvés seuls tous les deux au
bout d’une impasse. Henri s’est arrêté :
    — Ouf ! Reposons-nous un instant ! Je n’en
peux plus, de tourner ainsi sans arrêt !
    Il me regarda, sourit, et ses yeux se firent tendres :
    — Madeleine, murmura-t-il…
    Il leva la main, me caressa la joue, d’une caresse douce, légère,
qu’il prolongea le long du cou. Je frissonnai, ma respiration se fit haletante.
Je me sentais, sous son regard, hypnotisée, incapable de bouger, de réagir.
    Il me prit aux épaules, m’attira à lui, doucement :
    — Madeleine… Madeleine, ma chérie…
    Le bonheur m’oppressait, atteignait une intensité qui le
rendait presque insoutenable. Un vertige me saisit, et je fermai les yeux. Je
sentis ses lèvres se poser sur mon front, sur mes paupières, descendre jusqu’à
ma bouche. Son baiser m’emporta dans un tourbillon, me fit perdre tout contact
avec le monde extérieur. J’étais bouleversée. Lorsqu’il me lâcha, je cachai mon
visage en feu contre son épaule et m’accrochai à lui, prise d’un étourdissement.
Il me serra contre lui, avec tendresse. Sa voix, à mon oreille, murmura :
    — Madeleine… Je t’aime, ma douce Madeleine…
    Je sentais mon cœur battre jusque dans ma gorge, et les
larmes me vinrent aux yeux.
    Il me releva le menton, me regarda avec inquiétude :
    — Madeleine ? Tu pleures ?…
    Je secouai la tête, en souriant :
    — Non… c’est que… Oh, Henri, si tu savais…
    J’étais incapable d’en dire davantage. Il se pencha, embrassa
avec douceur les larmes que je sentais trembler au bord de mes cils. Je fermai
les yeux sous ses baisers, heureuse à en mourir.
    La voix de Juliette, toute proche, nous fit sursauter :
    — Hou hou ! Où êtes-vous ?
    Henri releva la tête, me sourit :
    — Viens, Madeleine, allons la rejoindre.
    Il cria :
    — Nous sommes ici !
    Me prenant

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