La Prophétie des papes
avaient échappé à la destruction.
Lorsque la nouvelle de lâincendie de la basilique Aemilia se répandit, le prêtre Cornelius fut convoqué, parce que plusieurs membres de sa congrégation avaient des échoppes dans ce bâtiment et les chrétiens étaient tenus dâaider leur prochain. Lâapôtre Pierre était aux côtés de Cornelius lorsque le messager arriva et ils accoururent tous deux sur les lieux avec un groupe de chrétiens.
Vibius nâavait pas beaucoup apprécié lâordre quâil avait reçu de mettre le feu à lâédifice en plein jour, mais il déplaisait à Balbilus de désobéir à lâempereur. Lorsque Vibius sortit par une fenêtre à lâarrière juste avant que les flammes viennent lécher la ruelle, un commerçant le vit et le prit en chasse, mais il le perdit dans le labyrinthe des petites rues adjacentes.
Lorsque Cornelius, Pierre et leurs compagnons arrivèrent, le bâtiment était la proie des flammes et il nây avait pas grand-chose quâils puissent faire si ce nâétait venir grossir les rangs de la foule et réconforter les commerçants affolés.
Pierre passa son bras autour des épaules dâun marchand de vin en pleurs et chuchota que le Christ prendrait soin de lui et de sa famille. Le marchand se raidit soudain et pointa un index.
« Câest lui qui a allumé le feu, je lâai vu. »
Vibius était revenu sur ses pas pour contempler son Åuvre au sixième rang dans la foule. Lorsquâil vit le marchand le désigner du doigt, il sâempressa de reculer.
Dans sa jeunesse à Bethesda, Pierre avait été pêcheur. Son frère André et lui sâétaient souvent attiré de graves ennuis pour protéger leur espace de pêche. Jésus avait prêché la non-violence, mais Pierre nâavait jamais accepté de se soumettre à lâinjustice.
« Poursuivons-le ! » cria-t-il, et le groupe de chrétiens se mit en branle comme un seul homme.
Les plus jeunes réussissaient à ne pas perdre Vibius, mais les plus âgés se firent distancer et luttaient pour rester dans le groupe. Pierre et Cornelius fermaient la marche, avançant au petit trot vers le sud du mieux quâils pouvaient par les ruelles envahies par la fumée.
Lorsque Pierre et Cornelius parvinrent à la porte Appia, Pierre fut obligé de sâarrêter pour se reposer.
« Nous les avons perdus de vue, dit Pierre dâun air contrit. Je suis navré dâêtre un tel fardeau.
â Je serais heureux si à ton âge je pouvais courir ne serait-ce que deux fois moins vite que toi », dit Cornelius.
Bientôt, lâun des hommes de leur groupe revint vers eux en courant.
« Nous lâavons trouvé, dit lâhomme, haletant. Il est à côté, dans une villa. »
Â
La villa de Balbilus était devenue un refuge.
Presque une centaine de lémures dont les maisons étaient menacées ou brûlées étaient rassemblés dans les pièces de réception. La plupart dâentre eux étaient aisés, les femmes et les enfants étaient gâtés et lâabsence du confort auquel ils étaient habitués avait créé une concurrence féroce pour les produits de base. Balbilus avait personnellement de bonnes réserves de grain et de vin, mais il lui faudrait demander à Néron dâenvoyer des provisions supplémentaires dans peu de temps.
Il était dans sa chambre à coucher au dernier étage, marmonnant des paroles amères en entendant le grabuge qui sâétait déclaré en dessous, lorsque son serviteur Antonius frappa doucement à sa porte.
« Quây a-t-il ? demanda Balbilus dâun ton irrité. De quoi se plaignent mes visiteurs, cette fois ? Ne sont-ils pas reconnaissants dâavoir un toit sur la tête ?
â La foule sâest rassemblée, dit Antonius, haletant. Elle a passé les grilles.
â Quelle foule ? »
Le serviteur désigna la fenêtre.
Balbilus enfila ses sandales et alla sur le balcon. Un groupe de personnes se trouvait dans son jardin, tenant des torches, et lorsquâils virent le grand patricien au teint olivâtre les regarder depuis son balcon, ils se mirent à crier.
« Mais que voulez-vous donc ? »
Weitere Kostenlose Bücher