La Prophétie des papes
sâécria Balbilus.
Quelquâun répondit :
« Nous voulons lâhomme qui a mis le feu à la basilique Aemilia ! Nous savons quâil est là .
â Je vous assure, il nây a personne ici qui ait allumé un feu ! » hurla Balbilus.
Un autre homme cria :
« Donnez-nous cet homme ou alors nous brûlerons ce palais.
â Je suis lâastrologue de lâempereur ! Partez dâici tout de suite ou vous aurez à en répondre devant les prétoriens. »
Balbilus se retourna, prêt à rentrer.
« Disparaissez, racaille ! cria Antonius avant de refermer la fenêtre.
â Qui sont-ils ? lui demanda Balbilus.
â Je ne sais pas, maître.
â Tâchez de le savoir. »
Balbilus descendit lâescalier quatre à quatre et trouva Vibius en train de boire du vin dans la cour envahie de monde.
« Tu as été suivi, gronda Balbilus.
â Câest ce que je crois comprendre, répondit-il sans émotion. Je tâavais dit que nous aurions dû attendre le coucher du soleil.
â Peut-être as-tu raison. Et maintenant, que faisons-nous ? »
Vibius finit son verre, le jeta dans le bassin et dégaina son épée.
« En quoi cela te sera-t-il utile face à une foule en furie ? demanda Balbilus.
â Pendant quâils me pourchassent, emmène tout le monde au columbarium. Câest notre seul espoir. Il se peut quâils incendient la villa, mais ils partiront dès que la faim les tenaillera. Transmets la nouvelle à Néron. Va à Antium. Tu trouveras bien quelque chose. Je vais en tuer autant que possible. »
Les cris venant du jardin redoublèrent et une torche entra par une des fenêtres des pièces de réception. Un jeune lémure la ramassa promptement et la jeta dans le bassin.
à lâextérieur, Pierre et Cornelius sâétaient rapprochés.
« Cessez cette violence ! cria Pierre à lâintention du lanceur de torche. Sais-tu sâil y a des innocents à lâintérieur ? »
Vibius brandit son épée. Il sortit par une porte latérale en poussant des rugissements féroces contre les gens assemblés et sâenfuit en direction de la via Appia. Les plus jeunes chrétiens se lancèrent à ses trousses comme des chiens sur un lièvre.
Un jeune costaud rattrapa Vibius et le projeta à terre. Les deux hommes luttèrent frénétiquement sur le sol pendant quelques secondes. Au premier contact, Vibius avait lâché son épée, mais il parvint à mettre ses mains autour du cou du jeune homme et il enfonça ses deux pouces dans sa trachée. Manquant dâair, le jeune homme repoussa Vibius dâun coup de pied dans la poitrine. Lorsquâils se séparèrent, la chaîne que lâhomme portait autour du cou se brisa dans la main de Vibius.
Vibius la jeta et saisit son épée. Se redressant en appui sur un genou, il éventra son adversaire dâun mouvement habile. Les entrailles du jeune homme jaillirent. Vibius se releva et repartit vers la via Appia, les autres sur ses talons.
« Vite ! cria Balbilus aux lémures. Au columbarium ! Suivez-moi ! »
Ils sortirent de la villa par le verger et sâintroduisirent dans le mausolée rectangulaire avec sa voûte en berceau. Antonius tint la trappe ouverte jusquâà ce que son maître et tous ses invités soient descendus le long de lâétroit escalier. Ensuite, il poussa un petit autel sur la trappe pour la cacher et courut vers le verger, trébuchant sur lâhomme aux boyaux à lâair. Il vit quelque chose sur le sol qui le fit sâarrêter : un médaillon en argent accroché à une chaîne en argent cassée. Il le ramassa, poussa un juron et retourna en courant au columbarium.
Constatant que la voie était libre, Antonius déplaça lâautel et tapa sur la trappe.
« Maître ! Câest Antonius ! Je sais qui sont ces hommes ! Ouvrez-moi vite ! »
Balbilus sâexécuta et leva les yeux vers lâouverture. Antonius laissa tomber le médaillon dans sa main, referma la trappe et, une fois de plus, la cacha sous lâautel. Arrivé dans le verger, il sâarrêta sous un arbre, sâassit et, sans une seconde dâhésitation, se trancha la gorge.
à la
Weitere Kostenlose Bücher